Crise sanitaire
Question de :
M. Michel Vialay
Yvelines (8e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 5 janvier 2022
CRISE SANITAIRE
M. le président. La parole est à M. Michel Vialay.
M. Michel Vialay. Sous l'effet du variant omicron, les chiffres des contaminations atteignent des sommets encore jamais atteints et nos hôpitaux sont dans une situation très grave de saturation. Je ne reviens pas, monsieur le Premier ministre, sur votre responsabilité dans la fermeture de lits et la pénurie de personnels que vient d'évoquer notre collègue Pierre Vatin. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LaREM.)
Dans ce contexte, il ne suffit pas que votre ministre des solidarités et de la santé affiche une autosatisfaction péremptoire, avec le manque d'humilité qui le caractérise, pour que vos décisions soient pertinentes.
Surtout, dans ce contexte, il est indécent que votre ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports annonce la veille de la rentrée, à dix-sept heures, de nouvelles dispositions qui s'appliquent dès le lendemain matin, sans anticipation. C'est ainsi que s'il y a un cas positif dans une classe, tous les élèves doivent être testés trois fois dans les quatre jours ! Or il y a une pénurie de tests. Comment fait-on ? Le directeur d'école est censé contrôler. Avec quels moyens ?
En revanche, vous n'avez fait aucune annonce pour les collèges et les lycées, alors que les collégiens et lycéens peuvent vivre dans les mêmes familles et connaissent sans doute encore plus de brassage. Pourquoi ne pas reprendre les cours en distanciel, comme c'était le cas précédemment, et mettre à profit les premiers jours de la rentrée pour tester tout le monde ?
En réalité, vous êtes déconnectés du quotidien vécu par les Français. Vous ignorez les queues interminables devant les pharmacies qui sont en rupture de stock de tests, car, comme d'habitude, vous prenez des décisions sans en organiser les conséquences logistiques. Les enseignants découvrent un nouveau protocole le jour de la rentrée, sans que des moyens y soient affectés, car, comme d'habitude, vous prenez des décisions et laissez le corps enseignant seul pour tenter de gérer l'ingérable.
Monsieur le Premier ministre, depuis mai 2020, le groupe Les Républicains demande une vraie politique de tests à grande échelle à l'école. Comment justifiez-vous cette impréparation permanente et les carences dramatiques de votre gestion quand la santé des Français est en jeu ? (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LR.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Merci pour votre très sympathique question…
M. Pierre Cordier. Aussi sympathique que vous !
M. Olivier Véran, ministre . Je suis ravi à l'idée de passer encore quelques heures avec vous dans cet hémicycle pour discuter d'un projet de loi destiné à protéger les Français.
Quand la France sera-t-elle dotée d'une politique ambitieuse de tests ? J'ai le regret de vous informer que la France se situe au deuxième rang mondial parmi les pays qui testent le plus leur population. En fait, c'est une donnée dont nous sommes plutôt fiers, au sein de la majorité. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes LaREM et sur plusieurs bancs du groupe Dem.) Plus de 8 millions de tests ont été réalisés la semaine dernière, dont 7,5 millions étaient gratuits. Un seul pays fait plus que nous en pourcentage de la population. Une fois de plus, quand on se compare, on se console.
Vous parlez des autotests. Il en reste 3 millions dans les pharmacies et 6 millions supplémentaires arriveront dans les vingt-quatre ou quarante-huit heures. Ils correspondent aux commandes des pharmaciens qui sont encore là, vaillants, pour permettre d'assurer la protection des Français.
Vous nous reprochez de prendre parfois des décisions à l'emporte-pièce ou d'application trop rapide, si j'ai bien compris. En tout cas, j'ai parfaitement compris que, selon vous, nous avons le temps face au virus : de ne pas siéger la nuit, de se donner rendez-vous le lendemain ou le surlendemain, d'attendre plus tard pour voir comme cela se passerait. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LaREM.)
Ce n'est pas mon avis. Je crois que les Français sont très attentifs à ce que la représentation nationale et le Gouvernement, auxquels ils ont accordé leur confiance, puissent prendre des décisions en temps et en heure. Omicron est un nouveau variant, il circule très vite et impose des réactions et des décisions nouvelles.
Aujourd'hui, Santé publique France risque d'annoncer près de 300 000 contaminations en vingt-quatre heures. Vous considérez qu'il n'y a pas lieu de siéger après minuit et que l'on verra plus tard pour l'instauration d'un passe vaccinal. Nous, nous considérons qu'il y a urgence. Quand nous pouvons prendre une décision et qu'elle est applicable le lendemain, elle s'applique le lendemain. La priorité est de protéger les Français.
J'ai bien compris que pour votre groupe, Les Républicains, il était possible de priver les enfants d'école mais impensable de priver les antivax de restaurant. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes LaREM et sur plusieurs bancs du groupe Dem.)
M. le président. La parole est à M. Michel Vialay.
M. Michel Vialay. Et en plus, monsieur le ministre, vous avez l'audace de vous prévaloir de vos propres turpitudes ! Votre attitude et vos arguments sont une insulte compte tenu de ce que vivent les Français au quotidien. C'est insupportable, irresponsable ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LR. – Exclamations sur de nombreux bancs du groupe LaREM.)
Auteur : M. Michel Vialay
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Santé
Ministère interrogé : Solidarités et santé
Ministère répondant : Solidarités et santé
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 5 janvier 2022