Question au Gouvernement n° 2213 :
réforme des retraites

15e Législature

Question de : M. Adrien Quatennens
Nord (1re circonscription) - La France insoumise

Question posée en séance, et publiée le 25 septembre 2019


RÉFORME DES RETRAITES

M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens.

M. Adrien Quatennens. Monsieur le Premier ministre, depuis notre assemblée j'adresse un salut fraternel à celles et ceux qui se mettent en mouvement contre votre projet de réforme des retraites. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.) Je dis aux Françaises et aux Français qui regarderaient encore les grèves et les manifestations avec consternation qu'ils ont, eux aussi, intérêt à ces mobilisations car tout le monde sera perdant dans l'affaire.

Avant d'être une question technique, la retraite pose la question de notre modèle de société et de la répartition de la valeur. Vous le dites comme s'il s'agissait d'une évidence : parce que nous vivons plus longtemps, il faudra travailler plus longtemps. Mais où est l'évidence ? C'est notamment parce que le temps de travail a diminué que l'espérance de vie a augmenté ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

Si nous produisons plus rapidement que par le passé, à quoi bon travailler plus longtemps que le temps nécessaire à la production de ce dont nous avons besoin ?

M. Bruno Millienne. Il n'y a qu'à arrêter de travailler tout de suite !

M. Adrien Quatennens. Vous avez beau commencer tous vos discours sur le sujet par un concert de louanges adressées au modèle par répartition, c'est bien son contournement que vous préparez. En choisissant de maintenir la part des ressources destinées à financer les retraites à 14 % du PIB alors que tout indique que le nombre de seniors va augmenter, vous préparez une baisse généralisée des pensions. Le gâteau restera le même alors que nous serons toujours plus nombreux à table. Voici la vérité que vous ne dites jamais aux Français ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

Pour disposer d'une pension digne, il faudra travailler toujours plus longtemps alors même qu'un senior sur deux n'est plus en emploi à l'âge où il est censé partir à la retraite. Bien sûr, l'âge légal sera maintenu, mais si vous partez à 62 ans, ce sera avec une retraite de misère !

Vous faites des quarante-deux régimes spéciaux l'épouvantail poussant les Français à se jalouser entre eux alors que ces régimes ne concernent que 3 % de la population. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

Le progrès, ce n'est pas s'user la vie au travail. En augmentant les salaires, en mettant à contribution les revenus financiers des entreprises, en mettant un terme aux inégalités salariales entre les femmes et les hommes et en créant des emplois, nous pourrions financer un système de retraite dans lequel l'âge de départ serait fixé à 60 ans.

Monsieur le Premier ministre, dites la vérité aux Français sur votre réforme : à l'exception des assureurs et des banques qui gèrent les systèmes par capitalisation, qui va y gagner ? (Applaudissements sur les bancs des groupes FI et GDR. – M. Luc Carvounas applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. le haut-commissaire aux retraites.

M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites. Monsieur Quatennens, je vous ai entendu à plusieurs reprises affirmer que moins on travaillait, plus on vivait longtemps. Je vous ai répondu qu'en menant votre raisonnement à son terme, il fallait prendre sa retraite à 20 ans : on vivrait jusqu'à 120 ans… (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)

Dans la réflexion sur un système de retraite universel, il faut d'abord être attentif aux jeunes et à l'emploi. Nous avons été très frappés de constater le caractère tardif de l'entrée sur le marché du travail, y compris pour les non-diplômés. Dans le système actuel, si l'on commence à travailler à 22 ans et que l'on cotise quarante-deux années, l'âge de départ à taux plein est à 64 ans.

Notre préoccupation, à laquelle vous pourriez souscrire, est de répondre à la soif d'équité de nos concitoyens. Le calcul de ma retraite sera-t-il identique à celui de mon voisin ? Ma retraite reflétera-t-elle mon travail ? Et notre objectif, c'est de faire en sorte que quel que soit le statut, quelle que soit la profession, à revenu identique, retraite identique ; à métier identique, retraite identique. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.)

M. Christian Hutin. À la retraite, le haut-commissaire !

Données clés

Auteur : M. Adrien Quatennens

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Retraites : généralités

Ministère interrogé : Retraites

Ministère répondant : Retraites

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 25 septembre 2019

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