Intérêt de la jeunesse pour la politique
Question de :
Mme Josy Poueyto
Pyrénées-Atlantiques (1re circonscription) - Mouvement Démocrate (MoDem) et Démocrates apparentés
Question posée en séance, et publiée le 30 juin 2021
INTÉRÊT DE LA JEUNESSE POUR LA POLITIQUE
M. le président. La parole est à Mme Josy Poueyto.
Mme Josy Poueyto. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, les élections locales sont traditionnellement celles de la proximité, celles qui mobilisent. Pourtant, le taux d'abstention aux récentes élections départementales et régionales s'est accentué de manière alarmante. En ce qui concerne les jeunes, près de neuf sur dix ont boudé les urnes lors du premier tour. Le taux d'abstention des 18-24 ans s'est élevé à 87 % au premier tour et ne s'est pas amélioré au second tour.
Comment reprocher aux jeunes de ne pas être allés voter ? Qui connaît les contours de sa région ? Qui comprend ce que sont les « quadrinômes départementaux » ou, pour le dire autrement, le « scrutin binominal mixte majoritaire à deux tours » ? Pourquoi un scrutin proportionnel plurinominal combiné à une prime majoritaire de 25 % des sièges pour les élections régionales ?
M. Sylvain Maillard. C'est vrai que c'est trop compliqué…
Mme Josy Poueyto. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !
Plusieurs pistes sont évoquées comme autant de solutions susceptibles d'enrayer cette tendance inquiétante pour notre jeunesse. La première ne devrait-elle pas être de stimuler l'intérêt des jeunes pour la politique en développant une image positive du vote ? Des études démontrent qu'une image positive favorise concrètement le vote des jeunes. C'est une réalité : les premières expériences électorales créent des habitudes qui contribuent au maintien de la participation électorale tout au long de la vie.
Les jeunes n'ont pas moins de sens civique qu'autrefois ; ils ont simplement besoin de comprendre à quoi sert de voter et de trouver un sens à leur vote. Ils connaissent de moins en moins l'architecture de notre territoire, des départements et des régions, et moins encore l'architecture institutionnelle locale dans laquelle ils évoluent et dont ils ne savent pas à quoi elle sert.
Monsieur le ministre, entendez-vous familiariser davantage, au sein de l'école, les jeunes à la vie politique et favoriser ainsi le vote de la jeunesse ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Vous soulevez la question très importante de l'éducation à la démocratie, qui passe d'abord par les savoirs fondamentaux, parmi lesquels l'histoire, la géographie et l'éducation morale et civique – vous le savez, nous avons renforcé cette dernière à l'école primaire et dans l'enseignement secondaire. Les programmes sont donc essentiels pour favoriser l'éducation à la démocratie et il est évident que les institutions doivent être expliquées aux élèves. Toutefois, cela ne suffit pas, nous le savons, et un engagement concret est indispensable pour susciter l'intérêt des jeunes à l'égard de la politique – vous l'avez souligné vous-même. Il est donc important de familiariser les élèves avec les pratiques de démocratie collective et avec le vote, notamment à travers l'élection des délégués de classe.
C'est la raison pour laquelle nous avons souhaité renforcer cette dimension en créant les conseils de vie collégienne et de vie lycéenne, que j'ai d'ailleurs beaucoup écoutés pendant la crise sanitaire en 2020 et en 2021 et qui m'ont permis de prendre des décisions, notamment au sujet du baccalauréat. Je veux souligner à quel point les collégiens et les lycéens engagés dans ces instances contribuent à la décision collective de manière rationnelle. Cet engagement les prépare à être des citoyens.
M. David Habib. Voilà qui est révolutionnaire !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre . Il y a deux ans, nous avons par ailleurs pris une mesure importante en créant les éco-délégués, qui sont aujourd'hui 250 000 en France. En principe, chaque classe de collège ou de lycée doit désigner des délégués responsables des enjeux environnementaux de l'établissement et de son milieu. Il s'agit évidemment d'une excellente initiation à la citoyenneté et aux enjeux du développement durable. Ainsi, dans le prolongement du projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, présenté par Barbara Pompili, nous avons décidé d'inscrire les sujets environnementaux et l'éducation au développement durable parmi ceux qui sont examinés par les structures de concertation de chaque établissement.
Nous avons donc réellement la volonté de déployer l'engagement des élèves. Ce n'était pas un point fort du système français et d'autres pays ont su, mieux que nous, stimuler le désir de la jeunesse de s'engager dans le sens de l'intérêt général. Nous réfléchissons à de nouvelles pistes dans ce domaine, dans la continuité du service national universel, afin d'encourager l'engagement des élèves dès le collège. Je veux d'ailleurs saluer l'initiative du Parlement des enfants, qui s'est réuni il y a deux semaines et qui illustre parfaitement le type d'opérations que nous entendons favoriser.
Auteur : Mme Josy Poueyto
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Jeunes
Ministère interrogé : Éducation nationale, jeunesse et sports
Ministère répondant : Éducation nationale, jeunesse et sports
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 30 juin 2021