Question au Gouvernement n° 3122 :
Lutte contre le décrochage scolaire

15e Législature

Question de : Mme Sylvie Tolmont
Sarthe (4e circonscription) - Socialistes et apparentés

Question posée en séance, et publiée le 25 juin 2020


LUTTE CONTRE LE DÉCROCHAGE SCOLAIRE

M. le président. La parole est à Mme Sylvie Tolmont.

Mme Sylvie Tolmont. Hier, les écoliers et les collégiens ont repris le chemin de leur établissement, et le Gouvernement a appelé les parents à « avoir confiance dans l'institution ». Mais, il s'agirait de savoir s'il en va de même de votre part, monsieur le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. En effet, cette reprise se fait sous tension pour des personnels désabusés par les injonctions contradictoires et les consignes changeantes, voire inapplicables, le tout sur fond d'une campagne de dénigrement des professeurs, d'une violence inédite et grandement alimentée par la majorité.

Peu de mots ont été prononcés par le Président de la République ou le Gouvernement pour rendre hommage au travail formidable et responsable qu'ils ont mené pour assurer la continuité pédagogique durant la crise. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et GDR, ainsi que sur quelques bancs du groupe FI. – Mme Albane Gaillot applaudit également.)

Un député du groupe LaREM . C'est le monde à l'envers !

Mme Sylvie Tolmont. Faisant preuve d'initiative, malgré une expertise numérique inégale et l'utilisation de leur propre matériel, faute d'outils opérationnels mis à leur disposition, ils se sont adaptés pour maintenir le lien, essentiel, avec les élèves et accueillir, il est bon de le rappeler, 30 000 enfants de personnels soignants. D'ailleurs, 75 % des parents interrogés ne s'y sont pas trompés en leur exprimant leur reconnaissance.

Comme vous, monsieur le ministre, nous faisons le rêve d'une unité retrouvée autour d'une école de la réussite et de la justice sociale. Mais la nôtre ne se berce pas de mots ni de promesses non tenues. (Protestations sur quelques bancs du groupe LaREM.) Les « vacances apprenantes » ne permettront pas de rattraper le retard scolaire des enfants, dès lors que s'annonce pour la rentrée la multiplication des suppressions de classes, de postes d'enseignants et d'agents du réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté – RASED.

Parce qu'il estime nécessaire l'articulation des différentes phases de la reprise, des vacances estivales, de la rentrée et de l'année scolaire 2020-2021 dans une continuité éducative, le parti socialiste a présenté vingt-neuf propositions très concrètes destinées à arrêter d'improviser l'école dans un système éducatif miné par des inégalités structurelles à corriger.

Monsieur le ministre, au-delà de la communication, nous souhaitons connaître les moyens financiers, humains et matériels qui seront débloqués pour compenser, à la rentrée, le décrochage scolaire dû au confinement. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et GDR.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Nous pourrions être d'accord si vous en aviez envie. Vous avez eu la gentillesse de rappeler la formule que j'ai utilisée récemment sur l'impératif pour la France entière de s'unir autour de son école. Ne cultivons pas de faux clivages ! J'ai rendu hommage aux professeurs des dizaines de fois depuis le début de la crise, et je le fais bien volontiers devant la représentation nationale une nouvelle fois. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, MODEM et Agir ens, et sur quelques bancs du groupe UDI-I.)

M. Fabien Di Filippo. Ils attendent autre chose de nous !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Nous sommes d'accord : ne cherchez donc pas à faire semblant d'être en désaccord sur le sujet, car cela crée de la désunion. Créons de l'union en rendant hommage aux professeurs de France, qui ont, en effet, reçu l'approbation de 75 % des parents ! Je ne cesse de rappeler cette statistique et je soutiens bien entendu les professeurs, qui exercent l'un des métiers les plus nobles qui soient, cette conviction étant au fondement de toutes mes idées sur l'éducation.

M. Fabien Di Filippo. Qui sont à géométrie variable !

Mme Sylvie Tolmont. Il faut des moyens !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Oui, nous sommes unis sur ce point.

Que faisons-nous pour préparer une rentrée qui tienne compte des circonstances ? Vous avez porté un jugement négatif sur ce qui a été entrepris au cours des derniers mois : reconnaissez que nous avons dû faire face à des contraintes hors du commun ! Tous les pays d'Europe ont dû les affronter, et je vous invite à nous comparer à eux. La France est le pays dont le déconfinement scolaire est le plus large : depuis hier, au moins 75 % des élèves et des collégiens sont rentrés en classe. Regardez l'Angleterre ! Regardez l'Espagne ! Regardez l'Italie ! Regardez même l'Allemagne ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM. – Exclamations sur les bancs du groupe SOC.) Puis nous en reparlerons !

M. Fabien Di Filippo. Cela ne va pas être à votre avantage !

M. David Habib. Pas ça !

Mme Elsa Faucillon. Et les salaires ?

M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Soyons unis pour réussir !

M. Fabien Di Filippo. Marketing Blanquer !

M. Thibault Bazin. La flûte enchantée !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Comment préparons-nous la rentrée ? Il y a, en effet, les « vacances apprenantes », mais également les préparations de rentrée. Pour vous dire l'esprit d'union qui m'anime, je regarderai évidemment vos propositions. Je dialogue en ce moment avec les organisations syndicales pour préparer la rentrée.

M. Maxime Minot. Mais arrêtez !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Des moyens supplémentaires sont alloués à l'école : dès le confinement, nous avons créé 1 400 postes en plus des 400 prévus dans le premier degré. Aucun Gouvernement n'avait fait cela en cours d'année budgétaire. (Exclamations sur les bancs du groupe SOC.) Chaque enfant en difficulté bénéficiera à la rentrée d'une aide personnalisée,…

M. Maxime Minot. Nul, nul, nul !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre . …car nous serons attentifs à chacun d'entre eux. C'est ça, la République, c'est ça, l'école,…

M. Boris Vallaud. C'est ça, l'injustice !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. …autour desquelles nous devons être unis ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)

Données clés

Auteur : Mme Sylvie Tolmont

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : Éducation nationale

Ministère répondant : Éducation nationale

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 25 juin 2020

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