Question sur l'ordonnance tourisme du gouvernement suite à la crise du covid-19
Question de :
Mme Pascale Fontenel-Personne
Sarthe (3e circonscription) - La République en Marche
Mme Pascale Fontenel-Personne interroge M. le secrétaire d'État, auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur l'ordonnance tourisme du Gouvernement. La grande bataille sanitaire dans laquelle la France est engagée sera longue et périlleuse. Longue, car au-delà du combat mené par les courageux soignants contre cette saleté de virus, un autre front a été ouvert : celui de l'économie. Oui, aux victimes médicales vont s'ajouter des victimes collatérales et économiques. Parmi les secteurs les plus touchés : le tourisme, cette fierté nationale française. En 2018, 89,4 million de visiteurs étrangers ont foulé le sol français à la découverte des territoires et du patrimoine de la France, la dressant sur la plus haute marche du podium des destinations mondiales. En 2020, ce chiffre baissera drastiquement et entraînera de lourdes conséquences économiques pour ce secteur représentant 7 % du PIB et 1,3 millions d'emplois directs et indirects. Cette crise mondiale marquera durablement la véritable entrée dans le XXIe siècle et le Président Emmanuel Macron en a pris la vraie mesure. Il l'a dit, l'économie française sera maintenue à tout prix, il le fait. Les 25 ordonnances autorisées par le Gouvernement présentent des mesures historiques qui arment concrètement le pays face aux conséquences de cette épidémie. Mme la députée se réjouit sincèrement de la reconnaissance du secteur touristique qui bénéficie d'une ordonnance co-construite avec succès entre la filière et M. le ministre, engagé sans faille sur le sujet. Le Gouvernement est au rendez-vous et à la hauteur de l'événement. Cependant, des doutes subsistent sur la capacité des opérateurs à surpasser leurs problèmes de trésorerie. Les avoirs représentent une solution juste et équilibrée aussi bien pour le consommateur que l'entreprise. Malgré tout, Mme la députée y voit deux risques : les séjours à reporter avec avoirs dans les 18 mois, et c'est une très belle avancée, ne génèreront pas de nouveaux chiffres d'affaires ; et le non-report des voyages dans les 18 mois pourrait mener à une demande massive de remboursements, et très peu de trésoreries supporteront cela, même lissé sur 18 mois. Comme on le sait, les saisons touristiques, les nouveaux produits et les nouvelles destinations se définissent un an à l'avance et l'on peut craindre que, pour 2021, l'hypothèse de développement qui doit se construire actuellement ne se fasse pas par manque de visibilité. Ainsi, Mme la députée craint qu'il ne faille parler d'année blanche dans le secteur touristique français pour 2020. À ce titre, elle demande à M. le ministre de détailler les mesures prises par le Gouvernement en faveur de la trésorerie des entreprises du secteur du tourisme et de rassurer sur les mesures d'équité qui pourront voir le jour entre les voyagistes à forfait et les autres opérateurs. Enfin, au-delà de mesures exceptionnelles impératives, justifiées et courageuses prises par le Gouvernement, elle lui demande s'il est possible d'ouvrir la porte à une possible réforme du secteur afin de pouvoir, à l'avenir, débrider le cheval de course touristique qu'est la marque France ; il s'agirait d'un signal fort envoyé à la filière pour retrouver confiance en l'avenir.
Réponse en séance, et publiée le 9 décembre 2020
CONSÉQUENCES DE LA CRISE SANITAIRE SUR LE TOURISME
M. le président. La parole est à Mme Pascale Fontenel-Personne, pour exposer sa question, n° 1028, relative aux conséquences de la crise sanitaire sur le tourisme.
Mme Pascale Fontenel-Personne. Depuis le début de la crise sanitaire, l'activité économique du secteur touristique est à l'arrêt. Je rappelle qu'il représente 8 % du produit intérieur brut. La France est donc durement menacée et son rayonnement largement fragilisé.
L'État a pris des mesures très fortes, à la hauteur de l'enjeu, pour protéger cette filière indispensable à l'économie française. Les annonces faites à l'issue du comité interministériel du tourisme, le 14 mai dernier, ont répondu aux attentes des acteurs : les ordonnances relatives aux avoirs, le chômage partiel, les prêts garantis par l'État et l'assurance donnée par le Gouvernement de prolonger et d'adapter les aides le temps nécessaire, ont été très appréciés, tout comme l'annonce de l'annulation des charges car il s'agit bien en effet d'envisager, pour certains opérateurs, une année blanche et donc d'organiser leur survie en attendant la reprise.
Au-delà du front économique, le tourisme social, renommé dans mon rapport remis au Premier ministre, « tourisme pour tous », doit faire l'objet d'une mobilisation particulière car il entend jouer pleinement son rôle. Pour reprendre les mots du secrétaire d'État Jean-Baptiste Lemoyne, le tourisme sera cette année « bleu, blanc, rouge ». Eh oui, disons-le haut et fort : seule la solidarité touristique permettra de sauver la saison 2020. Mais cela ne pourra se faire que si tous les Français ont la capacité de partir en vacances en France, sachant que les étrangers ne seront malheureusement pas au rendez-vous. Or, l'an passé, encore un Français sur trois ne partait pas en vacances. Qu'en sera-t-il cette année alors que la France aborde une crise économique majeure ? Le tourisme social n'a pu être évoqué lors du conseil interministériel… Pourtant, les conclusions de mon rapport d'information, Le tourisme pour tous, sont sur la table des négociations. À cet égard, pouvez-vous nous confirmer que, d'ici à la fin mai, les mesures d'aide au départ en vacances telles que la diffusion accrue du chèque-vacances, le développement des colonies « summer camps » ou encore d'autres mesures d'aide à la mobilité seront bien annoncées et nous indiquer quelles formes ces mesures pourraient prendre ?
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Merci, madame Fontenel-Personne, pour le travail que vous accomplissez et en particulier pour le rapport sur Le tourisme pour tous que vous avez rédigé. Ce rapport, très utile et inspirant, sera largement appliqué et fera l'objet de diverses annonces. Il est nécessaire d'utiliser à la fois la longue-vue, pour avoir une vision de long terme, et le microscope, pour assurer, sur le très court terme, le déroulement de la saison estivale 2020. Cette dernière, même si elle sera sûrement très différente de celles que nous avons connues les années précédentes, du fait des divers protocoles sanitaires qui devront être appliqués, sera néanmoins, je l'espère, tout aussi réussie pour les Français.
L'été bleu, blanc, rouge que j'appelle de mes vœux, nécessitera, très clairement, que nous menions des actions en matière de tourisme social. Le Président de la République a réuni vendredi dernier les ministres concernés par cette question afin de travailler à ces dispositifs, qui s'articuleront autour de plusieurs mesures. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, et Gabriel Attal, son secrétaire d'État, travaillent à l'organisation de « vacances apprenantes » et à la remise en marche de certaines colonies de vacances. Nous devons également, plus que jamais, encourager les classes découverte – nous y travaillons notamment avec l'UNAT, l'Union nationale des associations de tourisme.
S'agissant des infrastructures, diverses mesures visant à abonder les fonds d'aide à la rénovation de certains établissements ont déjà été arrêtées à l'occasion du CIT – comité interministériel du tourisme – qui s'est tenu le jeudi 14 mai. Elles constituent un premier pas.
Par ailleurs, Julien Denormandie, ministre chargé de la ville et du logement, travaille activement à la question des quartiers de la politique de la ville, en lien avec plusieurs acteurs associatifs. Vous évoquez en outre, dans votre rapport, le dispositif des chèques-vacances. Pour cette saison, nous travaillons, notamment avec les régions, à la création d'un dispositif spécifique afin de de proposer un chèque-vacances tourisme 2020. L'objectif consiste à additionner les efforts. Une réunion sur cette question se tenait hier encore à mon cabinet, et le Président de la République souhaite que nous annoncions, au début du mois de juin, l'ensemble des mesures qui permettront au maximum de Français de partir en vacances après l'épisode traumatique que nous avons vécu.
Je tiens enfin à saluer tous les travaux conduits par la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein air, la FNHPA, qui, chacun le sait, représente la moitié des hébergements disponibles et contribue à accueillir de nombreux Français pendant leurs vacances. Les gérants de campings ont hâte d'accueillir à nouveau les Français – et peut-être également les ressortissants d'autres nationalités si les conditions sanitaires et de circulation en Europe le permettent –, parce que ce sont des professionnels de l'accueil, parce qu'ils ont envie d'offrir de belles expériences à leurs clients et parce que la France occupe le premier rang dans ce domaine. Ils seront évidemment une composante très importante d'un été 2020 réussi pour tous les Français.
Je vous remercie à nouveau pour votre contribution à la tête du groupe d'études consacré à la valorisation des activités touristiques, lequel apporte une aide très précieuse, dans ce moment de crise, afin de gérer au mieux les conséquences économiques de l'épidémie pour le secteur du tourisme.
Auteur : Mme Pascale Fontenel-Personne
Type de question : Question orale
Rubrique : Tourisme et loisirs
Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères (M. le SE auprès du ministre)
Ministère répondant : Europe et affaires étrangères (M. le SE auprès du ministre)
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 19 mai 2020