Question au Gouvernement n° 1948 :
influence étrangères lors des campagnes électorales

15e Législature

Question de : M. Pieyre-Alexandre Anglade
Français établis hors de France (4e circonscription) - La République en Marche

Question posée en séance, et publiée le 22 mai 2019


INFLUENCES ÉTRANGÈRES LORS DES CAMPAGNES ÉLECTORALES

M. le président. Mes chers collègues, il y a un peu trop de brouhaha. Je vous prie d'écouter les orateurs. La parole est à M. Pieyre-Alexandre Anglade.

M. Pieyre-Alexandre Anglade. Monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, nous voilà à cinq jours d'une élection majeure pour le pays, où deux visions s'affrontent : d'un côté, celle d'une Europe ambitieuse, qui veut se faire respecter et qui place au cœur de son projet la liberté, la protection et le progrès (« Arrêtez ! » sur les bancs du groupe LR) ; de l'autre, celle de la division, du rétrécissement de la France et de la soumission de l'Europe. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR et parmi les députés non inscrits.)

M. Fabien Di Filippo. Ce n'est pas comme cela que vous sauverez votre peau !

M. Pieyre-Alexandre Anglade. Plus on approche de ce scrutin, plus s'affirment les forces extérieures qui cherchent à défaire l'Union européenne.

Ce week-end, deux événements notables ont illustré le rôle joué par les nationalistes en France et ailleurs en Europe dans cette tentative de déstabilisation de l'Europe. Le premier événement, c'est la venue à Paris de Steve Bannon, idéologue identitaire venu faire basculer l'Europe sous le poids des fake news, comme il a fait basculer l'Amérique vers Donald Trump. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.) Le second événement, c'est la publication d'une vidéo qui montre le chef du parti d'extrême droite autrichien, le FPÖ, négocier le financement illégal de son parti et le rachat d'un quotidien populaire avec une pseudo-oligarque russe. (Nouvelles exclamations sur les bancs du groupe LR.) Avec ces deux événements, les masques tombent (« Benalla ! » sur les bancs du groupe LR et parmi les députés non inscrits) puisque les nationalistes européens, qui n'ont que l'intérêt national à la bouche, conspirent au grand jour pour affaiblir leur pays et ouvrir grand les portes de l'Europe à des forces étrangères hostiles à nos intérêts. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

Or, comme l'a rappelé le Président de la République ce matin, ces élections ne doivent pas servir à consacrer des grandes puissances extérieures face auxquelles aucun pays européen ne saurait lutter seul. Ces élections doivent rester européennes (Exclamations continues sur les bancs du groupe LR) et faire émerger une vision ambitieuse pour l'Europe (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM), parce que l'Europe n'est pas une abstraction mais se trouve au cœur de nos vies. Ce que vont décider les Européens pourrait changer leur vie et celle des prochaines générations. (Mmes et MM. les députés du groupe GDR se lèvent et quittent l'hémicycle.)

M. Éric Straumann. Ridicule !

M. Pieyre-Alexandre Anglade. Ce matin, le Président a parlé d'un « esprit de conquête ». Cet esprit, c'est celui qui doit nous animer face à l'urgence, animer chacun des Français attachés à notre souveraineté nationale. Aussi, monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire quel chantier la France devra défendre en priorité pour faire de l'Europe une puissance capable de s'affirmer face à ceux qui veulent nous défaire, nous diviser pour mieux nous soumettre ? (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM, dont de nombreux membres se lèvent. – Huées et claquements de pupitres sur les bancs du groupe LR et parmi les députés non inscrits.)

M. le président. S'il vous plaît, chers collègues, veuillez écouter la réponse du Gouvernement.

M. Jean-François Parigi. Quelle réponse ?

M. Christian Jacob. Il n'y a pas eu de question !

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, et à lui seul.

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur Anglade, permettez-moi de faire un petit détour par l'histoire, par notre histoire européenne. (Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

C'est un temps que les moins de vingt ans n'ont pas connu, c'était il y a trente ans. C'était le 9 novembre 1989. Souvenons-nous des femmes et des hommes qui, tenant à la main leur petite bougie, venaient défier des Vopos armés. (Exclamations continues sur les bancs du groupe LR.)

M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues !

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État. Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait, un peuple se libérait et l'Europe était sur la voie de la réunification (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM), une Europe qui, pendant plusieurs décennies, avait été coupée en deux. Les Européens ont, depuis, pas à pas, bâti cette puissance, une Europe qui entend bien se faire respecter, qui, naturellement, refuse les ingérences au nom d'un principe simple : ce qui regarde les Européens doit être décidé par les Européens et eux seuls, à l'occasion d'élections démocratiques. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

M. Maxime Minot. Tout cela pour strictement ne rien dire !

M. Pierre Cordier. Répondez à la question !

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État . Pour ce faire, un certain nombre de dispositifs ont été mis en place : réseau d'observation, système d'alerte rapide au sein des États membres. Mais le Président de la République souhaite aller plus loin grâce à une véritable agence de défense des démocraties européennes. (Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

M. Thibault Bazin. Encore une agence ?

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État . Les Européens sont en effet des citoyens libres et souverains, vivant dans des États libres et souverains, qui entendent le rester ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur plusieurs bancs du groupe MODEM.)

Données clés

Auteur : M. Pieyre-Alexandre Anglade

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Élections et référendums

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères (M. le SE auprès du ministre)

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères (M. le SE auprès du ministre)

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 22 mai 2019

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