Recherche universitaire
Question de :
Mme Bénédicte Taurine
Ariège (1re circonscription) - La France insoumise
Question posée en séance, et publiée le 17 février 2021
RECHERCHE UNIVERSITAIRE
M. le président. La parole est à Mme Bénédicte Taurine.
Mme Bénédicte Taurine. Madame la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, vous savez combien vos déclarations sont attendues sur la précarité étudiante ou la dénonciation d'agressions sexuelles dans les IEP – instituts d'études politiques – mais de cela, vous ne dites rien ou presque. En revanche, choisissant bien votre chaîne, CNEWS, vous avez annoncé vouloir demander au CNRS – Centre national de la recherche scientifique – de faire une enquête sur l'ensemble des courants de recherche à l'université afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève du militantisme ou de l'opinion, ajoutant même que l'islamo-gauchisme grangrenait l'université et la société française.
Comment ne pas voir dans ces propos, repris par M. Blanquer, l'infusion dans vos esprits des idées de l'extrême droite ? Nous sommes choqués par ces chasses aux sorcières dignes d'un autre régime. Aurions-nous manqué quelque chose dans l'actualité de l'enseignement supérieur ? À quoi faites-vous exactement référence ? N'avez-vous rien d'autre à faire en cette période que de lancer une police de la pensée ?
Un député du groupe FI . Il faut croire que non !
Mme Bénédicte Taurine. N'avez-vous rien d'autre à offrir à l'ensemble de nos chercheurs qui se mobilisent alors qu'ils ont si peu de moyens ? Pourquoi ne pas recruter des maîtres de conférences alors que leur nombre a diminué de 36 % entre 2012 et 2018 ? L'étude d'impact réalisée en vue de la prochaine loi de programmation de la recherche souligne qu'en trente-cinq ans, leur situation n'a cessé de se dégrader : en 1985, le salaire brut d'un maître de conférences en début de carrière représentait 2,25 SMIC contre 1,53 SMIC en 2018.
M. Alexis Corbière. C'est vrai !
Mme Bénédicte Taurine. Madame la ministre, ce qui gangrène l'université aujourd'hui, c'est vous, vous qui avez privatisé les masters à Nice contre l'avis des enseignants (Applaudissements sur les bancs du groupe FI), vous qui, chaque année, réduisez les moyens financiers et humains de l'université, vous qui avez mis en concurrence des millions de lycéens et d'étudiants avec Parcoursup !
Vous mettez l'islamo-gauchisme à toutes les sauces pour justifier vos politiques discriminatoires et cacher votre bilan désastreux ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Madame la députée, je crois que la radicalisation des opinions est ce qui met le plus en danger la capacité à mener des débats contradictoires.
M. Ugo Bernalicis. On l'a vu sur France2 !
Mme Frédérique Vidal, ministre . J'ai été interrogée au sujet de la précarité étudiante et j'ai rappelé ce que le Gouvernement avait fait.
M. Ugo Bernalicis. Pas grand-chose !
Mme Frédérique Vidal, ministre . J'ai été interrogée au sujet des violences sexistes et sexuelles et jamais vous ne m'entendrez exprimer autre chose que mon soutien total et inconditionnel aux victimes. J'ai été interrogée sur ce phénomène que l'on voit apparaître à l'université et que des enseignants et des chercheurs dénoncent, se disant empêchés par d'autres de mener leurs recherches. J'ai dit cette chose très simple : l'université n'est pas étanche, elle est traversée par tous les courants de la société et son rôle est toujours de les étudier, de les comprendre et de faire en sorte que le fameux débat contradictoire entre pairs puisse se tenir, loin de toute caricature.
En sociologie, on appelle cela « mener une enquête » et je vais en effet demander au président du CNRS, dont dépend l'alliance thématique nationale des sciences humaines et sociales, l'alliance Athéna, de faire un bilan de l'ensemble des recherches qui se déroulent dans notre pays, notamment de celles qui portent sur le postcolonialisme.
J'ai été extrêmement choquée de voir apparaître au Capitole le drapeau confédéré et je pense qu'il est essentiel que les sciences humaines et sociales se penchent sur ces questions qui sont encore aujourd'hui d'actualité. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM et sur quelques bancs du groupe Dem.)
Auteur : Mme Bénédicte Taurine
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement secondaire
Ministère interrogé : Enseignement supérieur, recherche et innovation
Ministère répondant : Enseignement supérieur, recherche et innovation
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 17 février 2021