Namibie
Question de :
M. Brochard Albert
- Union pour la démocratie française
Apres la signature du protocole relatif a l'avenir de la Naminie le 5 aout 1988 a Geneve, M Sa Nujoma, president de la Swapo, avait adresse le 12 aout 1988 une lettre au secretaire general des Nations Unies par laquelle il s'engagerait « a prendre, en accord avec l'esprit de l'accord de Geneve, les mesures necessaires pour favoriser le processus de paix et le rendre irreversible et couronne de succes ». Or, a l'aube du 1er avril 1989, plus de 1 200 maquisards de la Swapo et de la Plan (People Liberation Army of Namibia) ont franchi la frontiere qui separe l'Angola de la Namibie, provoquant des affrontements qui ont fait plus de 200 victimes. Ces maquisards armes etaient equipes de materiel lourd et de missiles sovietiques de type SAM Par ailleurs, la premiere brigade mecanisee de la Plan aurait ete deployee entre le 21 et le 30 mars. Depuis Lubungo en Angola vers Xangogo et Techipa. Des elements blindes cantonnes a Luanda se seraient deplaces dans la direction de la cinquieme region militaire de l'Angola et la quasi-tolalite des effectifs de la Plan, environ 4 500 hommes, seraient installes au sud du 16e parallele, c'est-a-dire a 150 kilometres de la frontiere namibienne. De l'infiltration de militants de la Swapo en Namibie et de la multiplication de preparatifs militaires en Angola, base arriere de la Swapo, on peut tirer deux enseignements. D'une part, la Swapo a viole les clauses des accords de Geneve du 5 aout 1988 et de New York du 22 decembre 1988 ; elle a de plus compromis la mise en oeuvre de la resolution 435 des Nations Unies. Faut-il rappeler qu'en vertu de ces accords les combattants de la Swapo devaient etre cantonnes au nord du 16e parallele, afin qu'aucun element ne puisse troubler la mise en place du plan de paix ? Que leur rapatriement en Namibie devait s'effectuer en des points precis neuf semaines apres le 1er avril 1989 et que les combattants devaient etre desarmes ? D'autre part, comme on ne peut dissocier le franchissement de la frontiere namibienne des preparatifs militaires constates en Angola, on peut se demander si cette invasion ne constitue pas le prelude d'une offensive generalisee visant a prendre le pouvoir en Namibie au mepris des engagements internationaux et avant la consultation generale des populations concernees prevue en novembre prochain. Aussi, M Albert Brochard s'etonne-t-il que la France n'ait pas manifeste la moindre reaction a la violation du processus de paix en cours, alors que Mme Margaret Thatcher a estime le 1er avril 1989 que l'infiltration de la Swapo constituait un « serieux defi aux accords de paix et a l'autorite de l'ONU », alors que M Van Den Broek, ministre des affaires etrangeres des Pays-Bas, a reconnu que les combats des jours derniers avaient ete provoques par des elements incontroles de la Swapo. Il demande a M le ministre d'Etat, ministre des affaires etrangeres, 1o si le gouvernement francais condamne l'intervention militaire de la Swapo ; 2o s'il considere que la volonte manifestee par la Swapo d'occuper des bases militaires au nord de la Namibie, en violation des accords internationnaux, est de nature a favoriser le processus de paix et la mise en oeuvre de la resolution 435 des Nations Unies ; 3o s'il entend oeuvrer pour le retablissement du cessez-le-feu en Namibie et faire respecter les textes des accords de Geneve et de New York dans le cadre des Nations Unies au sein du conseil de securite ; 4o s'il entend intervenir aupres du gouvernement angolais, avec lequel il entretient des relations etroites en raison de l'importance des investissements francais dans ce pays, pour que ce dernier ne serve plus de base militaire arriere a la Swapo ?
Auteur : M. Brochard Albert
Type de question : Question écrite
Rubrique : Politique exterieure
Ministère interrogé : affaires étrangères
Ministère répondant : affaires étrangères
Date :
Question publiée le 17 avril 1989