Iraq
Question de :
Mme Élisabeth Guigou
Seine-Saint-Denis (6e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain
Question posée en séance, et publiée le 11 septembre 2014
SITUATION EN IRAK
M. le président. La parole est à Mme Élisabeth Guigou, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.
Mme Élisabeth Guigou. Monsieur le ministre des affaires étrangères, cet été, à nos portes, au sud et à l'est de l'Europe, les guerres se sont multipliées et intensifiées. La Libye sombre dans le chaos : les milices imposent leur loi, deux assemblées et deux gouvernements se disputent la légitimité. Le Sud libyen est devenu une base arrière pour les terroristes du Sahel. En Irak et en Syrie, le prétendu État islamique cherche à étendre son califat barbare à l'ensemble des pays de la région. Les atrocités commises contre des chrétiens et des yézidis sont abominables de cruauté. D'autres minorités sont menacées, des centaines de jeunes Français sont enrôlés par la propagande jihadiste.
Cette situation, comme la prolifération des groupes terroristes au Sahel, met directement en péril notre sécurité. Cet été, la diplomatie française a su réagir vite et fort. Début août, monsieur le ministre, vous avez été le premier à vous rendre à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, pour y acheminer notre aide humanitaire d'urgence. Quelques jours plus tard, vous avez provoqué une réunion de l’Union européenne, qui a approuvé l'envoi d'armes aux combattants kurdes d'Irak. L'Allemagne, pour la première fois, a décidé de procéder à des livraisons d'armes à destination de ces mêmes combattants.
Humanitaire et militaire, l'action de la France a également été politique. Notre pays a plaidé pour la formation d'un gouvernement incluant toutes les composantes de la société irakienne, et soutenu le nouveau Premier ministre irakien, qui a annoncé hier la formation de son gouvernement. Le Président de la République, qui sera en Irak vendredi, a pris l'initiative de convoquer lundi une conférence internationale.
Pourriez-vous nous dire, monsieur le ministre, ce que vous attendez de cette conférence ? Quels résultats envisagez-vous sur les plans humanitaire et militaire ? Quelle stratégie diplomatique et politique cette conférence pourrait-elle lancer, afin d'apporter une réponse globale à cette menace globale ?
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.
M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international. Madame la présidente de la commission des affaires étrangères, vous avez cité toute une série de conflits internationaux qui se sont produits récemment, et qui composent ce que j'ai appelé « l'été de toutes les crises ». Vous avez insisté, à juste titre, sur l'une d'entre elles, peut-être la plus grave, qui se passe actuellement en Irak.
Vous avez parlé d'un « prétendu État islamique » : permettez-moi de revenir, un instant seulement, sur cette expression. Le groupe terroriste dont il s'agit n'est pas un État. Il voudrait l'être, mais ne l'est pas, et c'est lui faire un cadeau que l'appeler ainsi. (Applaudissements sur tous les bancs.) Je recommande même de ne pas utiliser l'expression « État islamique », car cela occasionne une confusion entre l'islam, l'islamisme, et les musulmans. (Applaudissements sur tous les bancs.)
Il s'agit, mesdames et messieurs, de ce que les Arabes appellent Da'ech, et que j'appellerai pour ma part les égorgeurs de Da'ech ! Car ces gens n'ont qu'une idée : violer, crucifier, assassiner. Nous devons tous nous mobiliser pour les faire reculer, les neutraliser, et nous débarrasser de cela. (Vifs applaudissements sur tous les bancs.)
La France, comme c'est sa mission, s'est mobilisée sur le plan humanitaire ; vous l'avez rappelé. Elle s'est aussi mobilisée sur le plan politique : vendredi, le Président de la République et moi-même serons sur place pour nous entretenir avec les nouvelles autorités irakiennes, que nous soutenons. Enfin, bien sûr, la France s'est aussi mobilisée sur le plan sécuritaire. Nous pensons que la conférence internationale qui doit avoir lieu lundi prochain, peut être extrêmement utile en ce sens.
Pour terminer, si la détermination des égorgeurs de Da'ech est forte, la nôtre doit l'être plus encore. (Applaudissements nourris sur tous les bancs.)
Auteur : Mme Élisabeth Guigou
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Affaires étrangères
Ministère répondant : Affaires étrangères
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 11 septembre 2014