Commission des affaires étrangères - Déplacement d’une délégation de la commission à Washington DC, du 23 au 26 mars 2025

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Communiqué de presse

Lors de sa réunion du 9 avril 2025, la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale a entendu puis autorisé la publication de la communication relative au déplacement réalisée par une délégation de ses membres à Washington DC, du 23 au 26 mars 2025.

La France entretient de longue date des relations fortes avec les États-Unis. Dans le récit national américain, notre pays a joué un rôle important dans la guerre d’indépendance de 1775-1776. Le traité d’alliance signé le 6 février 1778 a établi les bases d’une relation durable, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle ait été exempte de tumultes.

Depuis le XXe siècle et l’avènement de la puissance économique et géopolitique des États-Unis, beaucoup de présidents américains ont influencé le cours de la marche des affaires du monde. Rarement, néanmoins, une échéance présidentielle américaine ne s’est révélée jusqu’à présent aussi impactante, dès le soir du scrutin, que celle du 5 novembre 2024, qui a consacré le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Face aux bouleversements internationaux qui se produisent d’ores et déjà dans le sillage de ce retour, il s’avère absolument essentiel, pour la France comme pour l’Europe, de cultiver le dialogue et les liens existant avec les décideurs américains. La commission des affaires étrangères ne pouvait rester à l’écart de ce travail de diplomatie.

Une délégation de trois députés de la commission, conduite par le président Bruno Fuchs, s’est donc rendue à Washington pour jeter les bases d’un échange et d’une relation de travail aussi fructueux que possible. Dans la capitale fédérale américaine, cette délégation a pu mener des entretiens avec des membres de la Chambre des représentants ainsi qu’avec des responsables de l’administration fédérale, aux Départements d’État (DoS) et de la défense (DoD), notamment.

A la faveur de ce déplacement, la délégation a pu mieux comprendre la dynamique enclenchée côté américain depuis l’installation de la nouvelle administration de même que la perception outre-Atlantique de l’état de la relation bilatérale. À l’évidence, la France reste un partenaire pris en compte par les autorités américaines, de sorte que la voix de ses représentants porte si elle est utilisée à bon escient.

La délégation a également pu tirer de cette mission une série d’enseignements, résumés ici dans leurs grandes lignes.

De manière matricielle, il est nécessaire pour la France et l’Europe d’adapter rapidement leur référentiel diplomatique et économique pour défendre au mieux leurs intérêts face aux évolutions politique américaines. Il convient tout d’abord de rappeler que, dans ce nouveau cadre gouverné par les rapports de force, la France et l’UE ne sont pas sans atouts. Ainsi, la France reste un acteur diplomatique de premier plan et l’UE le premier débouché économique et commercial des États-Unis.

Certaines orientations stratégiques doivent néanmoins se trouver infléchies, pour continuer à peser. En effet la France et l’Union européenne – grâce notamment à l’aiguillonnage de Paris –, doivent jeter les bases de nouveaux instruments à même de préserver leur poids économique, géopolitique et militaire dans les années qui viennent. L’avenir de notre souveraineté en dépend.

Le premier des efforts à fournir est celui de prendre davantage en mains notre prendre défense via un véritable « réveil stratégique ». Notre continent, qui connaît le retour de la guerre de haute intensité sur son sol depuis l’agression russe de l’Ukraine, ne peut plus confier l’essentiel de sa sécurité aux Etats-Unis, alors que la substantialité de l’alliance atlantique peut être mise en doute.

Dans le domaine économique, il apparaît urgent au président Bruno Fuchs et à M. Franck Riester – Mme Nathalie Oziol ayant une divergence de vue à cet égard – de tirer au plus vite les leçons des rapports Letta et Draghi pour éviter un dérochage économique irrémédiable de la rive orientale de l’Atlantique. Il apparaît ainsi essentiel de trouver les voies qui permettront de combler le différentiel de productivité et de capacité d’innovation technologique, qui se creuse progressivement entre les Etats-Unis et l’Europe et menace notre continent de déclassement compétitif.

Enfin, l’époque appelle également à inventer de nouveaux formats de dialogue et de partenariats stratégiques. Sans aller jusqu’à s’affranchir de leurs liens avec les États-Unis, l’Union et ses États membres doivent certainement s’appuyer davantage sur certains grands acteurs émergents comme l’Inde, le Brésil ou les puissances en devenir du continent africain, mais aussi définir des cadres de dialogue et de coopération multilatéraux à géométrie variable.

Plus que jamais, la diplomatie parlementaire peut et doit faire son œuvre. Le déplacement d’une délégation de députés à Washington appelle ainsi la poursuite des échanges, selon des modalités et sous des formats divers, afin de maintenir le fil de la compréhension mutuelle et, surtout, d’agir de concert dans un intérêt partagé.

 

Contact presse : M. Guillaume Zanin – guillaume.zanin@assemblee-nationale.fr