Protocole sanitaire dans les écoles
Question de :
M. Bertrand Pancher
Meuse (1re circonscription) - Libertés et Territoires
Question posée en séance, et publiée le 12 janvier 2022
PROTOCOLE SANITAIRE DANS LES ÉCOLES
M. le président. La parole est à M. le président Bertrand Pancher.
M. Bertrand Pancher. Monsieur le Premier ministre, je voulais également relayer la vive exaspération des parents d'élèves et des enseignants depuis la rentrée scolaire. Depuis dix jours, le protocole pour les écoles s'est avéré inapplicable et a été modifié quatre fois :…
Mme Valérie Beauvais. Quatre fois !
M. Bertrand Pancher. …le 30 décembre, le 2 janvier, le 6 janvier, avant les ajustements que vous avez vous-même apportés hier. Un record d'ordres, de contrordres et de désordres ! Parents et élèves font des queues interminables devant les laboratoires, et l'épidémie progresse. Ce n'est plus de l'à peu près, c'est du grand n'importe quoi,…
M. Patrick Hetzel. Eh oui !
M. Bertrand Pancher. …à l'image d'une administration kafkaïenne. Les directeurs d'école et les élus locaux sont obligés de suivre les chaînes d'information pour connaître les derniers revirements du Gouvernement. Le Président de la République lui-même a, de manière surprenante, concédé un manque d'anticipation.
Mardi dernier, le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports nous expliquait ici même que la situation était maîtrisée. Or chacun voit qu'elle est hors de contrôle et que le nouveau protocole n'est là que pour masquer l'échec. L'ensemble des syndicats appellent à la grève ce jeudi : ils ont été rejoints par les parents d'élèves, ce qui constitue une première. Nous avons l'impression que pour maintenir les écoles ouvertes, vous avez fait le choix d'en faire des lieux privilégiés de circulation du virus.
M. Jean Castex, Premier ministre. Non !
M. Bertrand Pancher. Gouverner, c'est associer et anticiper ; ce n'est pas « emmerder » les Français (Exclamations sur quelques bancs du groupe LaREM), mais les rassembler. Monsieur le Premier ministre, nous savons que la gestion d'une telle crise est difficile, mais notre pays a besoin de présenter un front uni. Comment comptez-vous mieux protéger les élèves et la communauté éducative ? Allez-vous débloquer davantage de moyens pour acheter des masques FFP2 et pour accompagner les collectivités dans l'acquisition de capteurs de CO2 et de purificateurs d'air ? Allez-vous enfin associer ceux qui sont en première ligne à la prise de décision ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LT.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Jean Castex, Premier ministre. Je vous remercie pour votre question, qui m'offre l'occasion de compléter ma réponse à la précédente. Oui, je revendique devant vous le choix de maintenir l'école ouverte. Ce n'est pas nous qui faisons circuler le virus : il ne circule pas qu'en France, mais partout – songeons par exemple à l'Italie. La situation est donc préoccupante. Comme depuis le début de l'épidémie, nous prenons des mesures protectrices pour les enfants et pour la communauté éducative.
J'écoute les propositions : pour certains, il faudrait revenir à un ancien protocole qui imposerait la fermeture de toute classe dès le premier cas positif ; avec la circulation actuelle du virus, toutes les écoles françaises seraient fermées en huit jours. Ce n'est pas possible, ce n'est pas notre choix. C'est le protocole sanitaire qui a évolué, pas le protocole dans les écoles. À la fin de l'année, le Haut Conseil de la santé publique nous a recommandé d'adapter notre doctrine d'isolement, notamment pour les cas contacts, en insistant sur la nécessité de tester davantage. L'isolement est maintenu pour les cas positifs ; quant aux cas contacts, ils doivent se tester non plus une fois mais trois fois.
M. Michel Herbillon. Chaque jour il y a de nouvelles règles : personne n'y comprend quoi que ce soit !
M. Jean Castex, Premier ministre. C'est une mesure de protection : tant que le test n'est pas positif, nous maintenons les enfants à l'école. Il s'agit d'une recommandation des autorités scientifiques et médicales, que nous avons d'autant plus suivie qu'elle permet de laisser les écoles ouvertes, ce qui est notre fil conducteur.
M. Michel Herbillon. C'est la pagaille !
M. Fabien Di Filippo. Vous changerez d'avis demain !
M. Jean Castex, Premier ministre. J'ai constaté comme vous les difficultés pour les parents et pour les enseignants. Je tiens à rendre une nouvelle fois hommage à ces derniers (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM, Dem et Agir ens), qui, sous l'égide de leur ministre, se battent pied à pied contre la pandémie depuis des mois et des mois. Assumant mes responsabilités, j'ai choisi d'adapter – non de changer, car la philosophie reste la même – le protocole…
M. Damien Abad et M. Michel Herbillon . C'est le bazar !
M. Jean Castex, Premier ministre . …pour le rendre plus facile et plus opérationnel, tant pour les parents que pour les enseignants : c'est la marque de notre pragmatisme (Exclamations sur les bancs du groupe LR), qui a été notre boussole constante dans la gestion de cette crise sanitaire. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, Dem et Agir ens.)
M. Michel Herbillon. C'est le bazar, c'est la pagaille !
Auteur : M. Bertrand Pancher
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 12 janvier 2022