Question au Gouvernement n° 3408 :
Politique sanitaire

15e Législature

Question de : Mme Nathalie Serre
Rhône (8e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 14 octobre 2020


POLITIQUE SANITAIRE

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Serre.

Mme Nathalie Serre. Monsieur le Premier ministre, savez-vous qui a dit récemment : « On n'y comprend plus rien, ce n'est pas bien géré et ce n'est pas bien expliqué » ?

M. Fabien Di Filippo. C'est Macron !

Mme Nathalie Serre. C'est le Président de la République lui-même. La presse nous présente d'ailleurs son intervention télévisée de demain soir comme un recadrage du Gouvernement.

M. Boris Vallaud. Ah…

Mme Nathalie Serre. Monsieur le Premier ministre, la réalité de vos cent premiers jours, c'est que votre gestion d'aujourd'hui est pire que celle d'hier,…

M. Boris Vallaud. C'est dire !

Mme Nathalie Serre. …comme si vous n'aviez rien appris de vos erreurs.

M. Fabien Di Filippo. Je ne pense pas que Castex finira le mandat : les Français ne l'aiment pas !

Mme Nathalie Serre. Entre confinement, déconfinement et reconfinement, les Français ont bien du mal à vous suivre tant vous naviguez à vue, sans ligne directrice et sans méthode. Pire, votre communication et votre gestion ont tendance à opposer les Français : les jeunes aux aînés, les cafetiers aux restaurateurs, les rassemblements privés aux soirées organisées, les urbains aux ruraux.

Nos compatriotes sont prêts à faire beaucoup de sacrifices pour enrayer cette pandémie, mais ils ont besoin de clarté et de cohérence pour adhérer à vos mesures.

On nous dit que de nouvelles décisions devaient être annoncées dans les prochaines heures, que le Gouvernement pourrait prendre des mesures de restriction des libertés jusqu'à la fin mars 2021. Le climat est anxiogène au sein de la population française ; les élus locaux et les acteurs de terrain se sentent abandonnés par l'État qui leur impose des décisions d'en haut ; les secteurs économiques touchés veulent se rebeller.

Monsieur le Premier ministre, entendez-vous l'inquiétude de nos concitoyens ? Alors que la crise sanitaire est appelée à durer, quand allez-vous proposer une politique claire et cohérente qui permettra à tous les Français de continuer à vivre au temps de ce virus ? Faudra-t-il pour cela attendre demain soir et la déclaration du Président de la République qui ne ferait donc plus confiance à votre Gouvernement ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)

Plusieurs députés du groupe LR. Très bien !

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Un député du groupe LR. Et des masques !

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Comme on dit, madame la députée : tout augmente ! Avant, vous attendiez que nous ayons fait des annonces pour les déclarer nulles et dire qu'elles n'auraient pas d'effet. Maintenant, vous anticipez : nous n'avons pas encore ouvert la bouche que vous êtes déjà en train de les déclarer nulles ! (Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

M. Fabien Di Filippo. C'est le Président de la République qui a dit ça !

M. Olivier Véran, ministre . C'est quand même formidable. Je voudrais vous remercier pour toute l'énergie que vous mettez, en tant que parlementaire, à aider le Gouvernement et les Français à lutter avec efficacité contre une épidémie qui tue (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM), qui fait des malades, qui remplit nos hôpitaux.

M. Pierre Cordier. Un peu de modestie, monsieur Véran ! Quand on voit comment vous avez géré les masques !

Mme Valérie Beauvais. Soyez modeste !

M. Olivier Véran, ministre . Franchement, je crois que c'est être parfaitement à la hauteur de vos fonctions que de vous adonner à une polémique comme celle-ci.

Personne n'a prétendu que l'épidémie de coronavirus était stable, ni en France ni à l'étranger. Personne n'a considéré avoir, à ce jour, toutes les connaissances sur le virus permettant de prendre les bonnes mesures, pile-poil, au bon moment.

En revanche, je peux vous dire que nous faisons le maximum, avec les scientifiques, les médecins et les élus dans les territoires – qui tous éprouvent la nécessité absolue de faire preuve de cohésion et de courage, ce qui ne semble pas être votre cas –, pour nous battre aux côtés des Français contre cette épidémie et finir par vaincre ce virus.

M. Fabien Di Filippo. À chaque fois qu'il est interrogé, il perd ses moyens !

M. Olivier Véran, ministre . Nous avons présenté des mesures et notre stratégie, et nous le referons à chaque fois que ce sera nécessaire. Ces mesures doivent être adaptées à chaque territoire, à l'état de circulation du virus dans chaque métropole, dans chaque département. Elles sont ajustées pour ne pas réduire inutilement les libertés publiques. Nous adaptons le niveau de contraintes, j'y insiste, à celui de circulation du virus afin de protéger les hôpitaux, de sauver des vies et d'en finir avec l'épidémie. (Exclamations sur les bancs du groupe LR.)

Au printemps dernier, sur l'ensemble des bancs, il y avait des députés qui, conscients de la gravité du moment, montraient qu'ils avaient le sens de l'union nationale ; or l'unité, dans la période actuelle, est indispensable. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LaREM et Dem.)

M. Pierre Cordier. M. Véran, l'humilité n'est pas son fort !

Données clés

Auteur : Mme Nathalie Serre

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Santé

Ministère interrogé : Solidarités et santé

Ministère répondant : Solidarités et santé

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 octobre 2020

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