Question au Gouvernement n° 1251 :
remaniement ministériel

15e Législature

Question de : Mme Virginie Duby-Muller
Haute-Savoie (4e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 17 octobre 2018


REMANIEMENT MINISTÉRIEL

M. le président. La parole est à Mme Virginie Duby-Muller, pour le groupe Les Républicains.

Mme Virginie Duby-Muller. Au nom du groupe Les Républicains, je souhaite tout d'abord adresser nos plus sincères condoléances aux proches des victimes des inondations dans l'Aude et rendre hommage à l'action des forces de l'ordre et des secours mobilisés sur place. (Applaudissements sur les bancs des groupes LR, LaREM, MODEM, UDI-Agir ainsi que parmi les députés non inscrits.) Avec cette catastrophe naturelle, le temps politique s'est suspendu hier – et c'est bien normal.

Monsieur le Premier ministre, j'en viens maintenant à un autre sujet d'actualité : le remaniement. Nous avons vécu ces dernières semaines un mauvais feuilleton, une sorte de House of Cards en version bas de gamme (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM),…

M. Fabien Di Filippo. Très bas de gamme ! Une telenovela !

Mme Virginie Duby-Muller. …avec la désertion des deux ministres d’État du Gouvernement, les ambitions des uns et des autres pour les municipales, les effets d'annonce, sous couvert d'une mésentente au sommet de l'État, et un chantage pour des postes. Depuis plus d'une semaine, c'est l'affolement dans votre majorité. (Protestations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Pourquoi personne ne veut-il faire partie du nouveau casting ? Principal résultat : le Premier ministre est devenu, malgré lui, ministre de l'intérieur à mi-temps – excusez du peu ! – dans un contexte de menace terroriste.

Finalement, voilà l'annonce. Tout ça pour ça ! Un petit jeu de chaises musicales, sans changement de ligne politique. Rien de nouveau sous le soleil, déjà très nuageux, de la macronie.

M. Xavier Paluszkiewicz. N'importe quoi !

Mme Virginie Duby-Muller. Ce qui est sûr, c'est que ce remaniement n'entraîne rien de nouveau pour les Français : rien sur l'insécurité, alors que le nombre d'agressions frise le millier d'actes quotidiens depuis janvier - un record ; rien sur le pouvoir d'achat - bien au contraire, il y aura 300 millions d'euros de moins pour les Français en 2019, qui s'ajouteront à la baisse de 4,5 milliards en 2018 ; rien sur l'augmentation des charges sur l'essence, qui pénalise lourdement les ménages, et davantage encore le monde rural ; rien pour les collectivités locales - pire, vous stigmatisez les maires ; rien pour les retraités, qui subissent votre acharnement ; rien non plus sur la crise migratoire, qui est même niée par votre majorité ! (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM)

Monsieur le Premier ministre, il est grand temps de s'occuper des Français. Quand aurons-nous enfin un véritable capitaine à la barre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Madame la députée, pendant quinze jours, vous avez fait mine d'être impatiente, maintenant, vous faites mine d'être déçue ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.- Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

Je ne crois pas qu'un remaniement, quel qu'il eût pu être, aurait pu susciter votre satisfaction ou votre enthousiasme.

Un député du groupe FI . Ça, c'est vrai !

M. Fabien Di Filippo. C'est parce que votre politique est nulle !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Il aurait fallu, pour qu'il suscite ces sentiments, que vous soyez assis sur ses bancs. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.– Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

M. Fabien Di Filippo. C'est que nous n'avons trahi personne, nous !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Or, pour que vous soyez assis sur ces bancs, il aurait fallu que les élections législatives de 2017 aient eu une issue différente. (Mêmes mouvements.) Au fond, ce que vous déplorez, madame la députée, ce n'est pas ce remaniement ou cette majorité, non, ce sont – et c'est parfaitement légitime – les résultats de l'élection législative qui a eu lieu l'année dernière et qui a déterminé la majorité au sein de cet hémicycle. (Mêmes mouvements.)

M. Fabien Di Filippo. Vendu !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Non, madame la députée, nous ne changeons pas de cap. Le cap a été tracé par le Président de la République et des engagements ont été pris devant les Français. Ils ont été pris au moment de l'élection présidentielle et ils ont été rappelés au moment de l'élection législative. Les Français ont voté et ils ont donné une majorité à ce gouvernement.

M. Éric Ciotti. Aujourd'hui, ils le regrettent !

M. Edouard Philippe, Premier ministre. Notre objectif, avec les membres du Gouvernement, qui restent concentrés sur leur tâche, c'est de tenir les engagements qui ont été pris par le Président de la République.

M. Fabien Di Filippo. Eh bien, c'est raté !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Autrement dit, madame la députée, il n'y a rien de surprenant aujourd'hui. Au contraire, nous allons continuer et persévérer.

M. Fabien Di Filippo. Avec la technocratie ?

M. Edouard Philippe, Premier ministre . Et puisque vous indiquez, à juste titre, que la sécurité est une préoccupation pour les Français, puisque vous dites qu'il faut prendre en compte la réalité en matière de sécurité, je me réjouis par avance, même si je suis prudent, du soutien que vous ne manquerez pas d'apporter à la majorité lorsqu'elle procédera, comme l'année dernière et comme l'année prochaine, à l'augmentation du budget du ministère de l'intérieur et au recrutement de nouveaux effectifs au sein de celui-ci. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

Puisque vous êtes, et c'est tout à votre honneur, en cohérence avec vos prises de position,…

M. Christian Jacob. Vous, en revanche, la cohérence, ce n'est pas ça !

M. Edouard Philippe, Premier ministre . …je ne doute pas que nous pourrons compter sur votre soutien à ce moment-là. Je vous en remercie par avance. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Fabien Di Filippo. Vendu !

Données clés

Auteur : Mme Virginie Duby-Muller

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Gouvernement

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 17 octobre 2018

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