Question écrite n° 7867 :
Medicaments

9e Législature

Question de : M. Dugoin Xavier
- Rassemblement pour la République

M Xavier Dugoin attire l'attention de M le ministre de la solidarite, de la sante et de la protection sociale, porte-parole du Gouvernement, sur les differents problemes rencontres actuellement par les pharmaciens et sur le caractere inopportun de la recente decision gouvernementale de baisser de 2,87 p 100 le prix des medicaments rembourses par la securite sociale. Il estime tout d'abord que cette decision a des fondements contestables : en effet, le gouvernement s'appuie sur la forte augmentation des benefices moyens des pharmaciens qui aurait ete constatee depuis 1981, augmentation elle-meme consecutive a une forte croissance de la consommation de medicaments dans notre pays. Et les services du ministeres d'en conclure que les marges beneficiaires de nos pharmaciens sont tres superieures a celles de leurs collegues des autres pays europeens. C'est oublier que le prix moyen des medicaments est en France tres inferieur a celui pratique chez nos voisins allemands, hollandais, italiens, irlandais, belges, luxembourgeois, danois. A titre d'exemple, un medicament coute deux fois et demie plus cher en Allemagne qu'en France. Voila qui relativise quelque peu les considerations gouvernementales sur les consequences de la croissance de la consommation pharmaceutique en France. Il est egalement necessaire de comparer les chiffres d'affaires moyens des pharmacies d'un pays a l'autre : on s'apercoit alors que la France est, avec 3,4 MF, nettement derriere le Danemark (10 MF), les Pays-Bas (6 MF), la RFA (4,9 MF), l'Italie (3,8 MF), le Royaume-Uni (3,7 MF) et le Luxembourg (3,7 MF). Or, dans tous ces pays, la densite des pharmacies est inferieure a la notre. Qu'on songe que le Danemark avec une pharmacie pour 16 000 habitants realise un chiffre d'affaires presque trois fois superieur a celui enregistre par la profession en France ou l'on compte pourtant une officine pour 2 600 habitants ! D'autre part, il souligne que la croissance de la consommation de produits pharmaceutiques dans notre pays connait en ce moment une baisse sensible. En juillet dernier les statistiques de l'INSEE donnaient seulement 3,31 p 100 de progression pour 1987, contre 8 p 100 l'annee precedente, cette baisse etant la consequence de mesures prises en 1986 par le gouvernement et limitant la liste de nomenclatures remboursees a 100 p 100. La baisse de 2,87 p 100 sur le prix des medicaments que vient de decider le gouvernement ne relancera que marginalement la consommation et contribuera de toutes les facons a diminuer les revenus des pharmaciens. Il rappelle que la premiere consequence de cette baisse du chiffre d'affaires risque d'etre le depot de bilan pour 1 200 officines, 5 000 autres etant confrontees a de tres graves difficultes financieres. Les plus touches etant naturellement les jeunes qui viennent de s'installer et auront bien du mal a faire face aux echeances du fait de ce nouveau manque a gagner. Les milieux professionnels estiment du reste que 60 p 100 des pharmaciens sont aujourd'hui endettes. Il observe que la decision du gouvernement intervient alors que les pharmaciens sont confrontes a la concurrence de plus en plus vive des « grandes surfaces », notamment pour la parapharmacie, qui est le poste le plus remunerateur de la profession. Il insiste enfin sur le fait que tous les facteurs evoques plus haut peuvent contribuer a la destruction, lente mais sure, du tissu pharmaceutique traditionnel de ce pays. Or, le commerce traditionnel participe de la qualite de la vie, en ce sens qu'il assure un service plus humain, car plus personnalise. Il en va la du pharmacien comme du boulanger de quartier, et aucune societe ne peut, ne doit faire l'economie de ce type d'infrastructure commerciale, qui fait naitre la qualite de la convivialite. Il lui demande, en consequence, d'ouvrir le plus rapidement possible une concertation nationale sur l'avenir de cette profession, le probleme du deficit de la securite sociale ne devant pas etre traite par une politique du coup par coup dont les pharmaciens feraient les frais.

Données clés

Auteur : M. Dugoin Xavier

Type de question : Question écrite

Rubrique : Pharmacie

Ministère interrogé : solidarité,santé et protection sociale,porte-parole du gouvern

Ministère répondant : solidarité, de la santé et de la protection sociale

Date :
Question publiée le 9 janvier 1989

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