Politique du Gouvernement
Question de :
Mme Virginie Duby-Muller
Haute-Savoie (4e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 9 juillet 2020
POLITIQUE DU GOUVERNEMENT
M. le président. La parole est à Mme Virginie Duby-Muller.
Mme Virginie Duby-Muller. Monsieur le Premier ministre, puisqu'il me revient de vous poser la toute première question d'actualité, je vous adresse, au nom du groupe Les Républicains, nos félicitations républicaines pour votre entrée en fonction. Je regrette votre choix politique mais je souhaite avant tout la réussite de la France, et donc le succès de votre gouvernement. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM, MODEM, UDI-I et Agir ens.)
M. Pierre Cordier. Attendez un peu avant d'applaudir !
M. Fabien Di Filippo. C'est les mêmes !
Mme Virginie Duby-Muller. En revanche, j'ai beaucoup de mal à imaginer comment vous allez pouvoir, en même temps, mener votre politique et rester fidèle à vos convictions. Vous vous dites gaulliste social, mais ne nous y trompons pas : votre gouvernement penchera bien plus à gauche que vous.
Plusieurs députés du groupe SOC . Ah non !
Mme Virginie Duby-Muller. Malgré vos tentatives peu réussies de recrutement à droite, c'est bien un programme de gauche que vous allez devoir appliquer.
Pourtant, monsieur le Premier ministre, les Français n'en peuvent plus. Ils attendent un changement de politique, pas un recyclage de ministres avec quelques têtes d'affiche.
M. Pierre Cordier. Très bien !
Mme Virginie Duby-Muller. D'ailleurs, les trois quarts de vos ministres étaient déjà membres du précédent gouvernement.
M. Fabien Di Filippo. Et ils ont échoué !
Mme Virginie Duby-Muller. Incapables de réformer durablement le pays, ils ont accentué les fractures économiques, sociales et territoriales.
M. Fabien Di Filippo. C'est vrai !
Mme Virginie Duby-Muller. Comment avez-vous pu vous féliciter, dès votre prise de fonction, que la France ait l'un des taux de croissance les plus élevés d'Europe en 2019 alors qu'elle était vingt-quatrième sur vingt-huit ?
M. Michel Herbillon. Tous les indicateurs sont au rouge !
M. Pierre Cordier. C'est pas mal, quand même !
Mme Virginie Duby-Muller. Comment pouvez-vous vous inscrire dans une politique migratoire laxiste ayant fait entrer, l'année dernière, 276 000 nouveaux immigrés légaux – un record –, soit 49 % de plus que sous Nicolas Sarkozy ?
M. Pierre Cordier. Mais qui conseillait le président Sarkozy ?
Mme Virginie Duby-Muller. Comment conduire une vraie réforme des retraites et mettre en place une mesure d'âge indispensable pour préserver les pensions des Français quand plusieurs de vos ministres y sont ouvertement défavorables ?
Répondez-nous, et dites-nous la vérité. Comme nouveau capitaine du Gouvernement, avez-vous le courage de reconnaître que le cap n'était pas le bon et qu'il est urgent d'en changer ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. Jean-Paul Lecoq. Et vous, vous êtes encore dans l'opposition ?
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (Applaudissements prolongés sur les bancs des groupes LaREM et Agir ens, ainsi que sur quelques bancs du groupe MODEM. – « Debout ! » sur plusieurs bancs des groupes LR et GDR. – Plusieurs députés des groupes LaREM et Agir ens se lèvent.)
M. Pierre Cordier. Ils ont du mal à se lever !
M. Fabien Di Filippo. C'est laborieux !
M. Alexis Corbière. C'est beau, la foi !
M. Michel Herbillon. Ils l'applaudissent alors qu'il n'a pas encore parlé !
M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues ! Seul M. le Premier ministre a la parole. Écoutez-le !
M. Raphaël Schellenberger. Il n'est pas là pour parler, mais pour exécuter les décisions de l'Élysée !
M. Jean Castex, Premier ministre. Je voudrais d'abord vous dire toute l'émotion et tout l'honneur que je ressens, m'exprimant aujourd'hui pour la première fois en ma qualité de Premier ministre devant la représentation nationale. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Agir ens, ainsi que sur quelques bancs du groupe MODEM.)
M. Pierre Cordier. Pour le moment, nous sommes d'accord !
M. Maxime Minot. Il n'a encore rien dit, soyez patients !
M. Jean Castex, Premier ministre . Sachez que j'ai et que j'aurai toujours un grand respect pour le Parlement et pour l'Assemblée nationale.
M. Jean-Luc Mélenchon. C'est le minimum !
M. Alexis Corbière. C'est la base !
M. Pierre Cordier. Ce serait une rupture !
M. Jean Castex, Premier ministre . Je m'emploierai toujours, vis-à-vis de vous comme de l'ensemble de la nation, à incarner les valeurs de respect et de dialogue.
M. Éric Coquerel. Ça cache quelque chose !
M. Pierre Cordier et M. Patrick Hetzel . Jusqu'ici, tout va bien !
M. Jean Castex, Premier ministre . Oui, jusqu'ici tout va bien ! (Sourires.)
Il n'aura échappé à personne – en tout cas, pas à vous, madame Duby-Muller – que ce nouveau gouvernement…
M. Fabien Roussel. Est un gouvernement de droite !
Mme Clémentine Autain. Et de droite !
Plusieurs députés du groupe LR . Est un gouvernement de gauche !
M. Jean Castex, Premier ministre . …entre en fonction dans un contexte très particulier…
M. Fabien Di Filippo. Celui de l'échec du quinquennat !
M. Jean Castex, Premier ministre . …celui d'une crise sanitaire d'une ampleur exceptionnelle qui, vous le savez, n'est pas terminée…
M. Fabien Di Filippo. Elle a été mal gérée !
M. Éric Coquerel. On enfonce des portes ouvertes !
M. Jean Castex, Premier ministre . …et d'une crise économique et sociale qui a déjà commencé et qui s'annonce sans doute comme la plus difficile que la France, l'Europe et le monde…
M. Jean-Luc Mélenchon. La galaxie, même !
M. Jean Castex, Premier ministre . …auront à affronter depuis la crise de 1929. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe FI.)
M. Maxime Minot. Allez, accélérez !
M. Fabien Di Filippo. En fait, c'est Édouard Philippe, mais au ralenti…
M. Jean Castex, Premier ministre . Avec les valeurs qui sont les miennes, j'ai l'honneur de diriger ce gouvernement, qui sera un gouvernement de combat. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes LaREM et Agir ens.)
M. Ugo Bernalicis. Un gouvernement de droite !
M. Jean-Luc Mélenchon. C'est du blabla !
M. Jean Castex, Premier ministre . …tourné vers l'efficacité,…
M. Fabien Di Filippo. Et vers la réélection du Président de la République !
M. Jean Castex, Premier ministre . …un gouvernement de dialogue, un gouvernement des territoires. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes LaREM et Agir ens.)
M. Jean-Luc Mélenchon. Ça ne veut rien dire !
M. Jean Castex, Premier ministre . Cela ne répond pas simplement à une conviction, dans le cadre des orientations dégagées par le Président de la République : ce sera surtout un gage d'efficacité dans la lutte contre la crise.
M. Raphaël Schellenberger. Cela ne sera pas suffisant !
M. Maxime Minot. Paroles, paroles ! Il est temps de passer aux actes !
M. Jean Castex, Premier ministre . Nous devrons être unis. Nous allons engager un plan de relance ambitieux,…
Mme Valérie Beauvais. Vous prononcez déjà votre déclaration de politique générale ?
M. Jean Castex, Premier ministre . …marqué par la nécessité de faire face aux drames humains que subiront des personnes et des territoires…
M. Raphaël Schellenberger. Finalement, on préférait Édouard Philippe !
M. Stéphane Peu. Est-ce un discours de politique générale ?
M. Jean Castex, Premier ministre . …et qui sera d'autant plus efficient que, dans la continuité de la logique de transformation qui irrigue ce quinquennat, nous investirons dans l'avenir, la transition écologique, les territoires et la solidarité nationale. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
Le Gouvernement aujourd'hui constitué est tout au service de ces ambitions.
M. Jean-Luc Mélenchon. Misère ! Ça va durer longtemps ?
M. Fabien Di Filippo. Cela fait cinq minutes que vous parlez pour ne rien dire !
M. Jean Castex, Premier ministre . Je veillerai personnellement aux résultats et à l'efficacité de notre action au service de la France. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Agir ens.)
M. Raphaël Schellenberger. Il n'a rien dit !
M. Fabien Di Filippo. C'est lénifiant !
M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues ! Calmez-vous !
Auteur : Mme Virginie Duby-Muller
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Gouvernement
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 9 juillet 2020