transfert de production des moteurs d'Ariane 6 vers l'Allemagne
Question de :
M. Olivier Marleix
Eure-et-Loir (2e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 29 septembre 2021
TRANSFERT DE PRODUCTION DES MOTEURS D'ARIANE 6 VERS L’ALLEMAGNE
M. le président. La parole est à M. Olivier Marleix.
M. Olivier Marleix. Après les sous-marins, les fusées. Depuis cinquante ans, la France s'est battue avec succès pour prendre le leadership d'un programme spatial européen, dont l'élément central a été le lanceur Ariane. Or, il y a quelques semaines, votre gouvernement a signé un accord pour Ariane 6, aux termes duquel l'Allemagne, en échange d'une rallonge budgétaire de 140 millions d'euros, a obtenu de votre part le transfert de la production du moteur Vinci de Vernon vers Ottobrunn en Allemagne – l'Allemagne qui, c'est bien connu, a besoin d'emplois.
Ce moteur n'est pas un simple propulseur comme Vulcain ; c'est le moteur à hydrogène rallumable du dernier étage de la fusée, soit la technologie la plus décisive pour l'avenir, puisque c'est celle qui est nécessaire pour les vols habités dans l'espace. Ce transfert de technologie est une perte de savoir-faire extrêmement importante pour la France d'autant plus choquante que l'Allemagne développe de son côté son propre programme spatial de lanceurs, concurrent du programme européen.
Il y a quelques mois, c'était les brevets de Dassault que votre gouvernement s'apprêtait à offrir à l'Allemagne dans le cadre de l'avion de combat du futur, si l'entreprise n'avait pas sonné l'alarme. Quand la France cessera-t-elle d'être naïve avec l'Allemagne ? Les coopérations ne vous interdisent pas, monsieur le Premier ministre, de mettre en œuvre et de protéger ce que notre code pénal appelle le « potentiel scientifique » de la nation.
Mme Valérie Rabault. Il a raison !
M. Olivier Marleix. Si le modèle allemand, vous inspire tant, inspirez-vous de la démocratie allemande et commencez par organiser un débat devant l'Assemblée nationale avant d'engager tout transfert ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe LR et applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
M. Fabien Di Filippo. En route vers la désindustrialisation !
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée. Permettez-moi d'abord d'excuser M. Bruno Le Maire, retenu mais qui pilote directement ce dossier. Le ministre a négocié avec l'Allemagne, l'Italie et l’Agence spatiale européenne (ESA) un bon accord pour la France et pour Vernon.
Cet accord sécurise des commandes portant sur sept Ariane 6 par an pour le site de Vernon, tandis qu’ArianeGroup verra sa compétitivité renforcée, notamment grâce à un financement allemand de 140 millions d’euros, ce qui lui permettra de conquérir des parts de marché auprès de SpaceX, par exemple - il existe donc de bons accords de partenariat. (Exclamations sur les bancs du groupe LR.)
Certes, la fabrication du moteur Vinci va être déplacée en Allemagne, mais vous oubliez de dire que c'est le site français qui produira le moteur Prometheus, voué à équiper les futurs lanceurs spatiaux.
M. Olivier Marleix. Dans quinze ans, s'il existe !
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée . C’est donc lui, le moteur avec lequel nous nous projetons vers l'avenir…
M. Fabien Di Filippo. Vers l'abîme, oui !
M. Erwan Balanant. Le problème, c'est que tous les Républicains sérieux sont en orbite !
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée . …sachant qu’un investissement de 40 millions d'euros sera réalisé dans l'usine de Vernon qui doit produire ce moteur.
La France est une grande puissance spatiale – nous le voyons dans le domaine des satellites, dans le développement des start-up du secteur que nous accompagnons, mais également dans le plan d'investissement que le Président de la République doit annoncer –, autant d’éléments qui indiquent que nous souhaitons rester cette grande puissance spatiale, en Europe et dans le monde. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)
M. le président. La parole est à M. Olivier Marleix.
M. Olivier Marleix. En termes d'activité industrielle, comme technologiquement parlant, Prometheus ne fera que se substituer au moteur Vulcain dans les programmes Ariane Next, c'est-à-dire pas avant 2030.
Vous lâchez donc la proie pour l'ombre. Et ce n'est pas le bilan de M. Macron et le démantèlement de nos grands programmes industriels, d'Alcatel à Alstom – tellement piteux que, sept ans après, vous êtes obligés de ramer pour racheter des morceaux d'Alstom – qui va nous rassurer sur votre savoir-faire pour protéger nos fleurons. (Applaudissements sur les bancs des groupes LR et SOC.)
Mme Valérie Rabault. Il a raison !
Un député du groupe LaREM . Vous radotez !
Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée . En matière de savoir-faire industriel, je ne crois que ce que je vois. Nous sommes la première équipe gouvernementale à recréer de l'emploi industriel en France : ce n'était pas arrivé entre 2000 et 2016, et les chiffres valent probablement mieux que les paroles. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM et Dem. – (Protestations sur les bancs du groupe LR.)
Auteur : M. Olivier Marleix
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Industrie
Ministère interrogé : Industrie
Ministère répondant : Industrie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 septembre 2021