Question au Gouvernement n° 2432 :
manifestation du 5 décembre

15e Législature

Question de : M. Adrien Quatennens
Nord (1re circonscription) - La France insoumise

Question posée en séance, et publiée le 20 novembre 2019


MANIFESTATION DU 5 DÉCEMBRE 2019

M. le président. La parole est à M. Adrien Quatennens.

M. Adrien Quatennens. Monsieur le Premier ministre, le 5 décembre, nous manifesterons.

Nous manifesterons, car le retrait de votre réforme des retraites serait dans l'intérêt de tout le peuple français. Nous manifesterons, car la retraite est un autre âge de la vie, qu'il faut cajoler, et non une équation à résoudre sur un coin de table. Nous manifesterons, car le système par points ne corrigera en rien les inégalités d'espérance de vie entre le cadre et l'ouvrier, entre le riche et le pauvre. Nous manifesterons, car ni l'universalité ni la lisibilité ne saurait justifier une harmonisation par le bas qui rendrait la vie plus dure. Nous manifesterons, car nous refusons la division du peuple français que vous visez en agitant les régimes spéciaux, qui ne concernent pourtant que 3 petits % de la population active. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

Nous manifesterons, car il est vain d'exiger des Français qu'ils travaillent plus longtemps alors qu'à l'âge de partir en retraite, un actif sur deux n'a déjà plus d'emploi. Nous manifesterons, car votre intention réelle n'est pas d'améliorer la vie, mais de faire des économies sur le dos des futurs retraités de ce pays. Nous manifesterons, car votre choix de plafonner à 14 % la part des retraites dans le produit intérieur brut alors que la part des seniors dans la population continuera d'augmenter vous conduira à baisser les pensions ou à obliger les Français à travailler au-delà de l'espérance de vie en bonne santé. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI. – Mmes Marie-George Buffet et Laurence Dumont applaudissent également.)

Nous manifesterons, car nous comprenons ce que signifie la satisfaction des assureurs et des banques à l'idée de voir votre réforme s'appliquer. Nous manifesterons, car nous savons qu'il est possible de financer d'autres choix, par exemple la liberté de partir à un âge où on n'est pas cassé par le travail, dès 60 ans, avec un niveau de pension digne. Nous manifesterons – et c'est votre rôle que de permettre au peuple français de le faire en toute sécurité, sans fracturer le pays ou trier les Français en autorisant des représentants de l'État à se déclarer comme étant d'un camp adverse.

Le 5 décembre, nous manifesterons. Sur cette réforme, êtes-vous prêt à battre en retraite ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI et sur quelques bancs du groupe GDR. –  M. Jean-Louis Bricout applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. le haut-commissaire aux retraites.

M. Éric Straumann. Il va battre en retraite !

M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites. Je vous remercie, monsieur Quatennens, de nous avoir donné les raisons pour lesquelles vous souhaitiez manifester le 5 décembre prochain. Permettez-moi de vous dire à quel point certains de vos arguments sont démentis par les faits.

Vous affirmez que, la part du gâteau restant stable et le nombre de retraités augmentant, les pensions baissent. Or, depuis dix ans, le montant moyen de la pension a augmenté de 20 %, le nombre de retraités a augmenté de 2 millions et la part du gâteau est restée stable à 14 %.

M. Adrien Quatennens. C'est faux !

M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire. Le rapport qui sera remis jeudi par le Conseil d'orientation des retraites vous apportera la confirmation claire de ce que je viens de dire.

M. Jean-Pierre Vigier. Demandez aux agriculteurs !

M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire . Deuxièmement, vous affirmez que nous cherchons à faire des économies alors que nous souhaitons au contraire garantir l'avenir et la stabilité d'un système, en faisant en sorte que celui-ci trouve rapidement un équilibre et assure plus de solidarité en faveur des précaires (Exclamations sur les bancs du groupe FI), en faveur des femmes.

Mme Danièle Obono. N'importe quoi ! C'est incroyable !

M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire . Nous venons de faire une simulation qui prévoit que l'écart moyen des pensions entre les hommes et les femmes à la retraite, actuellement de 40 %, serait diminué de 10 à 20 %.

M. Éric Straumann. C'est mécanique, pour des raisons démographiques !

M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire . Ce projet soucieux de garantir la cohésion de la nation suppose que les mêmes règles s'appliquent à tous, suivant un principe de légalité que j'aurais souhaité vous voir partager. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur plusieurs bancs des groupes MODEM et UDI-Agir.)

Données clés

Auteur : M. Adrien Quatennens

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Ordre public

Ministère interrogé : Éducation nationale et jeunesse (M. le secrétaire d'État auprès du ministre)

Ministère répondant : Éducation nationale et jeunesse (M. le secrétaire d'État auprès du ministre)

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 novembre 2019

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