14ème législature

Question N° 3499
de M. Dominique Dord (Les Républicains - Savoie )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Premier ministre
Ministère attributaire > Premier ministre

Rubrique > emploi

Tête d'analyse > chômage

Analyse > lutte et prévention.

Question publiée au JO le : 14/01/2016
Réponse publiée au JO le : 14/01/2016 page : 120

Texte de la question

Texte de la réponse

LUTTE CONTRE LE CHÔMAGE


M. le président. La parole est à M. Dominique Dord, pour le groupe Les Républicains.

M. Dominique Dord. Madame la ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, vous avez réitéré sans sourciller mardi, et tout à l'heure encore, la promesse de l'inversion de la courbe du chômage. (« Ah ! » sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.) Comment osez-vous encore ? Depuis 2012, le Président de la République a promis six fois cette inversion aux Français lors d'allocutions solennelles. Plus de 1 000 jours ont passé et la promesse n'a pas été tenue !

M. Guy Geoffroy. Et pour cause !

M. Dominique Dord. Mais 2016 ne semble pas calmer vos ardeurs communicantes ! Seul M. Macron, dans un accès de lucidité un peu cynique, prononce avec un talent fou l'éloge funèbre de votre politique en matière d'emploi. Je le cite : « On n'a pas tout fait […] On aurait dû réagir plus vite et plus fort et avec plus d'audace […] plus frontalement ». Dans quel monde vivez-vous, madame la ministre ? Votre politique a fabriqué 1,1 million de chômeurs supplémentaires tandis que, selon M. Macron, vingt-quatre pays d'Europe sur vingt-huit ont fait baisser le chômage !

Plusieurs députés du groupe Les Républicains. Eh oui !

M. Dominique Dord. Voilà bientôt quatre ans que vous êtes au pouvoir et vous présenterez le 14 ou le 18 janvier un plan d'urgence. N'y avait-il pas urgence jusqu'à présent ? Vous annonciez encore tout à l'heure une réforme audacieuse pour mars prochain, c'est-à-dire applicable en septembre. Mais qu'avez-vous fait depuis quatre ans ? Certes, la courbe finira par s'inverser car vous n'allez tout de même pas tuer les vingt-huit millions d'emplois que compte notre pays ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.) Le seul objectif honorable que vous devriez viser serait de rendre les clés en 2017…

M. Damien Abad. Avant !

M. Dominique Dord. …avec moins de chômeurs qu'en 2012. Mais cet objectif, vous savez qu'il n'est pas tenable ! Alors sauvez ce qui peut encore l'être ! N'ajoutez pas l'impudence des nouvelles promesses disqualifiées au désastre social que vous avez créé ! Faites preuve de discrétion ! Travaillez plus et communiquez moins ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

M. Manuel Valls, Premier ministre. Je vous réponds, monsieur le député, car votre question est polémique.

Mme Claude Greff. Vous êtes trop drôle !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Elle relève de la communication et ne formule aucune proposition,…

M. Olivier Marleix. C'est vous qui êtes au Gouvernement !

M. Manuel Valls, Premier ministre. …tout au contraire de la ministre du travail, Myriam El Khomri, qui est pleinement engagée dans la bataille de l'emploi. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.) Personne ici, ni vous ni nous, ne peut nier…

M. Damien Abad. Votre échec ! (Rires sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)

M. Manuel Valls, Premier ministre. …que le mal français est lié au chômage de masse auquel nous nous sommes accoutumés depuis des années. Je pourrais, et avec quelle facilité, vous renvoyer au bilan de 2012, monsieur le député. (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Plusieurs députés du groupe Les Républicains. Cela fait quatre ans !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Je pourrais rappeler les engagements de Nicolas Sarkozy qui avait expliqué lui-même qu'il ne serait pas candidat si le taux de chômage n'était pas divisé par deux.

M. Alain Chrétien. C'est la faute à Sarko !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Alors, pas de leçons sur ce sujet !

M. Yves Fromion. Où sont vos engagements ?

M. Manuel Valls, Premier ministre. Il faut de la lucidité et celle-ci oblige, comme le disent Myriam El Khomri et Emmanuel Macron, à continuer à tout faire pour l'emploi et pour faire baisser le chômage.

M. Yves Fromion. Où sont les résultats ?

M. Manuel Valls, Premier ministre. Jamais un gouvernement n'avait pris un tel engagement : 40 milliards d'euros pour faire baisser le coût du travail et soutenir les entreprises, notamment les PME. Jamais nous n'avons tant fait pour l'innovation et la recherche !

M. Yves Nicolin. Ce sont les régions qui paieront !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Au lieu de critiquer en permanence, mais je conçois que c'est votre rôle, rappelez aussi ce qui marche. Emmanuel Macron soulignait, il y a un instant, que l'image de la France, ô combien détériorée, …

M. Yves Fromion. C'est votre seul résultat !

M. Manuel Valls, Premier ministre. …avait changé et que les investissements étrangers dans notre pays augmentent. Il faut continuer car le nombre de chômeurs, notamment de chômeurs de longue durée et de jeunes sans qualification, oblige à une mobilisation.

M. Guy Geoffroy. Il serait temps !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Au lieu de chercher la vaine polémique et les bons mots, ce pour quoi cet hémicycle compte beaucoup de talents, monsieur le député, mobilisons tous les services de l'État et les partenaires sociaux ! (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)

M. Alain Chrétien. Plus personne n'y croit !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Chacun a des responsabilités, y compris le patronat. Dès lors que la nation consent un investissement de 40 milliards d'euros, chacun doit être au rendez-vous. Quant aux régions, j'en rencontre actuellement tous les présidents car les régions ont des compétences en matière de développement économique, de formation et d'apprentissage. Sur ce sujet, plutôt que la polémique, le bon mot et les attaques à l'égard d'un ministre, c'est le rassemblement et la bonne volonté que nous devons aux Français ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)