Question au Gouvernement n° 3621 :
Fermeture des lieux culturels

15e Législature

Question de : M. François Ruffin
Somme (1re circonscription) - La France insoumise

Question posée en séance, et publiée le 16 décembre 2020


FERMETURE DES LIEUX CULTURELS

M. le président. La parole est à M. François Ruffin.

M. François Ruffin. Monsieur le Premier ministre, le coronavirus a-t-il muté ? Y a-t-il aujourd'hui deux formes de covid-19 en France ? Si je vous le demande, c'est parce que ce virus se comporte décidément de manière bien étrange.

Il y a dix jours, pour le Black Friday, tous les magasins du boulevard Haussmann étaient bondés : pourtant, le covid-19 ne s'y propageait pas. Ce week-end, les chalands ont fait la queue devant Zara : le virus se tenait sagement dans son coin. En revanche, il existe des lieux où il se répand, se déchaîne, sort ses griffes et ses crocs ; des lieux où le masque, le gel, la distance ne protègent plus.

Plusieurs députés du groupe LR . Les restaurants !

M. François Ruffin. Dans les théâtres, les cinémas,…

M. Pierre Cordier. Les églises, monsieur Ruffin !

M. François Ruffin. …les musées, les universités,…

M. Pierre Cordier. Et les temples !

M. François Ruffin. …il surgit soudain, il bondit. Pourquoi justement dans ces endroits ? Comment expliquez-vous ce mystère de la science ? (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement.

M. Michel Herbillon. Où est Mme Bachelot ?

M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Votre question portant essentiellement sur le secteur de la culture, je vous prie d'excuser le retard de Roselyne Bachelot, qui nous rejoindra dès que possible :…

M. Pierre Cordier. Mme Bachelot avale son chapeau !

Un député du groupe LR . Et il est vaste !

M. Gabriel Attal, secrétaire d'État . …elle se trouve actuellement au Sénat, en raison de la nouvelle lecture du projet de loi relatif à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal.

Cependant, vous n'avez que peu évoqué les lieux culturels ; ce qui sous-tendait votre question, c'était l'impression d'une certaine incohérence dans les décisions prises pour lutter contre l'épidémie. (Exclamations sur les bancs du groupe FI.) Il est vrai que nous découvrons cette épidémie, qu'elle se révèle difficilement contrôlable dans tous les pays du monde, ce qui rend compliqué de prendre des mesures compréhensibles par tous.

En revanche, s'il faut chercher une cohérence et une constance chez vous, elle réside dans votre opposition systématique aux mesures qui, dans l'état de nos connaissances, permettent de protéger les Français ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM. – Protestations sur les bancs du groupe FI.) Vous étiez contre le couvre-feu, contre la fermeture des restaurants, de tous les lieux où nous savons que le coronavirus se propage ; vous êtes désormais contre le vaccin. C'est votre conception de la cohérence, ce n'est pas la nôtre. Non, monsieur Ruffin, nous ne considérons pas, comme vous, qu'il faudrait tout rouvrir d'un coup ! Ce serait le meilleur moyen que l'épidémie reparte. Vous ne ferez pas de nous, comme vous l'êtes, des pompiers pyromanes ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem. – Protestations sur les bancs du groupe FI.)

M. le président. La parole est à M. François Ruffin.

M. François Ruffin. Est-ce que vous mesurez ce que vous dites ? Nous parlons d'un secteur qui est en train de crever ! Le Premier ministre ne daigne pas prendre la parole ; la ministre de la culture n'est pas là ; vous-même, vous n'avez pas eu un mot pour la culture : c'est dire votre mépris pour elle. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI – Protestations sur les bancs du groupe LaREM.) En trois ans, que peut-on retenir de votre politique culturelle ? Un bingo du patrimoine ! (Mêmes mouvements.)

La vérité, monsieur le Premier ministre, c'est que pour vous, les macronistes, l'économie passe avant la vie, y compris la vie de l'esprit.

M. Bruno Studer. N'importe quoi !

M. François Ruffin. La vérité, c'est que vous redoutez la circulation d'autres virus : les idées ! Quel rêve pour vous, marcheurs, start-uppeurs, ces Français qui travaillent, consomment et restent devant leurs écrans ! C'est ce qui m'effraie le plus chez Emmanuel Macron : il veut des femmes et des hommes qui fonctionnent sans perte de temps, c'est-à-dire sans perte d'argent. L'humanité se trouve dans la tendresse, la colère, l'espoir, le temps perdu, le dysfonctionnement ! Les idées, la culture, font douter de votre sainte trinité : productivité, compétitivité, rentabilité ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.) Elles font naître d'autres espérances que le PIB ! Bref, dans votre nouveau monde, elles constituent une nuisance. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI. – Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.)

M. le président. Merci, monsieur Ruffin. (M. le président coupe le micro de l'orateur, qui continue à s'exprimer.)

La parole est à M. le secrétaire d'État.

M. Gabriel Attal, secrétaire d'État. Vous nous accusez de faire passer l'économie d'abord. Dans toutes nos décisions, nous faisons passer la santé d'abord ; nous avons d'ailleurs parfois été critiqués pour cela ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) Avec vous, il s'agit toujours de démagogie, de critiques sans fondement. Ce qui transparaît dans toutes vos questions, c'est que vous ne voulez pas que nous arrivions à nous en sortir !

Citez-moi les pays d'Europe où les lieux culturels sont actuellement ouverts : leur nombre est très restreint. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe LaREM.) Citez-moi d'autres pays européens qui soutiennent autant que nous le secteur culturel : là encore, il y en a très peu, voire aucun. Nous lui avons accordé 7 milliards d'euros, la prolongation des droits des intermittents du spectacle pendant un an, la compensation de la jauge des billetteries, des dispositifs de soutien supplémentaires face à la situation actuelle. Nous sommes au rendez-vous, car la culture fait partie de notre identité. Nous la défendons mieux que vous ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem.)

M. Erwan Balanant. Monsieur Ruffin, vous n'avez pas le monopole de la culture !

Données clés

Auteur : M. François Ruffin

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Arts et spectacles

Ministère interrogé : Porte-parole du Gouvernement

Ministère répondant : Porte-parole du Gouvernement

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 décembre 2020

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