réforme
Question de :
M. Dominique Dord
Savoie (1re circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 16 octobre 2013
RÉFORME DES RETRAITES
M. le président. La parole est à M. Dominique Dord, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Dominique Dord. Monsieur le Premier ministre, la dernière fois qu'un gouvernement de gauche a ouvert le dossier des retraites, c'était il y a trente ans. Vous avez alors donné aux Français, avec la plus grande légèreté et contre toute raison, la retraite à 60 ans, simplement pour leur faire plaisir. Depuis, nos systèmes de retraites ne se sont pas remis de cette décision dramatique ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI. – Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. Bernard Roman. Et tous les ouvriers qui ont pu prendre leur retraite plus tôt ?
M. Dominique Dord. Et vous, depuis trente ans, qu'avez-vous fait pour minimiser l'impact de cette réforme ? Rien ! Année après année, avec vos alliés de la rue, vous avez combattu toutes les réformes ! Ironie du sort : aujourd'hui, trente ans plus tard, vous nous présentez un texte qui ne contient, à vrai dire, pas grand-chose, sauf la reprise de chacune des réformes que nous avons menées et que vous avez combattues !
Vous avez combattu le mode de calcul des retraites du secteur privé, prenant en compte les vingt-cinq meilleures années de cotisation, et vous ne le remettez pas en cause aujourd'hui. Vous avez violemment combattu le passage à 41 annuités de cotisation : vous ne le remettez pas en cause. Vous avez aussi combattu le report de l'âge légal de départ à 62 ans et la convergence des régimes spéciaux : vous ne les remettez pas en cause.
Mieux encore, monsieur le Premier ministre, vous aviez promis aux Français de réformer les retraites en revenant à un âge légal de départ de soixante ans. Aujourd'hui, vous leur proposez de cotiser pendant quarante-trois ans. Comment feront les Français pour prendre leur retraite à soixante ans, s'ils doivent cotiser quarante-trois ans ? (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes UMP et UDI.)
La vérité, monsieur le Premier ministre, c'est que vous avez été élu sur des gros mensonges ! Il y avait à peu près autant de mensonges que de « moi, président » dans la célèbre tirade de François Hollande. Si le Président de la République avait dit « moi président, je vous ferai travailler jusqu'à soixante-cinq ans », il ne serait pas à l'Élysée, et vous ne seriez pas à Matignon !
Monsieur le Premier ministre, « les yeux dans les yeux » – comme disait M. Cahuzac –, essayez de nous démontrer le contraire ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre des affaires sociales et de la santé.
Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé. Monsieur le député, les mensonges sont de votre côté ! (Protestations sur les bancs des groupes UMP et UDI.) Les mensonges étaient du côté de la droite. Mensonges, lorsque vous avez dit que vous alliez rétablir l'équilibre des régimes de retraites. (Protestations persistantes et claquements de pupitres sur les bancs des groupes UMP et UDI.)
Plusieurs députés du groupe UMP . Zéro !
M. Jean-François Lamour et M. Yves Fromion . Ridicule !
Mme Marisol Touraine, ministre. Mensonges encore, lorsque vous avez dit que vous vouliez sauver la protection sociale. Mensonges, lorsque vous avez dit aux jeunes que vous leur garantissiez un avenir solide. Nous, nous avons fait le choix de la responsabilité, mais aussi de l'équilibre dans la justice. Ce qui nous distingue, monsieur Dord, c'est que lorsque nous avons voté la retraite à soixante ans, des hommes et des femmes mouraient avant d'avoir soixante-cinq ans !
Ce que nous avons voulu faire, avec la gauche, c'est apporter une perspective de retraite à des hommes et des femmes qui travaillaient dans les usines, dans les mines, dans les champs, et qui ne pouvaient pas atteindre l'âge légal de retraite. Aujourd'hui, nous avons rétabli la possibilité de partir à la retraite à soixante ans, pour celles et ceux qui ont commencé à travailler jeunes.
M. Pascal Terrasse. Absolument ! Il faut le rappeler !
Mme Marisol Touraine, ministre. Alors que vous imposiez la même loi et la même règle à tous, nous faisons le choix de la justice, c'est-à-dire de prendre en compte les parcours professionnels et les situations professionnelles. Comme vous le voyez, monsieur le député, nous, nous assumons. Nous assumons nos choix de progrès et de justice, dans la clarté et dans la vérité. Je trouve donc qu'au lieu de parler de mensonge et d'attaquer la gauche, vous feriez mieux de vous associer à cette grande réforme de progrès que nous proposons. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. – Exclamations sur les bancs des groupes UDI et UMP.)
Auteur : M. Dominique Dord
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Retraites : généralités
Ministère interrogé : Affaires sociales et santé
Ministère répondant : Affaires sociales et santé
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 octobre 2013