Question au Gouvernement n° 2740 :
élections départementales

14e Législature

Question de : M. Philippe Vigier
Eure-et-Loir (4e circonscription) - Union des démocrates et indépendants

Question posée en séance, et publiée le 1er avril 2015


RÉSULTAT DES ÉLECTIONS DÉPARTEMENTALES

M. le président. La parole est à M. Philippe Vigier, pour le groupe de l'Union des démocrates et indépendants.

M. Philippe Vigier. Monsieur le Premier ministre, dimanche, les Françaises et les Français vous ont adressé un désaveu cinglant. Ils ont sanctionné les promesses non tenues sur le chômage et sur le pouvoir d'achat et nombre d'entre eux ont crié leur désespérance.

Ils vous ont adressé un message que vous devez entendre et auquel vous êtes tenu de répondre, vous qui vous êtes personnellement engagé dans cette campagne. Ils vous ont demandé des réformes qui les protègent, des réformes pour préparer l'avenir de leurs enfants, des réformes qui libèrent les énergies pour créer des emplois, ces réformes que le groupe UDI n'a cessé de vous demander ces trois dernières années.

Monsieur le Premier ministre, vous affirmiez ce matin tenir le cap – quel cap ? – en évoquant un possible remaniement. Allez-vous, dans la perspective du congrès du parti socialiste, ouvrir vos portes aux frondeurs ou aux écologistes qui, les uns et les autres, sont chaque jour un peu plus en rupture avec la politique que vous mettez en œuvre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI et sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

Une telle majorité, rafistolée à la hâte, ne vous suivra pas pour mener les réformes de fond dont notre pays a besoin, et vous le savez bien.

Monsieur le Premier ministre, vous avez affirmé ce matin que le peuple vous demande de rester à votre poste. (Exclamations sur quelques bancs du groupe UMP.)

M. Daniel Fasquelle. C'est faux !

M. Philippe Vigier. Ce n'est pas le cas de votre majorité. Comment allez-vous sortir de cette impasse ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI et sur quelques bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le président Vigier, je vous répondrai tout d'abord que je me suis en effet engagé dans la campagne des élections départementales.

M. Daniel Fasquelle. Bravo !

M. Manuel Valls, Premier ministre. C'est mon rôle de Premier ministre, de chef de la majorité. Je ne pouvais accepter l'idée, mais chacun est libre de ne pas être d'accord avec moi, que le Front national devienne à l'occasion de ces élections départementales la première force politique de notre pays. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.)

Et je considère, et cela vaut pour tous les bancs de cette assemblée, que le niveau électoral du Front national, sa présence sur l'ensemble du territoire, les propos qui ont été tenus par un certain nombre de ses candidats appellent et appelleront toujours une réponse, la mobilisation, celle des valeurs de la République. À l'adresse de ceux qui votent pour cette formation, qui sont trompés par elle, ce constat requiert les réponses les plus concrètes possibles sur des questions aussi essentielles que l'emploi, la sécurité, le pouvoir d'achat, le niveau des retraites et, d'une certaine manière, la prise en compte d'une forme de désespérance et de sentiment d'abandon.

Mme Claude Greff. Vous êtes mal à l'aise !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Je suivrai cet engagement parce que le paysage politique, chacun l'a bien compris, et cela doit interpeller le président du groupe centriste que vous êtes, est profondément modifié et chacun doit en tirer les leçons,…

M. Philippe Cochet. Pyromane !

M. Dominique Dord. Commencez par vous-même !

M. Manuel Valls, Premier ministre. …au premier chef le Gouvernement.

Nous allons poursuivre le redressement économique. De mon point de vue, il n'y a pas d'autre voie possible que celle, je le disais voilà un instant à Mme Pompili, du soutien aux entreprises, soutien qui doit leur permettre d'avoir davantage de marges.

M. François Rochebloine. Très bien !

M. Manuel Valls, Premier ministre. C'est ce que nous avons fait avec le pacte de responsabilité et le CICE, soutenus par une conjoncture européenne et internationale qui va dans le bon sens ; le niveau du prix du pétrole et la baisse des taux d'intérêt nous sont favorables, et je n'oublie pas, bien entendu, la baisse de l'euro, que nous avons demandée, et qui est une bonne chose pour la France, pour nos entreprises et pour l'Europe.

Nous allons donc continuer dans cette voie, et il faudra sans doute aller plus loin dans deux directions. La première, je l'ai indiqué, c'est bien sûr le soutien à l'investissement des entreprises ; la seconde, nous aurons l'occasion d'y revenir, c'est la possibilité pour les PME et PMI d'embaucher davantage et plus rapidement, parce que ce sont ces dernières qui accueillent la grande majorité des salariés de ce pays et qui doivent pouvoir embaucher davantage.

M. François Rochebloine. C'est indispensable !

M. Alain Gest. Baratin !

M. Manuel Valls, Premier ministre . Sur ces éléments-là comme sur les chantiers que nous avons engagés – j'ai évoqué la transition énergétique, les quartiers, la ruralité, la priorité donnée à l'éducation, le projet de loi relatif à la santé, dont la discussion commence cette semaine à l'Assemblée nationale –, je souhaite, et je l'ai déjà dit à la tribune de cette assemblée, que nous puissions, les uns et les autres, dialoguer et avancer ensemble.

Après les résultats des dernières élections et compte tenu des défis qui sont devant nous et du changement de paysage politique que je viens de décrire, j'ai la conviction que si la gauche se rassemble, si elle est unie, si elle parvient à s'adresser non pas uniquement à son propre camp mais à l'ensemble des Français, (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP) alors nous pourrons non seulement recréer de l'espérance, mais aussi faire en sorte que les Français reviennent à la vie politique, car ils s'en sont éloignés.

Voilà ce que je voulais vous répondre de la manière la plus claire et la plus lisible possible, monsieur le président Vigier. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SRC et écologiste.)

Données clés

Auteur : M. Philippe Vigier

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Élections et référendums

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 1er avril 2015

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