14ème législature

Question N° 2851
de M. Jacques Myard (Union pour un Mouvement Populaire - Yvelines )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Affaires étrangères
Ministère attributaire > Affaires étrangères

Rubrique > politique extérieure

Tête d'analyse > Syrie

Analyse > minorités chrétiennes. persécutions. attitude de la France.

Question publiée au JO le : 07/05/2015
Réponse publiée au JO le : 07/05/2015 page : 4358

Texte de la question

Texte de la réponse

SITUATION DES CHRÉTIENS D'ALEP


M. le président. La parole est à M. Jacques Myard, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

M. Jacques Myard. J'associe à ma question notre collègue Alain Marsaud. Monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre des affaires étrangères, l'Orient est compliqué, comme le rappelait le général de Gaulle, et nous ne le savons malheureusement que trop, aujourd'hui. Nous assistons même dans cette région à une véritable partie de poker menteur, tant il est vrai que de très nombreux États de la région y jouent parfois un double jeu tout en affichant leur détermination à lutter contre le terrorisme islamique. De nombreux députés siégeant sur tous les bancs – je dis bien sur tous les bancs –, sont en désaccord avec votre analyse du régime de Damas, mais ce n'est pas sur ce point que porte ma question.

Elle porte sur la situation des minorités à Alep, et notamment des chrétiens, qui ont fait l'objet ces derniers jours de bombardements systématiques de la part de l'État islamique et d'Al-Nosra. Monsieur le Premier ministre, vous avez justement déclaré le 24 avril 2015 lors de la commémoration du centenaire du génocide arménien que les chrétiens d'Orient sont « en voie d'être éradiqués », ajoutant que « la France est toujours du côté des victimes » et que « les victimes aujourd'hui ce sont aussi les chrétiens d'Orient ». Les chrétiens d'Alep sont en grand danger et il y a urgence ! L'un de nos collègues a même parlé d'un véritable génocide ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur plusieurs bancs du groupe UDI.)

M. Gérard Charasse et M. Paul Giacobbi . Bravo !

M. Jacques Myard. Quelles initiatives comptez-vous prendre pour sauver les chrétiens d'Alep, monsieur le Premier ministre ? (Mêmes mouvements.)

M. Paul Giacobbi. Très bien !

M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international. Vous vous souvenez, monsieur le député, que j'ai moi-même alerté voici plusieurs semaines non seulement cette assemblée mais la communauté internationale sur la situation extrêmement grave des habitants d'Alep. La France a pour sa part déployé tous les efforts visant à saisir les différentes parties et singulièrement le Conseil de sécurité des Nations unies. La réalité vient encore d'être confirmée par le rapport d'Amnesty International paru hier, selon lequel la situation est abominable. Je n'en impute pas la responsabilité à un seul côté mais dans le rapport d'Amnesty International, il est dit précisément que le régime, qui est le seul à détenir des avions, est coupable de crimes contre l'humanité – je dis bien de crimes contre l'humanité –, consistant à lancer des barils d'explosifs sur les habitants.

M. Jacques Myard et M. Claude Goasguen . Cela ne concerne pas les chrétiens !

M. Laurent Fabius, ministre . Et en même temps, de l'autre côté, il y a les égorgeurs de Daech. Pour nous, la solution n'est ni d'un côté ni de l'autre, c'est l'avers et le revers d'une même médaille. On ne peut pas choisir entre l'horreur et l'horreur. La seule solution est donc la solution politique, que nous cherchons avec les pays arabes, les pays de l'entourage, et avec les Russes également, comme vous le savez, monsieur le député, car nous avons souvent eu l'occasion d'en parler. J'ai moi-même présidé une séance du Conseil de sécurité consacrée aux chrétiens d'Orient et nombreux sont ceux et celles ici qui savent que la France est à l'avant-garde des efforts à déployer. Mais je m'associe volontiers à l'appel d'urgence que vous lancez.

M. Sylvain Berrios. Ce n'est pas suffisant !

M. Laurent Fabius, ministre . Chaque jour qui passe voit de nouveaux chrétiens et de nouvelles minorités tomber, ce qui, du point de vue humain – laissons la politique de côté un instant –, est absolument inacceptable. Chaque fois qu'il s'agira de défendre la cause des minorités et de la réalité humaine, nous serons au premier rang et ce combat, monsieur Myard, est un combat juste ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SRC.)

M. Sylvain Berrios et M. Alain Marty . Et concrètement ?