Question au Gouvernement n° 4280 :
érosion de la biodiversité

15e Législature

Question de : M. François-Michel Lambert
Bouches-du-Rhône (10e circonscription) - Libertés et Territoires

Question posée en séance, et publiée le 8 septembre 2021


ÉROSION DE LA BIODIVERSITÉ

M. le président. La parole est à M. François-Michel Lambert.

M. François-Michel Lambert. Demain débutera le procès des attentats du 13 novembre 2015. Au nom du groupe Libertés et territoires, nous avons une pensée pour les victimes de ces attentats, pour leur famille, pour leurs proches et plus personnellement pour Djo, Milan, Shana en mémoire d'Armelle. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LT.)

Ma question s'adresse à Mme la ministre de la transition écologique. Cet été aura été celui des grandes catastrophes naturelles, phénomènes exacerbés par le changement climatique. Une autre crise, moins visible, doit nous préoccuper tout autant : l'érosion continue de la biodiversité. En cinquante ans, les populations mondiales des vertébrés ont décliné en moyenne de 68 %. L'une des causes majeures de l'effondrement de la biodiversité est la pollution plastique.

La mer Méditerranée, c'est 1 % des eaux salées et 7 % de la pollution plastique ; une mer qui se renouvelle très lentement tous les quatre-vingt-dix ans ; une mer qui est en train de mourir et qui disparaîtra dans vingt ans si rien n'est décidé. Le berceau de l'humanité, le berceau méditerranéen, sera perdu.

Depuis vendredi, Marseille, symbole de la Méditerranée, accueille le congrès mondial de la nature. Sous l'égide de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), il doit permettre d'ancrer dans l'esprit collectif que la biodiversité est un enjeu fondamental ; il doit permettre à la France de porter plus haut son ambition environnementale.

Madame la ministre, vous avez embarqué vendredi sur le bateau d'Expédition 7e continent. Les experts vous ont dit, unanimement, que l'enjeu est de sortir de notre addiction au plastique : il est partout dans notre société d'hyperconsommation. Il est maintenant partout dans la chaîne alimentaire, notamment les microplastiques (M. Jean-Luc Mélenchon applaudit), à commencer par ceux issus des textiles. En cette journée mondiale de la nature, madame la ministre, êtes-vous prête à annoncer des mesures fortes comme la fin du plastique à base de pétrole ou la création d'une agence internationale du plastique, à l'image du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) pour le climat ou de l'UICN pour la biodiversité ? Merci. Il y a urgence, madame la ministre. (Applaudissements sur les bancs du groupe LT et sur quelques bancs des groupes LaREM et UDI-I.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique.

Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. Vous avez raison, il y a urgence à agir. À Marseille, qui est aujourd'hui et jusqu'au 11 septembre la capitale mondiale de la biodiversité, le plastique est l'un des sujets regardés de très près. Vous avez raison, c'est une des causes majeures d'érosion de la biodiversité. J'en profite pour rappeler que si nous avons conscience de l'impact du climat sur nos vies et de la nécessité d'agir contre le réchauffement climatique et de s'y adapter, la question de la perte de biodiversité est aussi grave et nécessite des mesures aussi volontaristes.

S'agissant de la mer Méditerranée, vous avez raison : elle est une forme de hotspot, tout y va plus vite. Le réchauffement y va plus vite et la pollution plastique y a déjà des conséquences terribles. Il ne sert à rien de s'attaquer au plastique une fois qu'il est dans la mer : il se décompose en petites particules et on ne peut pas le récupérer. Cela a été souligné la semaine dernière, lorsque nous avons embarqué sur ce très beau voilier d'Expédition 7e continent : il faut s'occuper du plastique avant. Pour ce faire, il faut travailler à l'écoconception, il faut en produire moins, faire en sorte qu'il soit mieux recyclé et remplacé par d'autres utilisations.

Pour cela, des mesures ont déjà été prises : la loi dite AGEC (anti-gaspillage et pour une économie circulaire), qui prévoit des interdictions du plastique à usage unique avant 2040, avec des étapes ; certaines ont déjà été appliquées, notamment l'interdiction des pailles en plastique. Au niveau européen, la présidence française de l'Union européenne doit être l'occasion de rassembler tout le monde, en particulier autour des questions d'écoconception. Enfin, nous militons pour un traité international sur le plastique, qui pourrait être discuté à partir de l'année prochaine. S'agissant de la Méditerranée, le Président de la République a annoncé le plan « Méditerranée exemplaire », qui permettra d'ici à 2030 de ne plus rejeter aucun plastique en mer. Voici quelques éléments de cette longue liste. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM.)

M. Thibault Bazin. Il n'y a pas beaucoup d'actes !

Données clés

Auteur : M. François-Michel Lambert

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Biodiversité

Ministère interrogé : Transition écologique

Ministère répondant : Transition écologique

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 8 septembre 2021

partager