Burkina Faso
Question de :
M. François Loncle
Eure (4e circonscription) - Socialiste, écologiste et républicain
Question posée en séance, et publiée le 20 janvier 2016
ATTENTATS AU BURKINA FASO
M. le président. La parole est à M. François Loncle, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.
M. François Loncle. Monsieur le Premier ministre, au cœur de l'Afrique de l'Ouest, la barbarie a encore frappé. Vendredi, c'est la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, qui a été le théâtre d'une sanglante attaque djihadiste. Un hôtel, comme à Bamako le 20 novembre, une terrasse de café-restaurant, comme à Paris le 13 novembre, ont été la cible de terroristes.
Les tueurs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique ont assassiné trente personnes – des hommes, des femmes et un enfant –, dont huit Burkinabés et six Canadiens. Trois de nos compatriotes ont trouvé la mort, dont la grande photographe franco-marocaine Leïla Alaoui, décédée des suites de ses blessures cette nuit. Toutes nos pensées vont vers les familles des victimes et le peuple burkinabé.
Il faut saluer l'engagement exemplaire des forces spéciales françaises, qui sont venues épauler l'armée burkinabée et ont réussi à sauver cent vingt otages.
Cette nouvelle attaque terroriste, dans un pays jusqu'alors épargné, soulève une série de questions. Quel était le nombre des assaillants ? Quelles mesures ont été prises pour renforcer la sécurité des sites français et de nos ressortissants ? Comment notre pays participe-t-il à l'enquête ouverte par les autorités du Burkina Faso ? Quel dispositif supplémentaire de sécurité les pays du G5 Sahel peuvent-ils prendre ?
Pour ma part, j'ai la conviction, et nous sommes nombreux à le penser, que nos amis africains partagent notre détermination à vaincre cette barbarie mondialisée. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen, du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste et sur plusieurs bancs du groupe écologiste et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, monsieur le député François Loncle, vendredi dernier, Ouagadougou a été frappée par la barbarie et la lâcheté terroristes. En début de soirée, six individus ont ouvert le feu au café Cappuccino, sur des clients désarmés, comme à Paris, avant de se réfugier dans l'hôtel Splendid. Le bilan de cette attaque est de trente morts au moins et d'une trentaine de blessés.
Vous le rappeliez, monsieur le président, trois Français ont été tués – M. Arnaud Cazier, M. Eddie Touati et Mme Leïla Alaoui – ainsi que M. Antonio Basto, de nationalité portugaise, qui vivait et travaillait dans notre pays depuis fort longtemps.
Des six agresseurs, trois ont été tués, et trois sont encore recherchés.
Je veux exprimer à mon tour ma solidarité avec le Burkina Faso, les Burkinabés et toutes les victimes de ces attentats terroristes.
Ce sont trois attaques en tout que le pays a subies vendredi. La première, au nord, visait l'escorte d'un préfet et a fait deux morts et deux blessés. Le même jour, un couple d'Australiens, installé dans le pays depuis plus de quarante ans, a été enlevé.
Face à ces attaques distinctes, mais certainement coordonnées, je veux rendre hommage aux autorités du Burkina Faso, qui ont fait preuve de réactivité et de sang-froid. La jeune démocratie du Burkina Faso a besoin de notre soutien et de notre aide. Le Président de la République a proposé l'assistance de la France, notamment pour le bon déroulement de l'enquête.
Comme vous, je veux rendre hommage aux forces spéciales françaises, aux militaires et aux équipes médicales qui sont intervenus en un temps record, là encore à la demande expresse et en soutien de nos amis burkinabés. Enfin, de nombreuses mesures ont été prises pour sécuriser les emprises françaises et protéger, bien sûr, nos compatriotes. Cette attaque a été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique – AQMI –, nouvelle preuve que ce groupe est dangereux et qu'il faut le combattre, ainsi que nous le faisons au Mali au travers de l'opération Barkhane. L'intervention rapide et efficace de nos forces spéciales et d'éléments prépositionnés en Côte d'Ivoire prouve le bien-fondé de notre déploiement en Afrique.
Comme l'attaque de l'hôtel Radisson Blu à Bamako, ces actes terroristes nous rappellent que la sécurité au quotidien est d'abord et avant tout de la responsabilité des pays concernés. Mais nous soutenons les efforts des pays de la région pour renforcer leurs forces de sécurité intérieure et leurs services de renseignement. La coopération au sein du G5 Sahel est bien évidemment la voie à suivre. L'Afrique est la cible de ces groupes terroristes, notamment dans des pays comme le Burkina Faso, le Mali ou la Tunisie qui représentent la démocratie, l'apaisement. Plus que jamais, nous devons être aux côtés de nos amis africains ; comme nous, ils vivent ce qu'est le terrorisme, comme nous, ils combattent le terrorisme et la barbarie au nom de nos valeurs communes. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen, du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste ainsi que sur plusieurs bancs du groupe écologiste et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)
M. Jean Leonetti. Très bien !
Auteur : M. François Loncle
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 20 janvier 2016