Question au Gouvernement n° 2042 :
référendum d'initiative partagée

15e Législature

Question de : M. François Ruffin
Somme (1re circonscription) - La France insoumise

Question posée en séance, et publiée le 12 juin 2019


RÉFÉRENDUM D'INITIATIVE PARTAGÉE

M. le président. La parole est à M. François Ruffin.

M. François Ruffin. Ma question ne s'adresse à aucun ministre. Ce n'est d'ailleurs pas une question ; c'est une alerte. (Exclamations sur divers bancs.)

M. David Habib. Alors il faut lui couper la parole, monsieur le président !

M. François Ruffin. Françaises, Français, ce n'est pour l'instant qu'un murmure : « Référendum. » Un référendum sur Aéroports de Paris. Un référendum pour ne pas brader ce trésor à Vinci. Un référendum, surtout, sur l'avenir, l'avenir que nous refusons, l'avenir que nous désirons. Voici l'arme qui les effraie : ils ont peur, peur de votre portable, peur de votre tablette, peur de votre ordinateur, peur de vos signatures.

D'emblée, d'ailleurs, le Premier ministre s'est étranglé : « C'est une situation dangereuse ! Cela pose un vrai et grave problème démocratique ! » Il a bien raison : c'est la démocratie qui est en jeu. Pour lui, pour eux, la démocratie, elle est bien quand elle somnole dans cette Assemblée. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.) La démocratie, c'est quand ils répètent en boucle : « croissance », « concurrence », « compétitivité », « mondialisation », « déficit » ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.) La démocratie, c'est voter une fois tous les cinq ans, et ensuite, circulez braves gens, on dirige et on décide pour vous ! Voilà, la démocratie qu'ils apprécient ! (Vives exclamations sur plusieurs bancs des groupes LaREM.)

M. le président. Chut !

M. François Ruffin. Pour nous, au contraire, la démocratie, c'est la reprise en main du destin commun. Et il faut bien commencer par un bout, même petit : puisque le premier référendum d'initiative partagée de notre histoire nous le permet, allons-y, commençons par le bitume des aéroports, avant de passer à nos écoles, nos forêts, nos trains, nos maternités, nos tribunaux !

Ils vendent Charles-de-Gaulle ? Nous répondons : « Référendum ! » (« Référendum ! » sur les bancs du groupe FI.)

Ils cassent nos urgences ? Nous répondons « Référendum ! » (« Référendum ! » sur les bancs du groupe FI.)

Ils ferment nos classes ? Nous répondons « Référendum ! » (« Référendum ! » sur les bancs du groupe FI. - « 6 % ! » sur quelques bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. le président. S'il vous plaît !

M. François Ruffin. Ils polluent l'air, la terre, la mer ? Nous répondons « Référendum ! » (« Référendum ! » sur les bancs du groupe FI. – « 6 % ! » sur de nombreux bancs des groupes LaREM et MODEM.)

Partout, sur nos cahiers d'écoliers, sur les murs de nos villes, sur nos pages internet, nous écrivons ce nom : « Référendum ! » (« Référendum ! » sur les bancs du groupe FI. – « 6 % ! » sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

C'est une frénésie qui doit saisir la France : « Référendum ! » (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR. – « 6 % ! » sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre, pour apporter la réponse que M. Ruffin ne souhaitait pas. (Sourires. – Vifs applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Monsieur Ruffin, vous m'interrogez sur le référendum – ou plutôt, vous ne m'interrogez pas, car vous ne respectez pas les règles de cet hémicycle. (M. Laurent Garcia applaudit.) Vous nous dites pourtant que vous êtes attaché à la démocratie.

M. Erwan Balanant. Parlez-en à vos militants, monsieur Ruffin !

M. Édouard Philippe, Premier ministre . Nous le sommes aussi. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.) Aucune votation, aucune élection ne fait peur aux démocrates. (Mêmes mouvements.) Il y a quelques mois, celui qui dirige votre formation politique a déclaré qu'il voulait faire des élections européennes un « référendum » contre le Gouvernement et contre le Président de la République ! (« 6 % ! » sur les bancs des groupes LaREM et MODEM.)

Mme Marine Le Pen. En effet : merci !

M. Édouard Philippe, Premier ministre . Je crois que les Français ont voté ! (Les députés des groupes LaREM et MODEM se lèvent et applaudissent longuement. – Autres applaudissements sur quelques bancs des groupes LR et UDI-I. – Exclamations sur les bancs du groupe FI. – « Merci ! » parmi les députés non inscrits.)

Données clés

Auteur : M. François Ruffin

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Élections et référendums

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 12 juin 2019

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