Question au Gouvernement n° 1331 :
commémoration de la Première Guerre mondiale

15e Législature

Question de : M. Claude de Ganay
Loiret (3e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 1er novembre 2018


COMMÉMORATIONS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

M. le président. La parole est à M. Claude de Ganay, pour le groupe Les Républicains.

M. Claude de Ganay. Monsieur le Premier ministre, les cérémonies du 11 novembre auront cette année une résonance toute particulière. Il y a un siècle, notre pays renouait enfin avec la paix,…

M. Jean-Luc Mélenchon. Avec la victoire !

M. Claude de Ganay. …au prix de la vie d'un million et demi de nos soldats et des souffrances physiques et psychologiques de tant de nos concitoyens. Ils ont su remporter, comme le rappelait Georges Clemenceau dans cet hémicycle, une victoire qui leur octroie des droits sur nous. Notre devoir, aujourd'hui, c'est de leur rendre hommage avec dignité.

Aussi je m'étonne des projets que l'Élysée aurait conçus, selon plusieurs quotidiens nationaux, pour ces cérémonies. On évoque l'absence du Président à la prise d'armes prévue aux Invalides, le refus d'un défilé militaire ainsi que la requalification de nos Poilus en « civils que l'on avait armés ».

Par cette formulation, l'entourage du Président fait preuve d'ignorance, puisque la loi instituant la conscription, promulguée dès la Révolution, est très claire : « Tout Français est soldat et se doit à la défense de sa patrie ».

M. Jean-Luc Mélenchon. Vive la Révolution !

M. Claude de Ganay. Cette confusion est d'autant plus inquiétante de la part d'un gouvernement qui envisage de rétablir le service national. Célébrer la victoire ne signifie pas célébrer l'hécatombe, ni célébrer le triomphe sur l'Allemagne.

M. Jean-Luc Mélenchon. Ben si ! Quelle blague !

M. Claude de Ganay. La paix en Europe s'apprécie d'autant plus qu'elle est mise en relief par la mémoire des conflits qui ont opposé nos pays. La bien mal nommée « itinérance mémorielle » du Président n'aurait pas tout son sens si les commémorations du 11 novembre se trouvaient vidées de leur essence militaire. Évoquer la réalité militaire, celle du lourd tribut payé par nos soldats, permet de perpétuer notre devoir de mémoire, qui déjà s'efface au contact du temps.

Le dernier Poilu survivant, Lazare Ponticelli, pourtant immigré italien et crieur de journaux au moment de son engagement, participait à toutes les commémorations en arborant sa Croix de Guerre.

M. Pierre Cordier. Très bien !

M. Claude de Ganay. Bien qu'il fît l'objet d'une grande attention médiatique, il aimait rappeler, avec humilité, que ses camarades soldats n'avaient joui de la même reconnaissance. Et il précisait : « Même un petit geste aurait suffi. »

Et vous, monsieur le Premier ministre ? Quel sera votre geste ? Quel sera le geste de votre gouvernement ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR, ainsi que sur quelques bancs des groupes LT et UDI-Agir. –M. Jean-Luc Mélenchon et M. Adrien Quatennens applaudissent également, de même que plusieurs députés non inscrits.)

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès de la ministre des armées.

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des armées. Je ne voudrais pas que nous fassions polémique de tout, monsieur le député, et je souhaite vous rassurer.

Depuis quatre ans, à travers la mission Centenaire, la France rend un hommage profond à tous les soldats, des Poilus jusqu'aux maréchaux.

M. Boris Vallaud. Pas tous les maréchaux, quand même…

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État. Elle rend aussi hommage à tous les Français, sur tous les territoires. Vendredi dernier, j'accompagnais d'ailleurs le Premier ministre en Lozère pour honorer cette France de l'arrière.

Le Président de la République et une grande partie du Gouvernement s'engageront, dès lundi, dans la semaine d'itinérance. Le Président de la République y consacrera une semaine entière, ce qui est tout à fait inédit. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LR.) À cette occasion, nous célébrerons bien entendu le sacrifice ultime de tous les soldats qui sont tombés, de Morhange à Verdun en passant par Les Éparges ou Notre-Dame-de-Lorette.

Depuis dix-huit mois, nous avons célébré toutes les grandes batailles. Le Premier ministre s'est ainsi rendu à Villers-Bretonneux, le Président de la République sur le site de la Lys et Florence Parly à Amiens. Je les accompagnais lors de ces déplacements, et en ai fait moi-même beaucoup d'autres.

Je me rendrai demain en Serbie pour honorer les Français morts sur ce front d'Orient trop souvent ignoré, bien qu'il ait été le point de départ de la victoire finale. J'y rendrai un hommage appuyé au maréchal Louis Franchet d'Espèrey. Nous avons aussi célébré Clemenceau, bien sûr.

M. Pierre Henriet. Très bien !

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État. Ce 11 novembre sera un jour de célébration de l'Armistice, ainsi qu'un jour d'hommage à tous les soldats morts au combat. Cette année, il sera placé sous le signe de la paix, selon la volonté du Président de la République. C'est là aussi, je crois, au XXIe siècle, un message à porter avec vigueur.

N'ayez crainte, monsieur le député : nous honorerons tous les soldats. Une cérémonie aura lieu aux Invalides pour les maréchaux, comme tous les ans le 10 novembre ; elle sera présidée par le chef d'État-Major des armées.

Comme vous le voyez, les commémorations du 11 novembre seront complètes, et elles honoreront tous les Français et tous les soldats. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.)

Données clés

Auteur : M. Claude de Ganay

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Cérémonies publiques et fêtes légales

Ministère interrogé : Armées (Mme la SE auprès de la ministre)

Ministère répondant : Armées (Mme la SE auprès de la ministre)

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 1er novembre 2018

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