14ème législature

Question N° 2431
de M. Dominique Dord (Union pour un Mouvement Populaire - Savoie )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Premier ministre
Ministère attributaire > Premier ministre

Rubrique > politique économique

Tête d'analyse > investissements

Analyse > investissements étrangers.

Question publiée au JO le : 17/12/2014
Réponse publiée au JO le : 17/12/2014 page : 10225

Texte de la question

Texte de la réponse

INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS EN FRANCE


M. le président. La parole est à M. Dominique Dord, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

M. Dominique Dord. Monsieur le Premier ministre, les grandes fortunes, c'est tabou ! Aussi, beaucoup de Français, notamment de gauche, sont choqués de vous voir dérouler le tapis rouge depuis plusieurs mois sous les pieds des grandes fortunes étrangères. Lorsqu'ils ont voté pour vous, ils n'imaginaient pas une minute que cela se passerait ainsi ! (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

Peu importe qu'elles acquièrent des clubs de football, des grands palaces parisiens ou que sais-je encore ! Mais que vous-même vous vous glorifiez de vendre nos aéroports de province à des grandes fortunes chinoises, que le Président de la République accepte de porter le chapeau, pour complaire aux grandes fortunes kazakhs, dans cette grande et fameuse démocratie qu'est le Kazakhstan… (Vives protestations sur les bancs du groupe SRC.)

M. Nicolas Bays. Et Kadhafi ?

M. Dominique Dord. Finalement, monsieur le Premier ministre, les seules que vous ne courtisiez pas, faute peut-être de les aimer suffisamment, ce sont les grandes fortunes françaises ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) Pour elles, ni chapka ni manteau de fourrure, mais des impôts, et l'opprobre, le plus souvent !

M. Nicolas Bays. Minable.

M. Dominique Dord. Ma question est donc simple : vous aviez promis de mettre à genoux la finance mondiale. Comment expliquez-vous que ce soit vous qui vous vous agenouilliez devant ces grandes fortunes étrangères, dont l'origine pourrait susciter des interrogations chez certains esprits chagrins ?

M. François Rochebloine. Très bien !

M. Dominique Dord. Comment expliquez-vous que la France soit le seul pays à traiter moins bien les capitaux nationaux que les capitaux venant de l'étranger, même lorsqu'ils ne respectent aucune de nos règles, ni fiscales, ni sociales, ni environnementales ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le député, j'ai hésité à vous répondre, car les bras m'en tombent ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)

J'ai même cru un moment assister à une réunion interne de l'UMP où vous dénonciez ce que l'ancien président de la République a fait pendant des années ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP.)

Jamais je n'ai entendu, venant de la droite républicaine, une telle question sur la manière dont la France peut accueillir des capitaux étrangers ou discuter avec d'autres pays. Mais quelle vision avez-vous de notre pays ? Et quelle image de la France donnez-vous à l'extérieur ? (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Avec qui souhaiteriez-vous qu'elle traite ? Voulez-vous que je vous parle du Qatar, du Kazakhstan, de la Chine ?

Plusieurs députés du groupe UMP . Oui !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Devrions-nous vivre dans un pays fermé, sans relations économiques ou politiques avec l'extérieur ? Mais enfin, vous vous êtes trompé de formation politique ! Il y a une forme de régression dans votre propos !

M. Claude Goasguen. Répondez à la question !

M. Manuel Valls, Premier ministre . Oui, la France est ouverte. Comme nombre de mes prédécesseurs, comme de nombreux ministres et comme la plupart des présidents de la République avant moi, je me rendrai dans quelques semaines en Chine, accompagné de chefs d'entreprise, et sans doute de Jean-Pierre Raffarin, à qui je ferai part de vos observations.

Monsieur Dord, on peut s'opposer sans céder à la démagogie, sans se placer hors de la réalité du monde ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Reprenez-vous : ce n'est pas parce que vous êtes dans l'opposition que vous pouvez vous permettre n'importe quoi et n'importe où ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. Huées sur les bancs du groupe UMP.)