Réponse publiée le 23 avril 2013

Les statistiques des douanes françaises prennent en compte les seuls flux directs entre la France et le Cambodge. Le volume des échanges est en réalité plus important compte tenu des transits via un pays tiers (Singapour, Vietnam, Chine et Thaïlande) et de l'importance de l'économie informelle et de la contrebande. Les statistiques cambodgiennes sont quant à elles peu fiables et ne tiennent pas compte de l'origine des produits. - Des échanges encore limités mais en progression constante D'une valeur de 14 M€ en 1992, date du retour des pays occidentaux au Cambodge administré par l'ONU après les Accords de Paris, les échanges bilatéraux représentaient 104,1 M€ en 2000 et 266,8 M€ en 2012, soit une progression de 160 % sur 13 ans. Le solde, négatif pour la France depuis 2001, se creuse d'année en année et a connu une accélération marquée depuis 2010, année de l'extension du programme européen « Tout sauf les armes » à l'ensemble des exportations cambodgiennes (- 16M€ en 2001, - 40,2 M€ en 2009 et - 142,8 M€ en 2012). Les autres pays développés connaissent des résultats identiques, leurs relations commerciales avec le Cambodge s'inscrivant dans le cadre de l'aide au développement. - Des importations longtemps « mono-produit » mais qui se diversifient Les importations de produits cambodgiens sont passées de 51,6 M€ en 2000 à 85,3 M€ en 2009 et 204,8 M€ en 2012, soit une évolution de + 296 % sur 13 ans. Elles reposent principalement sur le textile : 50,7 M€ en 2001, 75,5 M€ en 2009 et 166,4 M€ en 2012. Contrairement aux Etats-Unis, la baisse du pouvoir d'achat en France n'a pas eu d'incidence sur les achats de textile cambodgien en 2012. De nombreux donneurs d'ordre, à l'instar de Décathlon, ont installé des bureaux au Cambodge pour développer une production de qualité destinée à l'exportation. Outre les préférences tarifaires accordées par l'Europe, le Cambodge bénéficie aussi de l'augmentation des coûts de production en Chine, conduisant de nombreux producteurs chinois à y délocaliser certaines de leurs usines. Deux sociétés françaises se sont installées au Cambodge pour produire (Ixxon, vêtements et accessoires pour motards, et WE Group, sacs en matières recyclées). Depuis 2010, année de l'extension du programme de préférences tarifaires européen à l'ensemble des produits cambodgiens, les produits agricoles prennent une place croissante dans nos importations en provenance de ce pays, de 10 M€ en 2000 à 32,5 M€ en 2012. La France est le premier acheteur du riz usiné cambodgien avec 47 000 tonnes en 2012. La présence de traders français (Anduriz, Marbour, etc.) et de la co-entreprise Golden Rice, fruit d'un partenariat entre un rizier réunionnais et un investisseur local pour alimenter les plateformes Leclerc en Europe, expliquent ce développement. Plus anecdotiques mais appelées à prendre de la valeur, les importations d'épices, dont le poivre de Kampot objet d'une indication géographique financée en grande partie par l'AFD, et de fruits et légumes tropicaux, ont connu un véritable boom en 2012. Les aspects sanitaires et phytosanitaires représentent cependant un frein au développement des importations, le Cambodge manquant d'expertise en la matière. L'installation des grandes agences d'analyse et de certification, TUV et Bureau Veritas, devrait corriger ce problème. - Des exportations dominées par les produits pharmaceutiques Nos exportations directes ont peu progressé en 13 ans (+ 18 %), passant de 52,4 M€ en 2000 à 45,1 M€ en 2009 pour atteindre 62 M€ en 2012. Il est difficile d'estimer la part des produits expédiés de pays tiers et ceux arrivant au Cambodge de manière informelle. Les produits pharmaceutiques représentent bon an mal an 35 % du total (23,9 M€ en 2012 et 17,3 M€ en 2000). Les produits agroalimentaires (poudres de lait et vins, soit 20,9 M€ en 2012 contre 11,5 M€ en 2000) tendent à prendre le pas sur les biens d'équipements, notamment le matériel électrique (6,5 M€ en 2012 contre 15,3 M€ en 2000), révélant le développement de la consommation pour le premier poste et la suprématie des constructeurs asiatiques pour le second.