Question au Gouvernement n° 3874 :
gouvernement

14e Législature

Question de : M. Dominique Dord
Savoie (1re circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 4 mai 2016


SITUATION ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE

M. le président. La parole est à M. Dominique Dord, pour le groupe Les Républicains.

M. Dominique Dord. Monsieur le Premier ministre, comme le dit le Président de la République, ça va mieux ! Vos amis de l'ultra-gauche prétendent désormais assurer la sécurité des Français, en plein état d'urgence, en passant la nuit debout place de la République. Les policiers ne se font pas agresser dans les manifestations. Votre politique n'a finalement engendré qu'un petit million de chômeurs supplémentaires, et comme vous allez sortir des statistiques 500 000 personnes en formation, ça devrait aller encore beaucoup mieux !

On peut penser que l'UNEF, à laquelle vous avez promis une surtaxation des CDD, va donner l'exemple en créant elle-même quelques milliers de CDI…

Nous pouvons encore imaginer qu'Areva va bien et qu'EDF n'a nulle perspective difficile devant elle…

M. Maurice Leroy. Tout va très bien !

M. Dominique Dord. Les communes de France sont toujours debout malgré la purge historique que vous leur avez infligée. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

Les enfants de France sont rayonnants de santé grâce à leurs nouveaux rythmes scolaires : ça va mieux ! Le Front national, quant à lui, n'est pas aux portes du second tour de l'élection présidentielle – pour la deuxième fois dans notre histoire après cinq ans de socialisme : ça va mieux ! Votre ministre de l'économie ne vous défie pas ; il ne défie pas le Président de la République. Il veut simplement se mettre « en marche » pour vous aider ! Nos agriculteurs ne sont pas désespérés, nos PME ne sont pas découragées : ça va mieux !

Votre majorité au Parlement est solide comme jamais ; les frondeurs ne frondent plus ; l'article 49 alinéa 3 de la Constitution ne sera pas utilisé avant la semaine prochaine.

À un an des élections, le Président de la République ne multiplie pas les cadeaux électoraux avec de l'argent qu'il n'a pas en faisant des promesses semaine après semaine…

Je me demande donc, monsieur le Premier ministre, et ce sera ma question, si vous ne devriez pas, comme le Président, faire désormais l'éloge des mous ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et sur plusieurs bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Manuel Valls, Premier ministre. Il y a en effet quelque chose qui ne va pas mieux en France, monsieur le député : c'est l'opposition et sa capacité à avancer des propositions. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen. - Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Je connais votre talent et votre ironie – nous la retrouvons régulièrement dans cet hémicycle, et c'est pour cela que vous êtes apprécié. Mais essayons un instant de regarder objectivement et avec lucidité la situation dans laquelle nous sommes.

Oui, ça va mieux (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains), et le Gouvernement assume pleinement ce constat. Ça va mieux en matière de croissance : quand on peut évoquer 1,1 % en 2015 et une perspective confirmée par les chiffres qui viennent d'être publiés pour l'année 2016, oui, ça va mieux pour notre économie ! Quand les chiffres du chômage baissent, comme cela a été le cas au mois de mars, oui, ça va mieux ! Pas pour le Gouvernement ou pour la majorité…

M. Sylvain Berrios. Pas non plus pour les Français !

M. Manuel Valls, Premier ministre. …mais d'abord pour les Français, qui sont directement concernés par cette baisse du chômage.

Quand nous faisons, comme ces jours-ci, le bilan de la refondation de l'école, des postes qui ont été créés, de la réduction des inégalités, oui, monsieur le député, nous pouvons dire que ça va mieux, surtout au regard du bilan qui fut le vôtre, sur ce sujet comme sur d'autres, lorsque vous étiez au gouvernement ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)

Il ne suffit pas d'ironiser ou de caricaturer : il s'agit aussi de comparer. Je vous attends donc sur le bilan et sur le projet, mesdames et messieurs de l'opposition !

M. Yves Censi. Tout va très bien, madame la marquise !

M. Claude Goasguen. On verra aux élections !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Car ce que vous préparez pour le pays, c'est précisément moins de fonctionnaires dans l'éducation nationale et dans la police, moins de militaires dans la gendarmerie et dans les armées ! Ce que vous proposez, ce n'est pas une baisse des impôts : c'est la baisse des impôts pour les plus riches, alors que nous, nous les baissons pour les classes moyennes et pour les couches populaires !

Au lieu de manier l'ironie, monsieur le député, faites donc des propositions ! Faites en sorte que dans quelques mois, les Français puissent choisir !

M. Claude Goasguen. Ils vont choisir !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Au fond, et le Président de la République l'indiquait il y a un instant, des modèles, des projets, des perspectives pour le pays sont en train de se dessiner…

M. Claude Goasguen. Ben voyons !

M. Manuel Valls, Premier ministre. …autour de trois belles idées. La première est celle du progrès et de l'idée que nous nous faisons du progrès. J'ai parlé de l'école ; on pourrait parler de l'université ou de la recherche.

La deuxième est celle du compromis, du compromis dans la négociation. C'est le sens du projet de loi que défendra tout à l'heure Myriam El Khomri, dont je veux saluer l'action, le courage et la pugnacité dans la défense de son texte ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste.)

C'est un texte utile pour les entreprises et bon pour les salariés.

La dernière idée est celle de la cohésion, de la cohésion républicaine et de la cohésion nationale.

M. Sylvain Berrios. Parlez-nous plutôt de la cohésion gouvernementale !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Franchement – et n'ironisons pas sur ce point, monsieur le député : je veux rendre hommage, comme le fera sans doute dans un instant le ministre de l'intérieur, aux forces de sécurité, aux policiers et aux gendarmes, qui accomplissent – parmi bien d'autres tâches – un travail difficile de maintien de l'ordre. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et sur plusieurs bancs du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste.) Je condamne avec la plus grande sévérité ceux qui se livrent à des actes inqualifiables à l'égard des forces de l'ordre, comme je condamne les propos de ceux qui s'abritent derrière les casseurs pour mettre en cause les forces de l'ordre, les préfets, le ministre de l'intérieur et le Gouvernement ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)

Ce discours, nous le tenons à chaque fois que se produisent des violences, que ce soit au moment des manifestations contre le mariage pour tous ou aujourd'hui. Le Gouvernement et la majorité sont cohérents et n'ont qu'un seul discours. Plutôt que de manier l'ironie, il importe à cette heure de défendre la nation, la France et la République ! C'est le sens de l'action du Gouvernement. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste.)

Données clés

Auteur : M. Dominique Dord

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : État

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 4 mai 2016

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