Formation des forces de l'ordre
Question de :
Mme Sabine Rubin
Seine-Saint-Denis (9e circonscription) - La France insoumise
Question posée en séance, et publiée le 25 juin 2020
FORMATION DES FORCES DE L'ORDRE
M. le président. La parole est à Mme Sabine Rubin.
Mme Sabine Rubin. Monsieur le ministre de l'intérieur, « Ce gouvernement, je le caractérise d'un mot ; la police partout, la justice nulle part. » Cette sentence est celle d'un homme dont personne parmi nous ne doute de l'attachement à la République et à ses valeurs : Victor Hugo.
Tous ici en convenons : la police républicaine est une institution qui doit garantir la paix publique. Essentielle au fonctionnement de la cité, elle ne saurait souffrir aucun manquement, aucune outrance. Elle ne devrait pas être l'instrument aveugle d'une répression disproportionnée et parfois meurtrière.
Le 3 janvier dernier, Cédric Chouviat, un livreur de 42 ans, mourait pourtant d'un malaise cardiaque à la suite d'une interpellation policière. « J'étouffe, j'étouffe », voilà ces dernières paroles. Plaquage ventral, étranglement – techniques barbares dont vous vous étiez alors ému à juste titre, promettant des changements.
Depuis, c'est la pression de l'opinion publique, la multiplication des affaires qui vous obligent à vous remettre à l'ouvrage, mais la réponse des éléments les plus réactionnaires de la police nationale ne s'est pas fait attendre : le syndicat Alliance, pour ne nommer que lui, encourage les provocations.
Hier soir, à proximité de cette enceinte, des policiers en armes manifestaient en toute illégalité. Et cela, alors même que votre gouvernement poursuit le confinement de la contestation sociale, multipliant les interdits autour des manifestations. À Stains, les policiers exigent que l'on censure une œuvre d'art.
Monsieur le ministre, vous nous trouverez toujours au côté des policiers pour appuyer leurs revendications en matière de salaires, de formation, de moyens humains et de logistique supplémentaires. (Murmures sur les bancs du groupe LaREM.)
M. Rémy Rebeyrotte. Et de démagogie !
Mme Sabine Rubin. Mais nous serons aussi toujours du côté de la République pour défendre le droit de nos concitoyens face aux exactions d'une poignée de factieux.
Vous êtes aujourd'hui au milieu du gué : soyez enfin républicain, monsieur Castaner ; ne restez pas sous l'emprise de syndicats…
M. le président. Merci, chère collègue.
Mme Sabine Rubin. …et condamnez fermement ces agissements factieux. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Madame la députée, qu'ils soient parlementaires ou ministres, en tant que dépositaires de la puissance publique, les représentants de la République – justement – doivent se montrer à la hauteur de ce que les forces de l'ordre font au quotidien pour assurer la sécurité de tous nos administrés, de tous nos concitoyens, de tous les Français.
La fresque de Stains que vous avez évoquée me choque.
Mme Sabine Rubin. Et la liberté d'expression, ça vous choque ?
M. Éric Coquerel. C'est hallucinant !
M. Christophe Castaner, ministre . Je partage l'indignation de celles et ceux qui trouvent totalement scandaleux…
M. Philippe Gosselin. Oui, cette fresque est scandaleuse.
M. Christophe Castaner, ministre . …de faire un amalgame et d'inaugurer, ceint de l'écharpe bleu blanc rouge, une fresque visant à montrer que la police serait, par nature, violente.
Non, madame la députée, il n'y a pas, en République, de violence illégitime portée par nos forces de sécurité intérieure. Il y a, chaque jour, des femmes et des hommes qui se mobilisent…
M. Pierre Cordier. Essaie de te raccrocher aux branches !
M. Christophe Castaner, ministre . …et qui s'emploient à protéger la République. Ils sont légitimes quand ils utilisent la force – ne faites pas d'amalgame –, mais celle-ci doit être utilisée de façon proportionnée, adaptée, adéquate et nous devons veiller à leur formation,…
M. Pierre Cordier. Le mal est fait, Castaner !
M. Christophe Castaner, ministre . …aux techniques qu'ils utilisent et faire en sorte que, s'il y a faute, il y ait instruction, enquête et sanction. C'est cela, la République.
Vous avez évoqué le décès de Cédric Chouviat. Dans les jours qui ont suivi son décès, j'avais reçu sa famille. J'ai partagé avec elle l'émotion bien légitime de toute la nation sur ce qui s'est passé. J'ai pris des engagements. J'ai immédiatement saisi le directeur général de la police nationale et celui de la gendarmerie nationale qui nous ont remis, à Laurent Nunez et à moi-même, un rapport sur l'ensemble des techniques qui peuvent présenter un risque. C'est sur la base de leurs préconisations qu'avec Laurent Nunez,…
M. Pierre Cordier. Heureusement qu'il est là, Nunez !
M. Christophe Castaner, ministre . …nous avons pris des décisions.
Mais, madame la députée, je n'appartiens pas au camp de ceux qui président votre groupe et souhaitent désarmer de façon systématique nos forces de sécurité intérieure. Celles-ci ont besoin d'être défendues, elles ont besoin d'être protégées ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
M. Jean-Luc Mélenchon. Il est beau, l'ancien socialiste ! Éborgneur !
Auteur : Mme Sabine Rubin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Police
Ministère interrogé : Intérieur
Ministère répondant : Intérieur
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 25 juin 2020