Question au Gouvernement n° 1571 :
retraites agricoles

15e Législature

Question de : M. Aurélien Pradié
Lot (1re circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 24 janvier 2019


RETRAITES AGRICOLES

M. le président. La parole est à M. Aurélien Pradié.

M. Aurélien Pradié. Sept cent dix euros : tel est le niveau moyen des retraites agricoles pour 1,5 million de femmes et d'hommes de notre pays. Sept cent dix euros par mois ! Une misère, en dessous du seuil de pauvreté !

M. Sébastien Leclerc. Absolument !

M. Sébastien Jumel. Il a raison !

M. Aurélien Pradié. Vendredi dernier, Emmanuel Micron était dans le Lot. La question des retraites agricoles lui a été posée à trois reprises, précisément, concrètement, et la réponse du Président de la République fut édifiante d'esprit de démission et de cynisme : « Qu'ils aillent demander le minimum vieillesse », leur a-t-il répondu ! « Ces gens-là », comme il les a qualifiés,…

M. Marc Le Fur. Eh oui !

M. Aurélien Pradié. …ne demandent pourtant pas la charité, pas un des minima sociaux : ils demandent la juste reconnaissance d'une vie de labeur. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR ainsi que sur plusieurs bancs des groupes SOC, UDI-Agir et GDR.) En entendant cette réponse, j'ai eu honte qu'un grand pays comme la France soit incapable de rendre à ses retraités agricoles le juste fruit de leurs efforts. Non, le minimum vieillesse n'est pas la réponse ; ils n'y sont souvent pas éligibles car le retour sur succession les sacrifie.

Tout cela, cette vie réelle, le Président s'est bien gardé d'en parler. Durant sept heures, obsédé par sa propre mise en scène, il en a oublié la colère du pays. (Protestations sur les bancs du groupe LaREM.) Et je veux dire aux députés de la majorité qui s'extasient béatement devant les performances d'Emmanuel Macron : restez en extase mais élargissez votre adulation ! Extasiez-vous donc devant ces agriculteurs qui travaillent quinze heures par jour, extasiez-vous devant nos infirmières (Applaudissements sur les bancs des groupes LR, SOC et GDR ainsi que sur quelques bancs du groupe FI et parmi les députés non inscrits), devant nos ouvriers aux trois-huit, devant nos artisans, devant nos commerçants, extasiez-vous devant ceux qui le méritent vraiment !

Ne jouez pas à la grande illusion, ne jouez pas avec démocratie, ne cédez pas au spectacle du vide. Les Français n'attendent pas d'être bluffés ou distraits sur des plateaux de télévision ; ils attendent des actes ! (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Dans la mythologie, Narcisse mourut de s'être trop aimé, trop regardé, trop adulé (Applaudissements sur les bancs du groupe LR. – Exclamations sur de nombreux bancs des groupes LaREM et MODEM) ; Narcisse périt d'en avoir oublié qu'autour de lui, un monde existait. Ne réduisez pas notre démocratie au royaume de Narcisse ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LR et SOC ainsi que parmi les députés non inscrits.)

M. Erwan Balanant. Qui est Narcisse en l'occurrence ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre des solidarités et de la santé.

Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur Pradié, vous avez évidemment raison de pointer les difficultés que rencontrent les agriculteurs dans notre pays.

M. Marc Le Fur. Ah ! Vous en convenez !

Mme Agnès Buzyn, ministre. Nous essayons de traiter le sujet sur tous les plans : d'abord, s'agissant de la valeur ajoutée de leur travail et de leurs rapports avec la grande distribution, c'est le sens de la loi sur l'alimentation, que vous connaissez ; et c'est également le cas s'agissant des retraites.

Vous avez d'ailleurs tort de dire que nous travaillons sur les plateaux de télé. J'ai rencontré longuement à mon ministère tous les représentants des professions agricoles pour parler avec eux des retraites des agriculteurs. Nous avons alors évoqué les difficultés rencontrées en raison de toutes petites retraites, sachant que les intéressés ne veulent pas demander le minimum vieillesse car cela oblige à une reprise sur succession qui pourrait les pénaliser, vous le savez. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LR.)

M. Sébastien Jumel. Et la proposition de loi de M. Chassaigne ?

Mme Agnès Buzyn, ministre. Avec les représentants des agriculteurs, nous avons donc pris la décision conjointe de travailler dans le cadre de la réforme des retraites en cours actuellement sous l'égide du haut-commissaire.

M. André Chassaigne. Ce ne sera pas rétroactif ! Ça ne conviendra pas aux situations en cours ! Ce n'est pas comme ça que vous réglerez le problème !

M. le président. Un peu de calme !

Mme Agnès Buzyn, ministre. J'ai discuté avec eux de la façon d'améliorer les retraites agricoles et de mieux valoriser le travail des femmes, qui n'a pas été reconnue, ainsi que de la façon d'avancer avec eux, dans la concertation, sur la question du revenu des agriculteurs. Ce travail est en cours auprès du haut-commissaire. Ce n'est donc pas sur les plateaux de télé que nous réglons les situations, mais dans le cadre de travaux conjoints avec les professionnels du secteur. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe MODEM.) Le travail des agriculteurs soit reconnu dans notre pays, nous sommes extrêmement vigilants sur ce point, monsieur le député. (Mêmes mouvements. – Huées sur les bancs du groupe GDR.)

M. André Chassaigne. Vous êtes des menteurs !

Données clés

Auteur : M. Aurélien Pradié

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Retraites : régime agricole

Ministère interrogé : Solidarités et santé

Ministère répondant : Solidarités et santé

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 24 janvier 2019

partager