Politique de maintien de l'ordre
Question de :
Mme Sabine Rubin
Seine-Saint-Denis (9e circonscription) - La France insoumise
Question posée en séance, et publiée le 3 juin 2020
POLITIQUE DE MAINTIEN DE L'ORDRE
M. le président. La parole est à Mme Sabine Rubin.
Mme Sabine Rubin. Monsieur le ministre de l'intérieur, le 25 mai dernier, aux États-Unis, un Afro-Américain de 46 ans, George Floyd, était assassiné par la police. La répression sociale et policière qui s'exerce quotidiennement contre des femmes et des hommes en raison de leur couleur de peau sont des actes abominables. Nos médias et politiques s'en émeuvent d'ailleurs à juste titre.
Hélas, le racisme n'est pas un produit d'importation. Nul besoin de traverser l'Atlantique pour rencontrer cette même répression abusive, cette même discrimination.
M. François Cormier-Bouligeon. N'importe quoi ! C'est scandaleux de comparer les situations française et américaine qui n'ont rien à voir !
Mme Sabine Rubin. Alors que George Floyd agonisait à Minneapolis, à Bondy, un collégien de 14 ans, Gabriel Djordjevic, était gravement blessé dans la nuit du 25 au 26 mai. Soupçonné d'un vol de scooter, arrêté près de la nationale 3, son visage est maintenant enfoncé, la paroi orbitaire brisée. Quel type d'homme, avec ou sans uniforme, peut ainsi délibérément frapper au visage un gamin à terre et sans défense ?
Pour les policiers, il s'agit d'une simple chute, mais n'est-ce pas plutôt que Gabriel est l'un de ces indésirables qu'évoque le tout récent rapport du défenseur des droits, que j'ai d'ailleurs saisi. Gabriel est membre d'une communauté dont l'un de vos prédécesseurs n'hésitait pas à dire qu'elle n'avait pas vocation à s'intégrer dans notre pays.
Pourtant, Gabriel est aujourd'hui le visage d'une certaine France, le visage d'une république de nos quartiers, laquelle est abîmée, défigurée, et qu'aujourd'hui même vous empêchez de manifester pour réclamer justice.
M. François Cormier-Bouligeon. N'importe quoi !
Mme Sabine Rubin. Parce que notre devise ne devrait pas être « liberté, égalité, impunité » (« Quelle honte ! », sur plusieurs bancs du groupe LaREM), la violence policière ne peut plus être réduite à un agrégat de défaillances individuelles : il faut agir !
Vendredi dernier, le groupe La France insoumise a adressé un courrier au Premier ministre, proposant une série de mesures : en avez-vous pris connaissance ? Envisagez-vous enfin de vous en inspirer pour revenir à cette police républicaine qui protège au lieu d'effrayer, une police garante de la paix sociale ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
M. François Cormier-Bouligeon. Soutenez-la, la police, au lieu de l'insulter !
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Aux États-Unis, un homme est mort, provoquant une vague d'indignation et de colère dans le pays et bien au-delà. Je n'ai pas de commentaire à faire sur la situation américaine. En revanche, j'en aurai un à faire, simple et sans appel, sur la situation générale : le racisme et la haine n'ont pas leur place dans notre société. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et MODEM. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)
Ne criez pas, madame la députée, je crois que, jusque-là, vous n'êtes pas en désaccord avec mon propos.
M. Fabien Di Filippo. En effet, qui peut être en désaccord avec de telles phrases ?
M. Christophe Castaner, ministre . Le racisme divise, le racisme oppose et, oui, madame la députée, le racisme tue. Et il y a une police, républicaine, qui, dans ce pays, protège les femmes et les hommes de tout, y compris du racisme. Il y a une police républicaine qui est engagée, jour et nuit, pour la sécurité de nos concitoyens. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
Je peux donc l'affirmer, madame la députée : nous combattons le racisme avec force et nous le faisons sur tous les fronts chaque fois que c'est nécessaire. Un plan national de lutte contre le racisme et l'antisémitisme continue d'être déployé. J'étais vendredi à Marseille où nous expérimentons un réseau d'enquêteurs spécialisés sur cette question. Avec la plateforme PHAROS – plateforme de d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements – ou la proposition de loi dite « Laetitia Avia » contre les contenus haineux sur internet qui alimentent la machine du racisme, ce sont autant d'initiatives sur lesquelles nous devons nous mobiliser.
Dans chaque groupement et chaque direction départementale de la sécurité publique, nous avons nommé un référent contre le racisme : ce combat est au cœur de notre action. Il s'agit également, madame la députée, d'un sujet majeur de formation. Nous travaillons dans ce domaine avec la DILCRAH – délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT – et nous avons associé la LICRA – Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme – afin de faire en sorte que, à chaque instant, le combat contre le racisme et l'antisémitisme fasse l'honneur de la République et de la police républicaine. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)
Auteur : Mme Sabine Rubin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Police
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 3 juin 2020