Question au Gouvernement n° 4077 :
Climat politique

15e Législature

Question de : M. Bertrand Pancher
Meuse (1re circonscription) - Libertés et Territoires

Question posée en séance, et publiée le 2 juin 2021


CLIMAT POLITIQUE

M. le président. La parole est à M. Bertrand Pancher.

M. Bertrand Pancher. Monsieur le Premier ministre, ma question est un signal d'alarme face à l'évolution du climat politique dans notre pays. Hier impensable, la possibilité de voir un parti d'extrême droite diriger des régions ne semble plus émouvoir grand monde. Chaque jour, sur les réseaux sociaux, sur les chaînes d'info, ce sont les mêmes débats tronqués et outranciers, avec toujours la palme donnée à la proposition la plus excessive, la plus poujadiste. (Applaudissements sur les bancs du groupe LT et sur quelques bancs du groupe Dem. – M. Hubert Wulfranc applaudit également.)

Monsieur le Premier ministre, je vous le dis avec gravité, nous qui avons un lien fort avec nos concitoyens, nous voyons bien que la situation se dégrade. La société française est divisée, à cran, à la fois résignée et en colère. Je voudrais mettre en garde les partisans d'un face-à-face avec le Rassemblement national. On ne peut pas lutter contre l'extrême droite en courant derrière elle. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI et sur plusieurs bancs du groupe GDR. – M. Hugues Renson applaudit aussi.)

M. Alexis Corbière. Il a raison !

M. Bertrand Pancher. À fracturer la gauche puis la droite, gare à ne pas détruire la démocratie !

Monsieur le Premier ministre, il reste un peu moins d'un an avant l'élection présidentielle et vous pouvez en faire encore une année utile pour tenter de rassembler les Français. Mais il faut agir maintenant car nous ne sortirons pas collectivement de ce bourbier sans un triple choc : démocratique, économique et social.

Il faut faire davantage confiance aux territoires. Notre pays n'a pas besoin d'une loi 4D – déconcentration, décentralisation, différenciation, décomplexification – mineure mais d'un grand choc de décentralisation, de régionalisation, d'expérimentation. Laissez les territoires s'organiser et respirer dans le champ social et économique ; rompez avec la verticalité ; convoquez sans attendre une grande conférence sociale, qui travaillerait sur la répartition des richesses, la conditionnalité des aides publiques, la lutte contre la pauvreté, la revalorisation des petits salaires et la refondation des politiques pour la jeunesse, autant d'attentes exprimées par nos concitoyens. (MM. André Chassaigne et Hubert Wulfranc applaudissent.)

Au moment où toutes les digues sautent, la situation appelle les dirigeants politiques à la responsabilité et à l'audace, pas à la surenchère ou aux calculs politiciens. Monsieur le Premier ministre, il faut changer de cap maintenant ! (Applaudissements sur les bancs des groupes LT et Dem et sur quelques bancs du groupe GDR.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Jean Castex, Premier ministre. Monsieur le président Pancher, vous avez tout à fait raison : les crises révèlent ceux qui tiennent le cap dans la tempête et ceux qui se laissent aller,…

M. Pierre Cordier. Il y en a qui coulent aussi !

M. Bruno Millienne. Vous savez de quoi vous parlez !

M. Jean Castex, Premier ministre . …ceux qui confondent la fermeté et la démagogie, ceux qui confondent l'efficacité et l'outrance.

M. Ugo Bernalicis. Arrêtez de parler de Darmanin en ces termes, c'est insupportable…

M. Jean Castex, Premier ministre . Avec sérieux et détermination, le Gouvernement et sa majorité parlementaire, dans le respect profond de la démocratie et de l'État de droit, agissent au bénéfice de notre pays. Nous occuper de l'intérêt supérieur de la France et de la vie quotidienne de nos concitoyens est le seul antidote au phénomène que vous avez à juste titre dénoncé – je vous rejoins très largement sur le diagnostic que vous avez posé.

Soyons-en fiers, c'est ce que nous faisons en luttant pied à pied contre la crise sanitaire, et vous voyez que nous commençons à obtenir des résultats, que ce soit en termes de progression de la vaccination ou de recul de l'épidémie.

M. Jean-René Cazeneuve. Eh oui !

M. Jean Castex, Premier ministre . C'est ce que nous faisons en luttant pied à pied contre la crise économique,…

M. Pierre Cordier. Il est temps !

M. Jean Castex, Premier ministre . …et vous savez bien que vous pouvez, sur tous les bancs de cet hémicycle, être fiers de nos résultats. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.) La France occupe la première place parmi les grands pays de la zone euro en matière de croissance économique. C'est grâce à nos efforts collectifs, c'est grâce aux efforts des Français !

Vous avez parlé d'un climat politique pesant. En dépit des difficultés, nos concitoyens s'accrochent, ils luttent. Ils ont maintenant l'espoir que l'économie reparte et nous allons l'aider à repartir. Il en va de même en matière de lutte contre l'insécurité, fléau que nous combattons sans démagogie mais avec résolution en déployant des moyens inédits, en vous proposant des modifications législatives adaptées et proportionnées.

C'est ça, la force de la République ; c'est ça, le chemin du Gouvernement et de la majorité. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Agir ens.)

Données clés

Auteur : M. Bertrand Pancher

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Partis et mouvements politiques

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 2 juin 2021

partager