14ème législature

Question N° 3620
de Mme Élisabeth Guigou (Socialiste, républicain et citoyen - Seine-Saint-Denis )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Affaires étrangères
Ministère attributaire > Affaires étrangères

Rubrique > politique extérieure

Tête d'analyse > Syrie

Analyse > attitude de la France.

Question publiée au JO le : 11/02/2016
Réponse publiée au JO le : 11/02/2016 page : 1218

Texte de la question

Texte de la réponse

POLITIQUE INTERNATIONALE


M. le président. La parole est à Mme Élisabeth Guigou, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.

Mme Élisabeth Guigou. Monsieur le ministre des affaires étrangères et du développement international, le ministère que vous dirigez est celui de la lutte pour la paix, de la défense des intérêts de notre pays et de son influence dans le monde.

M. Patrice Verchère. Vous voulez être ministre !

Mme Élisabeth Guigou. Dans notre monde dangereux, tragique pour des millions d'êtres humains, qu'aucune puissance ne peut réguler seule, la France est respectée, écoutée, entendue par les États et les sociétés civiles. Monsieur le ministre, notre action extérieure est un motif de fierté. Sous l'autorité du Président de la République, vous avez constamment agi pour la paix et la sécurité.

M. Philippe Meunier. On voit le résultat !

Mme Élisabeth Guigou. Au Mali et en Centrafrique, après nos succès militaires, la France a recherché des solutions politiques. À Kiev, en 2014, avec vos homologues allemand et polonais, vous avez arraché un accord qui a évité un bain de sang. Au Moyen-Orient, contre la prolifération nucléaire, vous avez exigé et obtenu un accord solide avec l'Iran. Notre diplomatie soutient la transition politique en Syrie pour mettre fin aux souffrances de la guerre, qui nourrissent le terrorisme et le fanatisme. Vous plaidez sans relâche à l'ONU en faveur de la sécurité pour les Israéliens et de la justice pour les Palestiniens. Vous avez aussi voulu une diplomatie économique active sur tous les continents. Enfin, le succès éclatant de la conférence de Paris sur le climat…

M. Marcel Rogemont. Bravo !

Mme Élisabeth Guigou. …est la meilleure illustration de la diplomatie d'influence par laquelle notre pays sait peser sur l'ordre mondial, en entraînant l'Europe et les États émergents.

M. Guy Geoffroy. Inutile d'en faire des tonnes, vous ne serez pas ministre !

Mme Élisabeth Guigou. La compétence et le professionnalisme de nos diplomates, l'engagement personnel du Président de la République et votre exceptionnelle implication ont permis cet accord historique. (« N'en jetez plus ! » sur les bancs du groupe Les Républicains.) Ces succès sont remarquables…

M. Patrice Verchère. C'est trop ! Cela ne sert à rien !

M. Philippe Meunier. On se croirait au Soviet suprême !

M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues !

Mme Élisabeth Guigou. …mais il subsiste des menaces graves autour de l'Europe.

Ma question porte sur la Syrie. Le groupe international de soutien à la Syrie, qui associe notamment la Russie et l'Iran, se réunira demain à Munich pour tenter de relancer le processus de paix. Quels résultats en attendez-vous ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)

M. Philippe Meunier. C'était ridicule !

M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste républicain et citoyen, du groupe de la Gauche démocratique et républicaine, du groupe écologiste, du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants. - Les députés du groupe socialiste, républicain et citoyen se lèvent.)

M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international. Madame la présidente, j'essaierai de répondre à votre question, qui porte essentiellement sur la Syrie. Nous avons malheureusement eu l'occasion d'évoquer plusieurs fois ce sujet tragique, et qui l'est encore plus aujourd'hui compte tenu de l'encerclement d'Alep.

Il y a la brutalité effrayante du régime de M. Bachar Al-Assad.

Plusieurs députés du groupe Les Républicains. Et voilà !

M. Laurent Fabius, ministre. Les dernières enquêtes de l'ONU établissent qu'il a fait assassiner et torturer des dizaines de milliers de personnes en prison. Il y a en outre, il faut bien le dire, une complicité de la Russie et de l'Iran – j'appelle les responsables par leur nom. (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues !

M. Laurent Fabius, ministre. Il y a enfin un certain nombre d'ambiguïtés de la part de toute une série de partenaires. (Mêmes mouvements.)

Vous me demandez, madame la présidente, quelle sera la position de la France. Elle consiste d'abord à demander et à exiger la cessation des bombardements. Elle consiste ensuite à demander un cessez-le-feu et, comme nous n'avons cessé de le faire, à exiger un processus politique, ce qui appelle une négociation.

M. François Rochebloine. Quel résultat ?

M. Laurent Fabius, ministre. Elle consiste enfin à concentrer toutes nos forces dans la lutte contre les terroristes de Daech.

M. Yves Nicolin. Baratin !

M. Laurent Fabius, ministre. Voilà ce que nous avons fait et ce que nous continuerons à faire.

M. François Rochebloine. Avec quel succès !

M. Yves Nicolin. Stratégie inopérante !

M. Laurent Fabius, ministre. Madame Guigou, vous avez eu la gentillesse de porter une appréciation plus générale. Je ne porterai pas de jugement sur ma propre action – c'est évidemment impossible de ma part. Permettez-moi simplement de vous remercier toutes et tous, ici, dans cette maison…

Mme Claude Greff. Ah là là…

M. Laurent Fabius, ministre. …dont il faut répéter, malgré les critiques, qu'elle est le cœur battant de la démocratie. (Applaudissements sur tous les bancs.)

J'ajouterai, mesdames et messieurs les députés, que sous l'autorité du Président de la République et du Premier ministre, et sous votre contrôle, j'ai dirigé la diplomatie française avec fierté et l'ai servie avec bonheur. (Mêmes mouvements. – Mmes et MM. les députés du groupe socialiste, républicain et citoyen, du groupe écologiste et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste se lèvent.)