14ème législature

Question N° 2396
de M. Olivier Falorni (Radical, républicain, démocrate et progressiste - Charente-Maritime )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Intérieur
Ministère attributaire > Intérieur

Rubrique > droits de l'Homme et libertés publiques

Tête d'analyse > lutte contre le racisme

Analyse > antisémitisme. lutte et prévention.

Question publiée au JO le : 10/12/2014
Réponse publiée au JO le : 10/12/2014 page : 9916

Texte de la question

Texte de la réponse

LUTTE CONTRE LE RACISME ET L'ANTISÉMITISME


M. le président. La parole est à M. Olivier Falorni, pour le groupe radical, républicain, démocrate et progressiste.

M. Olivier Falorni. Ma question s'inscrit dans la continuité de la précédente. Elle porte en effet sur ce cancer qui ronge notre République : je veux parler de l'antisémitisme, dont les métastases s'appellent le racisme, l'islamophobie et la xénophobie.

Les agressions qui visent nos compatriotes de confession juive nous concernent tous, quelles que soient notre origine, notre croyance ou notre religion. Quand on entend « mort aux juifs », devant une synagogue, chacun d'entre nous doit entendre : « mort à la République ».

Alors, face à ce mal qui monte, il n'existe qu'une seule thérapie : celle de l'école et de la laïcité. L'éducation seule peut en effet vaincre les préjugés et la détestation de l'autre, car ils sont toujours les enfants de l'ignorance. La laïcité, dont nous fêtons aujourd'hui l'anniversaire en commémorant la loi de 1905, constitue, face à la haine, le remède le plus moderne.

Monsieur le ministre de l'intérieur, vous avez eu, dimanche, à Créteil, ces mots très forts : « Nous souhaitons que la lutte contre l'antisémitisme et le racisme devienne une grande cause nationale, car cela nous concerne tous ».

Je pense ainsi à ces mots que le pasteur antinazi Martin Niemöller, déporté à Dachau a écrits en 1942 : « Quand ils sont venus chercher les communistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste. Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste. Quand ils sont venus chercher les juifs, je n'ai rien dit, je n'étais pas juif. Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait personne pour protester. » (Applaudissements sur les bancs des groupes RRDP, SRC, GDR et écologiste.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur. Monsieur le député, votre question revient, avec des mots forts, sur le problème qu'a remarquablement évoqué à l'instant, le Premier ministre, en rappelant les valeurs de la République, ces valeurs que nous devons systématiquement ériger en remparts lorsque les idéologies les plus funestes, qui ont déjà rongé la République de l'intérieur, recommencent à poindre.

Je me suis rendu dimanche matin, comme de nombreux parlementaires de différentes sensibilités, à Créteil. J'y ai rencontré, aux côtés de Laurent Cathala, député-maire de Créteil, une famille profondément brisée, habitée par la peur, désespérée que ses enfants aient pu être à ce point atteints.

J'ai aussi rencontré, lors de cette manifestation, une communauté chez qui l'inquiétude était omniprésente et l'indignation très grande. J'ai ressenti, comme l'a dit le Premier ministre, un très grand besoin de protection par la République de tous ses enfants, notamment des juifs de France, qui se sont sentis terriblement blessés par les attaques, les insultes et les violences dont ils ont été victimes.

Le Premier ministre l'a dit, il faut faire de la lutte contre le racisme et contre l'antisémitisme une grande cause et un grand engagement. Cela signifie que les forces de l'ordre continueront de protéger en nombre toutes les institutions et tous les lieux de culte, afin qu'aucune violence ne se produise.

Cela signifie également que la belle valeur de laïcité dont vous avez parlé et que nous avons célébrée ce matin, dans une école, avec la ministre de l'éducation nationale, doit constituer un creuset permettant à tous les enfants de France de se retrouver dans la République.

Comment définir cette valeur de laïcité ? C'est une valeur de profond respect à l'égard de ceux qui ne croient pas comme de ceux qui croient et qui ont fait, en conscience, le choix de leur religion. Ils doivent, au sein de la République, être respectés en raison de leurs convictions.

Cette grande cause nationale doit mobiliser toutes les administrations et tous les acteurs de la République pour remettre au cœur de la République et de notre pays une belle notion, dont les juifs de France, comme toutes les victimes de racisme, ont grand besoin : cette valeur porte un nom simple, le respect. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, RRDP, GDR et écologiste.)