Perspectives politiques au lendemain du scrutin européen
Question de :
M. Philippe Vigier
Eure-et-Loir (4e circonscription) - Libertés et Territoires
Question posée en séance, et publiée le 29 mai 2019
PERSPECTIVES POLITIQUES AU LENDEMAIN DU SCRUTIN EUROPÉEN
M. le président. La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier. Monsieur le Premier ministre, depuis sa création, le groupe Libertés et territoires ne cesse de vous alerter sur une triple urgence : urgence sociale, écologique et territoriale.
Dimanche dernier, en choisissant de s'abstenir ou en plaçant en tête le Rassemblement national, l'adversaire que le Président de la République s'était lui-même choisi, les Françaises et les Français vous ont rappelé que ces urgences se sont aggravées !
Leur vote a surtout montré qu'il existait deux France : celle des gagnants de la mondialisation, et celle des perdants, pour lesquels les fractures territoriales et les difficultés sociales sont plus que jamais présentes et auxquels il est absolument vital d'apporter enfin une réponse forte.
À l'issue du grand débat national, le Président de la République a annoncé un certain nombre de décisions : ne vous y trompez pas, monsieur le Premier ministre, elles sont encore insuffisantes.
Vous êtes au pouvoir. Il vous appartient de restaurer la confiance, de réconcilier les Français et de travailler main dans la main avec toutes celles et ceux qui, sur le terrain, détiennent une partie des solutions.
Pour cela, ce dont la France a besoin, ce n'est pas d'un duel tactique entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, qui constitue un jeu dangereux pour notre démocratie. Non, ce dont la France a besoin, c'est que le Président de la République et le Gouvernement assument un véritable virage social, écologique et territorial.
Monsieur le Premier ministre, y êtes-vous prêt, en accélérant et en amplifiant les mesures de soutien au pouvoir d'achat par le Président de la République ? en lançant une politique écologique concrète, assumée et ambitieuse ? en faisant enfin confiance aux territoires, pour plus de proximités et d'efficacité, avec un vrai choc de décentralisation et un droit à la différenciation pleinement reconnu ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LT.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Édouard Philippe, Premier ministre. Vous m'interrogez sur la suite à donner à la fois aux annonces formulées par le Président de la République à l'occasion de sa conférence de presse, et au scrutin qui s'est déroulé dimanche. En ce qui concerne ce dernier, vous avez indiqué que le Président de la République s'était choisi un adversaire. Je me permets de vous faire observer qu’un certain nombre de responsables de partis, qui siègent plutôt sur les bancs extrêmes de cette assemblée, ont indiqué publiquement que le scrutin des européennes devait être un référendum pour ou contre le Président de la République.
C’est ainsi en tout cas que les forces les plus extrêmes ont choisi, par stratégie politique, de présenter ce scrutin, à mille lieux des enjeux européens, certains allant jusqu’à dire que, si le Président de la République faisait moins de 10 %, il devrait partir… sans en tirer pour eux-mêmes les mêmes conséquences. (Rires et applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
J'observe que les Français ont beaucoup voté, que le taux de participation à ces élections est en très forte hausse, ce qui est une excellente nouvelle pour notre démocratie, après les moments que nous avons connus où la contestation sous sa forme la plus violente pouvait laisser penser que la légitimité n’était plus dans les urnes mais dans la rue.
Le fait que la participation au scrutin européen ait été beaucoup plus importante que d'habitude est une excellente nouvelle dont nous devons tous ici nous féliciter. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
Et permettez-moi ici de remercier et de dire le rôle essentiel que jouent dans notre démocratie, les maires, les élus municipaux mais aussi nos concitoyens, tous ceux qui, dimanche dernier, ont tenu des bureaux de vote et contribué aux opérations de vote. Leurs efforts et leur engagement n'ont pas été vains, au contraire !
Vous m'avez ensuite interrogé sur ce que nous allions faire. Le Président de la République a indiqué, lors de sa conférence de presse, qu'elles étaient les orientations de fond et de méthode qu'il donnait au Gouvernement. C'est donc assez simple : quand le Président de la République donne des orientations de fond et de méthode, le Premier ministre et le Gouvernement mettent en œuvre les orientations de fond et de méthode données par le Président de la République.
Nous le ferons dans tous les domaines, avec davantage de ressources, davantage d'attention et davantage de consultations, pour faire en sorte que la politique que nous menons soit plus adaptée à chaque territoire, mieux définie et plus efficace. C'est la raison pour laquelle j'aurai l'occasion, dans les semaines qui viennent, de rencontrer un très grand nombre de responsables d'associations d'élus locaux, de maires, de présidents de conseil départemental, de présidents de conseil régional. J'indiquerai également prochainement le calendrier exact de l'ensemble des réformes qui vont se succéder. Nous avons pris beaucoup d'engagements qu'il va nous falloir tenir, que ce soit en matière de fiscalité et de fiscalité locale, ou en matière législative.
Nous serons au rendez-vous de l'ambition portée par le Président de la République, et les résultats de dimanche m'incitent à dire qu'en la matière nos concitoyens nous invitent à davantage d'action, de considération, de concertation et d'efficacité. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
Auteur : M. Philippe Vigier
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Union européenne
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 mai 2019