Iran
Question de :
M. Pierre Lellouche
Paris (1re circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 28 janvier 2016
RELATIONS AVEC L'IRAN
M. le président. La parole est à M. Pierre Lellouche, pour le groupe Les Républicains.
M. Pierre Lellouche. Monsieur le Premier ministre, vous recevez aujourd'hui et demain la visite du président de la République islamique d'Iran. Vous me permettrez tout d'abord de vous féliciter pour n'avoir pas jugé nécessaire de voiler les statues dénudées de Paris, notamment celles de la place de la Concorde (Sourires)…
M. Christophe Caresche. Pitoyable !
M. Pierre Lellouche. …à l'instar de ce que les autorités italiennes ont cru devoir faire en mettant hier sous sarcophage les statues du musée du Capitole. Il demeure que cette visite appelle plusieurs questions.
Premièrement, l'accord nucléaire signé le 14 juillet dernier gèle le programme nucléaire iranien pour une quinzaine d'années, sans le supprimer. Quelles sont les perspectives de la France dans ce pays, dès lors que les sanctions sont levées ? Et jusqu'à quel point serions-nous capables de rétablir ces sanctions si cela s'avérait nécessaire ?
Deuxièmement, quelles sont selon vous les marges de manœuvre du président Rohani,…
M. Claude Goasguen. Aucune !
M. Pierre Lellouche. …dans un pays encore largement tenu par la hiérarchie religieuse, qui persiste à vouloir rayer Israël de la carte ?
Troisièmement, la France a donné l'impression, sous François Hollande, de se rapprocher très étroitement – certains diront de s'aligner – sur l'Arabie saoudite, alors même qu'au Liban, en Irak, au Yémen et bien sûr en Syrie se déroule une véritable guerre par procuration entre l'Arabie Saoudite sunnite et l'Iran chiite.
La guerre en Syrie entre dans sa sixième année : elle ne pourra prendre fin sans que le dialogue ne soit rétabli avec le régime syrien et la Russie – l'opposition n'a cessé de vous le dire depuis trois ans –, mais également sans un dialogue entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Quelles sont, monsieur le Premier ministre, les marges de manœuvre de la France pour servir de négociateur et faciliter un dialogue entre ces deux puissances, alors que nous subissons de plus en plus le terrorisme et les vagues migratoires en provenance de Syrie ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger.
M. Matthias Fekl, secrétaire d'État chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger. Monsieur le député, vous interrogez le Gouvernement sur l'Iran. Je vais essayer de répondre à vos multiples questions.
S'agissant de l'Iran,…
M. Claude Goasguen. De la République islamique d'Iran !
M. Matthias Fekl, secrétaire d'État. …tout d'abord, vous avez raison de dire que la levée des sanctions est maintenant en vigueur, à la suite de l'accord de Vienne du 14 juillet dernier. À cet égard, vous connaissez le rôle joué par la diplomatie française à travers Laurent Fabius…
M. Claude Goasguen. Ça, on le connaît : une réussite !
M. Matthias Fekl, secrétaire d'État. …et son attitude de fermeté constructive. L'Agence internationale de l'énergie atomique a constaté mi-janvier que toutes les conditions étaient désormais réunies pour lever les sanctions onusiennes, européennes et américaines, qui s'appliquaient. Nous sommes donc parvenus à ce que l'accord appelle le « jour de mise en œuvre ».
Cet accord ouvre une nouvelle phase dans nos relations avec l'Iran, avec des perspectives de coopération économique, culturelle…
M. Claude Goasguen. Culturelle ?
M. Matthias Fekl, secrétaire d'État. …et diplomatique très larges. La visite du président Rohani en France, préparée de manière très approfondie par un déplacement de Jean-Pierre Raffarin et du président Larcher, permettra d'évoquer l'ensemble de ces sujets, dans le respect de l'accord de Vienne.
Lorsque Stéphane Le Foll et moi-même nous sommes rendus en Iran, à la fin de l'année dernière, nous avons pu évoquer toutes ces thématiques. Il s'agissait du premier déplacement de ministres en charge de secteurs économiques depuis douze ans, alors que nos échanges avec l'Iran ont été divisés par neuf en dix ans, passant de 4 milliards d'euros en 2004 à 450 millions d'euros en 2014.
Nous souhaitons à présent aller de l'avant, notamment pour promouvoir la paix, la stabilité et la sécurité dans la région, ainsi que le dialogue avec l'Arabie saoudite. La France, grand pays, membre permanent du Conseil de sécurité, échange et dialogue avec tous. Les deux pays sont des acteurs majeurs pour la paix et la stabilité de cette région. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
Auteur : M. Pierre Lellouche
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Commerce extérieur, tourisme et Français de l'étranger
Ministère répondant : Commerce extérieur, tourisme et Français de l'étranger
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 28 janvier 2016