Question au Gouvernement n° 1534 :

15e Législature

Question de : Mme Danièle Obono
Paris (17e circonscription) - La France insoumise

Question posée en séance, et publiée le 20 décembre 2018


POLITIQUE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

M. le président. La parole est à Mme Danièle Obono.

Mme Danièle Obono. C'est l'histoire d'un faussaire, à la tête d'une association de malfaiteurs, qui exécutent au doigt et à l'œil les ordres d'un certain Jupiter (Exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM), avec pour seul dogme, seule idée fixe, seule boussole politique : protéger les riches, défendre les riches, sauver les riches ; envers et contre tout : le bon sens, l'intérêt général comme celui de la planète.

Une révolte populaire lui a fait quelque peu ravaler sa morgue et changer de ton, mais cela ne lui a pas encore fait abandonner cette funeste obsession. Il pense pouvoir mater le peuple à coups de flash-ball… (Vives exclamations sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Rémy Rebeyrotte. C'est un scandale !

Mme Marie Lebec. C'est lamentable !

Mme Danièle Obono. …et l'amadouer avec quelques écus, récupérés en lui faisant les poches. (Mêmes mouvements.)

M. le président. Laissez Mme Obono s'exprimer, mes chers collègues !

Mme Danièle Obono. Les gilets jaunes demandent l'augmentation du SMIC. Il répond : « OK, je vous donne une prime, pas à tout le monde, pas tout de suite, pas automatique, on ne sait pas encore de combien – 40, 90, 100 euros ? –, mais on sait que c'est vous qui la paierez avec vos impôts. »

Les gilets jaunes demandent la justice sociale. Il répond : « OK, OK, je vais vous faire travailler plus, pour gagner pas beaucoup plus, en vous sucrant vos cotisations, donc votre sécu, votre chômage et votre retraite. » Trinquez, bonnes gens, le Macrozy nouveau est arrivé !

Les gilets jaunes demandent la justice fiscale et le retour de l'ISF. Il répond : « Ça non, Touchez pas au grisbi ! Ces 4 milliards d'ISF, ces 40 milliards de CICE, c'est des cadeaux qu'on ne peut donner qu'aux riches. »

On recule un peu ici, mais on reprend un bout par là ; on rétropédale parce que c'est trop gros… c'est la cacophonie en marche ! Plus personne n'y comprend rien. Soit c'est fait exprès, soit c'est par incompétence, ou alors c'est les deux.

Une seule chose est claire : ce sont toujours les mêmes qui paieront et les mêmes qui ne paieront pas. Pendant que les foyers modestes et les « un peu moins pauvres » passent à la caisse, les ultra-riches dorment tranquilles. Invités à fouler la moquette à 300 000 euros de l'Élysée,… (Mêmes mouvements.)

Un député du groupe LaREM . C'est minable !

Mme Danièle Obono. …elles et ils y feront peut-être ruisseler quelques gouttes, qui s'évaporeront avant de toucher terre.

Monsieur le Premier ministre, arrêtez de prendre les gens pour des boloss et d'essayer de nous faire prendre des vessies pour des lanternes ! (Mêmes mouvements.) Quand allez-vous enfin faire contribuer ces riches, qui nous coûtent, à nous et à la planète, bien trop cher ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail.

M. Éric Straumann. Et du chômage !

Mme Muriel Pénicaud, ministre du travail. Madame la députée, vous avez oublié de dire une chose au sujet des gilets jaunes : ils demandent aussi qu'il n'y ait pas de récupération politique de ce qu'ils disent. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM ainsi que sur quelques bancs du groupe UDI-Agir. - De nombreux députés des groupes LaREM et MODEM se lèvent et continuent à applaudir.)

Derrière vos propos où tout se mêle, j'entends une chose : finalement, vous êtes contre la solidarité et la justice sociale. En effet, nous allons redistribuer 10 milliards d'euros aux salariés qui perçoivent les revenus les plus bas (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM),…

M. Éric Coquerel. Pas vous ! Pas vous !

Mme Muriel Pénicaud, ministre . …et vous êtes contre ; je ne comprends pas votre position. (Exclamations prolongées sur les bancs du groupe FI.) Car, oui, les heures supplémentaires, l'augmentation du SMIC, la prime d'activité, la prime exceptionnelle, l'ensemble de ces mesures vont leur bénéficier, sans oublier celles en faveur des retraités les plus modestes. Et c'est dans l'esprit de ce que nous voulons faire : nous accélérons, nous amplifions ce qui figurait dans le programme présidentiel,…

Mme Danièle Obono. La suppression de l'ISF n'y était pas !

Mme Muriel Pénicaud, ministre . …pour redistribuer. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.)

C'est le travail qui est valorisé ; c'est la justice sociale qui est promue. J'appelle tous ceux qui sont conscients à la fois de la crise et de l'appel des gilets jaunes, sur tous les bancs, à voter les textes que nous allons présenter, qui permettront cette redistribution de pouvoir d'achat, pour que les salariés les plus modestes aient des fins de mois plus sereines. Voilà ce que nous faisons ; je vous appelle tous à le faire avec nous. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Éric Straumann. Debout !

Données clés

Auteur : Mme Danièle Obono

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique sociale

Ministère interrogé : Travail

Ministère répondant : Travail

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 décembre 2018

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