Politique de relance économique
Question de :
M. Bastien Lachaud
Seine-Saint-Denis (6e circonscription) - La France insoumise
Question posée en séance, et publiée le 17 juin 2020
POLITIQUE DE RELANCE ÉCONOMIQUE
M. le président. La parole est à M. Bastien Lachaud.
M. Bastien Lachaud. « Travailler et produire davantage », voilà le monde d'après que le Président de la République nous a proposé dimanche soir dans un océan d'autosatisfaction mielleuse. Il promettait le « monde d'après ». Tout devait changer et voilà que rien ne change. Il disait : « L'économie sera sauvée quoi qu'il en coûte », mais il fallait comprendre : « Je vous ferai payer les plans de soutien, je vous ferai rembourser la dette. » Nous n'en sommes même plus au « travailler plus pour gagner plus » mais au « travailler plus pour rembourser plus ».
Travailler encore plus longtemps, allonger le temps de travail, raccourcir les congés payés, repousser l'âge de départ à la retraite, voilà ce que le Président a annoncé dimanche soir. C'est absurde car augmenter la durée du travail, c'est baisser les salaires et maintenir des millions de Français au chômage, c'est affaiblir la demande intérieure et alimenter la récession. C'est absurde car produire davantage, c'est nous envoyer dans le mur de la crise écologique, produire toujours plus pour perpétuer le grand déménagement du monde. Or le productivisme épuise la nature et les travailleurs.
Il faut faire tout l'inverse : il faut engager la bifurcation écologique, planifier la relocalisation des activités, produire ce dont nous avons vraiment besoin. Il faut partager le temps de travail pour que chacun ait un emploi. Il faut partager la richesse produite pour que chacun puisse vivre dignement de son travail. Jamais les Français n'ont été aussi productifs, jamais la France n'a été aussi riche, c'est donc possible.
Mais vous encouragez les ultra-riches à s'accaparer toute la richesse, laissant des miettes à ceux qui la produisent. Arrêtez de sous-entendre que les Français s'abandonneraient à la mollesse et devraient retrouver le sens de l'effort. C'est vous qui organisez le déclin de la France. Les Français ont le sens de l'effort et du travail bien fait. Aussi la bifurcation écologique leur redonnera-t-elle un objectif à la hauteur des enjeux de notre temps. Le partage du travail et des richesses leur rendra le goût du bonheur. Qu'attendez-vous, monsieur le Premier ministre ?
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie et des finances.
M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances. Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! Nous n'avons visiblement pas entendu la même intervention du Président de la République, dimanche soir. Notre priorité absolue – celle du Premier ministre, du Président de la République et de toute notre majorité –, c'est l'emploi. Vous connaissez la situation actuelle, vous voyez ce qui nous attend ; dans ce contexte, tout a été fait – le chômage partiel, les mesures de relance, les mesures sectorielles – pour soutenir l'emploi dans notre pays.
Nous ne sommes pas là pour soutenir les ultra-riches ou je ne sais quelle catégorie de notre population, mais pour permettre à tous les Français de trouver un travail dans cette période de crise économique. Nous sommes là pour relancer notre économie ; c'est à cela que servira le débat que nous aurons en juillet sur les mesures de relance pour le tourisme, l'hôtellerie, la restauration, l'aéronautique, l'industrie automobile, la French Tech, le commerce et les indépendants. Nous sommes là pour accélérer la transition écologique à laquelle vous aspirez et à laquelle nous aspirons tous. S'il faut, pour cela, injecter dans l'économie de l'argent public, conduire la rénovation énergétique des bâtiments, fixer des conditions au soutien que nous apportons aux entreprises publiques, qu'à cela ne tienne : nous voulons une relance verte, une relance écologique. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.)
M. Bastien Lachaud. Arrêtez !
M. Bruno Le Maire, ministre . Comme l'a indiqué le Président de la République, nous mettons sur la table beaucoup d'argent public – près de 500 milliards d'euros – pour sauver notre économie et préserver les emplois car nous voulons qu'à la sortie de la crise, notre économie soit plus forte.
M. Bastien Lachaud. Allez le dire à Renault !
M. Bruno Le Maire, ministre . Cela augmente notre dette, et cette dette – c'est peut-être notre seul point de divergence avec vous –, il faut bien la rembourser. En effet, vous aurez du mal à convaincre des investisseurs de venir en France pour soutenir notre économie si vous leur dites que vous ne rembourserez pas, un jour, l'argent que vous leur avez emprunté. Nous assumons le choix de l'endettement pour préserver notre économie, mais le moment venu, il faudra rembourser la dette, par la croissance et le travail. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe MODEM.)
Auteur : M. Bastien Lachaud
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique économique
Ministère interrogé : Économie et finances
Ministère répondant : Économie et finances
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 17 juin 2020