Développement du train à hydrogène
Question de :
M. Benoit Simian
Gironde (5e circonscription) - Libertés et Territoires
Question posée en séance, et publiée le 2 décembre 2020
DÉVELOPPEMENT DU TRAIN À HYDROGÈNE
M. le président. La parole est à M. Benoit Simian.
M. Benoit Simian. Ma question est, si je puis dire, une bouffée d'hydrogène.
Monsieur le ministre de l'économie, des finances et de la relance, l'Allemagne mettait en circulation, en septembre 2018, son premier train à hydrogène dans la gare de Bremervörde, grâce à notre fleuron industriel français, Alstom. Le prototype avait reçu l'homologation en juillet de la même année et, trois mois plus tard, le train Coradia iLint d'Alstom à hydrogène circulait, remplaçant la flotte diesel en service. Je souligne qu'équiper un réseau régional en train à hydrogène est dix fois moins coûteux que d'investir sur des caténaires. L'Allemagne n'est d'ailleurs pas la seule à opérer une transition vers l'hydrogène : l'Italie, à travers la société Ferrovie Nord Milano, vient tout juste de signer un contrat avec Alstom et, dans trente-six mois, le premier train à hydrogène sera mis en circulation en Lombardie. Les Anglais développeront, eux aussi, ce train en 2022 sur leur territoire.
Ce train, pensé par des ingénieurs des Hautes-Pyrénées, est une prouesse technologique (M. Jean-Luc Mélenchon applaudit) : faible niveau de bruit, vapeur d'eau comme gaz d'échappement, alimentation par pile à combustible à hydrogène ; tous les ingrédients y sont pour une magnifique recette à la française, en l'occurrence une réussite industrielle.
À l'occasion de la remise du rapport du Conseil d'orientation des infrastructures et de celui sur le verdissement de la flotte ferroviaire, le Gouvernement, avec le soutien du Parlement, s'était engagé en 2018 à mettre en circulation le premier train à hydrogène sur les rails français avant 2022. Or, malgré les 100 millions d'euros annoncés par Nicolas Hulot, le plan de relance – vous n'allez pas manquer d'y revenir –, l'engagement de cinq régions françaises pour une expérimentation, la mise sur la table de 8 millions par Alstom et autant par la SNCF, il s'avère que la France n'a passé à ce jour aucune commande ferme à notre fleuron industriel. Pourtant, la littérature existe, les financements sont là, mais tout semble rester bloqué au ministère de la parole.
Je ne voudrais pas que l'on sache développer le train à hydrogène dans d'autres pays européens, mais pas en France. Monsieur le ministre, quand pourrons-nous prendre une bouffée d'hydrogène sur les rails français ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LT et sur plusieurs bancs du groupe FI.)
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la biodiversité.
Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État chargée de la biodiversité. C'est vrai : l'hydrogène est l'avenir du transport en matière de transports lourds, en particulier de transport ferroviaire, et plus globalement un élément favorable à la décarbonation de notre économie.
Le développement du train à hydrogène fait partie de nos priorités – vous le savez, nous y avons travaillé. Parallèlement au plan de relance, qui comprend un effort inédit pour la pérennisation des petites lignes ferroviaires, un appel à manifestation d'intérêt a été lancé, l'hiver dernier, concernant la mobilité hydrogène dans le secteur ferroviaire. Il vise à développer une nouvelle offre grâce à des expérimentations de l'ensemble du système hydrogène.
L'État a consenti un effort inédit en allouant 22 millions d'euros aux quatre régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes, retenues pour un projet de partenariat avec Alstom et la SNCF, qui s'appuie sur des plateformes de trains régionaux existants, baptisé Régiolis hydrogène. Les premières circulations de ces trains sont envisagées pour 2022-2023, et ce délai sera tenu. Nous réaffirmons notre ambition en la matière en apportant un soutien supplémentaire de 4 millions d'euros à chacune des quatre régions sélectionnées. Destiné à la fois à la mise en place d'infrastructures dédiées et à d'autres projets connexes, ce soutien complémentaire correspond au coup d'accélérateur qui a permis, grâce au plan de 7 milliards en faveur du développement de l'hydrogène, la relance du programme, au mois de septembre par le ministère de l'économie et celui de la transition écologique.
Les projets de mobilité hydrogène développés par les régions seront éligibles aux deux appels à projets publiés le 15 octobre 2020, qui portent sur les briques technologiques et les démonstrateurs, ainsi que sur les écosystèmes territoriaux.
Tous ces soutiens de l'État doivent permettre de s'assurer que les quatre régions seront en mesure de passer commande de trains à hydrogène entre les mois de décembre et janvier prochains. Les projets de mobilité déployés par les collectivités, tout en bénéficiant à celles-ci, participeront au renforcement de la filière industrielle de l'hydrogène français, dont Alstom est l'un des porte-étendards et à laquelle nous resterons très attachés. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)
Auteur : M. Benoit Simian
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Transports ferroviaires
Ministère interrogé : Biodiversité
Ministère répondant : Biodiversité
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 2 décembre 2020