réforme des retraites
Question de :
M. Pierre Vatin
Oise (5e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 6 novembre 2019
RÉFORME DES RETRAITES
M. le président. La parole est à M. Pierre Vatin.
M. Pierre Vatin. Monsieur le Premier ministre, nous sommes aujourd'hui à mi-mandat et nous ne savons toujours pas sur quoi votre grande réforme des retraites doit déboucher.
M. Erwan Balanant. Mais, si !
M. Pierre Cordier. Travailler plus pour gagner moins !
M. Pierre Vatin. Cette question enflamme nombre de nos concitoyens, tant les inquiétudes des tout prochains retraités sont grandes : nul ne sait si, bien qu'ayant travaillé plus longtemps que ses pairs, il ne touchera pas moins que ses prédécesseurs ; nul ne sait s'il ne devra pas payer plus de cotisations sans percevoir ensuite une retraite plus élevée ;…
M. Maxime Minot. Eh, oui !
M. Pierre Vatin. …nul ne sait si le calcul de la retraite par points envisagé n'est pas dans votre esprit une simple supercherie qui défavorisera les retraités ; nul ne sait si l'âge du départ en retraite ne sera pas une nouvelle source d'inégalités, l'allongement de la durée de la vie impliquant naturellement un allongement de la durée d'années de cotisations.
M. Maxime Minot. On ne dit pas tout aux Français !
M. Pierre Vatin. Enfin, dans ce nouveau système, qu'en sera-t-il de la reconnaissance de la pénibilité, qui est une réalité pour certains, mais plus pour d'autres, dont la nature de la tâche a évolué ?
Monsieur le Premier ministre, nous avons mené les réformes des retraites de 1993, 2003 et 2010, et nous aurions été prêts à vous suivre parce que la réforme est nécessaire. Mais nous sommes aujourd'hui comme nos compatriotes, inquiets, puisque vous nous laissez dans un brouillard particulièrement épais. Quand allez-vous proposer aux Français une réforme qui désamorce leurs inquiétudes et le blocage annoncé de notre pays le 5 décembre prochain ? Pas en 2040 j'espère, comme l'a dit le Président de la République ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. le président. La parole est à M. le haut-commissaire aux retraites.
M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites. C'est parce qu'il y avait une très grande inquiétude quant à la fiabilité des systèmes actuels, dénoncés par tous comme complexes, illisibles et inadaptés aux mobilités professionnelles, que le Président de la République et le Premier ministre ont souhaité…
M. Jean-Louis Bricout. Touche pas à ma retraite !
M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire. …élaborer un projet de système de retraite universel.
M. Éric Ciotti. C'est du vent !
Mme Marie-Christine Dalloz. La réforme a rétréci au lavage !
M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire. Ce qui ressort en premier des plateformes de concertation est la volonté d'avoir les mêmes règles pour tous, c'est-à-dire l'universalité. La deuxième règle est la fin de certaines particularités des régimes spéciaux, dont le régime parlementaire. Vous êtes d'ailleurs trop modestes, car l'opinion ignore que vous avez eu le courage, dès le début de la législature, d'intégrer le régime de retraite des parlementaires dans le régime général, au nom de l'équité que vous revendiquez dans vos actions de tous les jours. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM, ainsi que sur quelques bancs du groupe UDI-Agir.)
Sur ce projet de contrat social et de cohésion nationale, il est difficile d'imaginer que l'on ne prenne pas son temps. Nous ressentons toutes les inquiétudes que vous soulevez dans les trois cent cinquante réunions organisées avec les ministres concernés, afin d'offrir, profession par profession, un chemin de convergence…
M. Bernard Deflesselles. Un chemin de croix !
M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire. …pour adhérer au régime universel, qui sera plus redistributif, plus généreux envers les femmes, plus respectueux des carrières précaires et courtes, plus favorable aux agriculteurs, en un mot, plus juste !
M. le président. La parole est à M. Pierre Vatin.
M. Pierre Vatin. Mais alors, monsieur le haut-commissaire, pourquoi les gens vont-ils manifester le 5 décembre prochain ? (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.)
M. Édouard Philippe, Premier ministre. Vous en êtes là ? Bravo les gars, chapeau !
M. Pierre Vatin. Vous tentez de nous rassurer aujourd'hui, mais les Français ne semblent absolument pas convaincus.
Enfin, il semblerait que votre opinion et celle du Président de la République divergent, si bien que nous ne nous y retrouvons pas du tout.
Auteur : M. Pierre Vatin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Retraites : généralités
Ministère interrogé : Retraites
Ministère répondant : Retraites
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 novembre 2019