Commission des affaires étrangères - Rapport d’information sur les enjeux et la place de la France dans l’Indopacifique

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Communiqué de presse

Lors de sa réunion du 19 février 2025, la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale a autorisé la publication du rapport sur les enjeux et la place de la France dans l’Indopacifique, présenté par son rapporteur M. Michel Herbillon (Droite républicaine, Val-de-Marne).

Si les récents conflits, comme la guerre en Ukraine ou l’intensification des tensions au Proche-Orient après le 7 octobre 2023, ont rappelé que les enjeux géopolitiques sont loin de se limiter à l’Indopacifique, cette région porte néanmoins un grand péril : c’est ici que pourrait survenir le premier affrontement direct entre les deux superpuissances que sont les États-Unis et la Chine.

Ce rapport souligne que, malgré la présence stratégique de la France dans l’Indopacifique, la reconnaissance de son rôle demeure insuffisante sur la scène internationale.

Un contexte géopolitique en mutation

Alors que les tensions géopolitiques dans la région s’intensifient – notamment avec la rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine, les frictions en mer de Chine méridionale et les incertitudes liées à Taïwan –, la France se doit de renforcer sa posture et sa stratégie dans la région.

Dans ce contexte, le rapport met en évidence les insuffisances actuelles de la stratégie française, en insistant sur le manque de coordination entre les différents acteurs et une approche européenne encore trop fragmentée.

Une stratégie repensée autour de six axes prioritaires

Le rapport propose 30 recommandations pour structurer une nouvelle stratégie française plus ambitieuse et réaliste dans l’Indopacifique. Ces recommandations s’articulent autour de six axes clés :

  1. Renforcer la présence militaire dans la région pour crédibiliser le positionnement stratégique de la France, notamment par l’affectation permanente de moyens navals et aériens adaptés.
  2. Diversifier les formats de coopération, en associant approche multilatérale et partenariats plus ciblés (« minilatéraux »).
  3. Développer l’influence culturelle en renforçant la présence de la langue et de la culture françaises dans la région, notamment via de nouveaux Instituts français et des programmes éducatifs.
  4. Accroître les échanges économiques, pour éviter un déclassement technologique et stratégique face aux nouvelles puissances régionales.
  5. Assumer un leadership climatique, en s’appuyant sur les territoires ultramarins pour développer des initiatives innovantes contre le dérèglement climatique.
  6. Améliorer la coordination de la surveillance maritime, afin de mieux protéger la souveraineté française sur ses espaces maritimes et prévenir toute ingérence étrangère.

Un rôle clé pour la France au sein de l’Union européenne

Enfin, le rapport insiste sur la nécessité pour la France de jouer un rôle moteur dans la refonte de la stratégie européenne pour l’Indopacifique. L’actuelle approche de l’UE souffre d’un manque de cohésion et de moyens, limitant son efficacité dans une région où les rivalités se durcissent.

Ce rapport appelle donc à une clarification des priorités stratégiques françaises et européennes, afin que la France puisse pleinement affirmer son statut d’État riverain de l’Indopacifique.