Question au Gouvernement n° 1235 :
remaniement gouvernemental

15e Législature

Question de : M. Jean-Pierre Vigier
Haute-Loire (2e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 11 octobre 2018


REMANIEMENT GOUVERNEMENTAL

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Vigier, pour le groupe Les Républicains.

M. Jean-Pierre Vigier. Monsieur le Premier ministre, la mascarade continue ! Vous êtes sur des sables mouvants : plus vous vous agitez, plus vous vous enfoncez. (« Eh oui ! » sur plusieurs bancs du groupe LR. – Exclamations sur de nombreux bancs des groupes LaREM et MODEM.) Nous apprenons finalement que vous refusez de prononcer un discours de politique générale, craignant visiblement l'issue du vote.

M. Pierre Cordier. C'est parce qu'il n'a rien à dire !

M. Thibault Bazin. Il n'y a plus personne aux commandes !

M. Jean-Pierre Vigier. Après cinq jours de tergiversations, le Président de la République vous a sommé de ne pas démissionner. Monsieur le Premier ministre, tout ça pour ça ! Mais toute cette invraisemblable cacophonie aura permis, au fond, de mettre en lumière l'affaiblissement de l'exécutif et votre incapacité à former une équipe gouvernementale digne de ce nom. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR. – Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

Depuis dix jours, de refus en refus, vous êtes incapable de trouver un ministre de l'intérieur, alors que la sécurité est plus que jamais la préoccupation première des Français. Quand on pense qu'il y a quelques jours encore, le Président de la République nous présentait le départ de M. Collomb comme une simple péripétie !

Vos ministres, au lieu d'être au travail, passent leur temps à guetter la sonnerie de leur téléphone et à regarder les chaînes d'info ! (Rires et exclamations sur de nombreux bancs des groupes LaREM et MODEM. – « Il n'y a rien de drôle ! » sur plusieurs bancs du groupe LR.) Pendant ce temps, les retraités sont écrasés par les augmentations de CSG,…

Plusieurs députés des groupes LaREM et MODEM . Quel est le rapport ?

M. Jean-Pierre Vigier. …les classes moyennes sont matraquées par les augmentations d'impôts…

M. Fabien Di Filippo. Rendez l'argent !

M. Jean-Pierre Vigier. …et la délinquance continue d'augmenter.

Alors, monsieur le Premier ministre, quand allez-vous mettre fin à ce psychodrame ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Éric Straumann . Ils ne se lèvent pas, aujourd'hui !

M. Christian Hutin. C'est clairsemé ! Ils étaient bien plus nombreux hier !

M. Christian Jacob. Où est passée la majorité ?

Plusieurs députés du groupe LaREM . Elle est là !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Monsieur Vigier, je sais l'importance de la place… (Vives exclamations sur les bancs du groupe LR.)

M. Christian Jacob. Où sont les députés du groupe La République en Marche ?

M. le président. Monsieur Jacob, seul M. le Premier ministre a la parole : veuillez l'écouter ! Monsieur Fasquelle, asseyez-vous !

M. Fabien Di Filippo. C'est plutôt la République en panne !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Je vous disais donc, monsieur Vigier, que je sais l'importance de la place qu'occupent dans notre démocratie la presse et les commentateurs : ils sont libres de leurs propos, et nous avons besoin d'eux, car ils sont des garants de la démocratie.

M. Christian Jacob. C'est bien le moins ! Merci monseigneur, vous êtes trop bon !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Il se trouve que j'ai pour habitude – c'est une ancienne habitude – de ne jamais commenter les rumeurs. Certaines m'amusent, d'autres me consternent, et il n'est pas impossible que certaines parfois m'affligent.

M. Christian Jacob. Certaines sont vraies !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Mais en aucune façon, monsieur Vigier, je ne les commente, pour une raison très simple : je pense que cela n'apporte strictement rien à l'action publique ni même au débat public. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur de nombreux bancs du groupe LR.)

M. Pierre Cordier. C'est pourtant précisément ce que vous êtes en train de faire : les commenter…

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Je vous ai rappelé hier ce que vous savez d'ailleurs parfaitement : les attributions du Premier ministre et celles du Président de la République, qui procédera, le moment venu, aux nominations.

M. Éric Straumann. Oui, mais quand ?

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Vous semblez vous inquiéter – et je ne perçois pas une once de mauvaise foi dans vos propos, bien entendu (Sourires sur les bancs des groupes LaREM et MODEM) – de ce que le Gouvernement ne se consacrerait pas totalement à son action.

M. Pierre Cordier. C'est notre travail !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Pour vous répondre, je veux vous dire qu'hier – cela a pu vous échapper car vous trouvez peut-être cela anecdotique –, le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, a obtenu à Luxembourg, grâce à l'influence de la France, un accord tout à fait remarquable,…

Un député du groupe LR . Ce n'est pas lui qui a obtenu cet accord ! Il vient d'arriver !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. …sur un sujet dont nous sommes tous convaincus qu'il est essentiel : la transition écologique et la lutte contre les gaz à effet de serre. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

Je veux vous dire aussi, monsieur le député, que ce matin, Jean-Paul Delevoye – vous le connaissez –, que j'ai nommé haut-commissaire à la réforme des retraites,…

M. Éric Straumann. Après avoir été président de la commission d'investiture du parti En Marche ! Ça aide !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …a rendu publiques les conclusions de la première phase des discussions que nous avons engagées sur cette réforme. Vous avez choisi de ne pas en parler ; c'est dommage car je pense que cette question intéresse les Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur plusieurs bancs du groupe MODEM. – Vives exclamations sur les bancs du groupe LR.)

Plusieurs députés du groupe LR . Ce n'est pas la question !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Vous auriez pu indiquer, monsieur le député – mais vous ne m'écoutez guère –, que dans l'ensemble des domaines, le Gouvernement ici présent…

M. Fabien Di Filippo. A échoué !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …agit et avance sur le chemin tracé par le Président de la République. (Exclamations persistantes sur les bancs du groupe LR.)

M. Fabien Di Filippo. Qui nous mène dans le mur !

M. le président. Je vous en prie, chers collègues ! Arrêtez de crier !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Pour conclure, monsieur le député, je voudrais vous dire, avec le plus grand calme et la plus grande sérénité, que ni vous, ni aucun commentateur, ni personne ne mettra jamais le début du commencement de la moitié d'une feuille de papier à cigarette entre le Président de la République et le Premier ministre ! (Mmes et MM. les députés des groupes LaREM et MODEM se lèvent et applaudissent. – Exclamations sur les bancs du groupe LR et sur plusieurs bancs des groupes SOC, FI et GDR.)

Mme Constance Le Grip. C'est ce que l'on verra !

Données clés

Auteur : M. Jean-Pierre Vigier

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Gouvernement

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 11 octobre 2018

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