14ème législature

Question N° 3937
de M. Hervé Mariton (Les Républicains - Drôme )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Premier ministre
Ministère attributaire > Premier ministre

Rubrique > cérémonies publiques et fêtes légales

Tête d'analyse > commémorations

Analyse > centenaire de la bataille de Verdun. concert.annulation.

Question publiée au JO le : 18/05/2016
Réponse publiée au JO le : 18/05/2016 page : 3300

Texte de la question

Texte de la réponse

CONCERT DU RAPPEUR BLACK M À VERDUN


M. le président. La parole est à M. Hervé Mariton, pour le groupe Les Républicains.

M. Hervé Mariton. Madame Azoulay, comment osez-vous justifier le concert de Black M à Verdun ? Il est le pilier d'un groupe aux textes homophobes, antisémites et antifrançais. Sait-il chanter ? Peut-être. Sans doute… Le talent n'excuse pas tout. Madame Azoulay,…

Mme Marie-George Buffet et Mme Huguette Bello. Madame la ministre !

M. Hervé Mariton. …le Gouvernement sait-il honorer la mémoire, l'histoire et la nation ? La réponse, hélas, est non. Vous osez, madame Azoulay,… (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)

Plusieurs députés du groupe socialiste, républicain et citoyen et du groupe de la gauche démocrate et républicaine. Madame la ministre !

M. Hervé Mariton. …dénoncer les Républicains qui condamnent ici ce concert. Quelle inversion des valeurs !

Madame Azoulay, vous manquez de respect à nos soldats d'aujourd'hui (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains – Exclamations et huées sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine) ; vous manquez de respect aux anciens combattants de toutes générations. Vous manquez de respect à ceux de Verdun, à ceux de 14-18. Vous manquez de respect, madame Azoulay,…

Mme Huguette Bello. C'est vous qui lui manquez de respect !

M. Hervé Mariton. …à mon grand-père, Chalom Benkemoune, croix de guerre, médaillé militaire, tirailleur algérien, qui n'aurait pas imaginé que vous acceptiez qu'on le traite de youpin. (« Oh ! » sur plusieurs bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.) Vous manquez de respect à la mémoire de Verdun, qui a forgé cette unité de la France que vous ne devez pas abîmer par une telle provocation et dont nous devons, tous ici, faire la preuve.

M. Jean Glavany. C'est honteux ! La campagne de la primaire à droite ne permet pas tout !

M. Hervé Mariton. Vous manquez également de respect, madame la ministre, à l'égard de l'État, quand François Hollande veut mobiliser des moyens pour financer ce concert et en assurer la sécurité, alors que le Gouvernement est incapable d'assurer la sécurité des Français, à Rennes et au-delà. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains. – Vives protestations et huées sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.) Madame le ministre, pour l'unité, pour l'honneur de la France et…

M. le président. Merci, monsieur Mariton. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le député, vous vous adressiez il y a un instant à Mme la ministre de la culture. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen, du groupe écologiste, du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.) Votre question est une bonne illustration de ce que j'ai rappelé il y a un instant sur la violence des mots (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains) et leur utilisation pour créer de la tension dans le pays.

Ce n'est pas parce que l'on est candidat à la primaire de la droite que l'on peut s'autoriser ces mots, ces mises en cause et ces accusations (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et du groupe écologiste.)

M. Philippe Gosselin. Là n'est pas le problème !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le député, vous aurez du mal à faire croire, dans cet hémicycle, que le Premier ministre de la France et la ministre de la culture puissent, un seul instant, être pris en défaut dans leur lutte contre l'antisémitisme, d'où qu'il vienne. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et du groupe écologiste.)

M. Hervé Mariton. Alors, pourquoi défendre ce concert ?

M. Manuel Valls, Premier ministre. Si quelqu'un, ne connaissant pas notre pays, assistait pour la première fois à cette séance de questions au Gouvernement, quelle image aurait-il de notre démocratie, du Parlement et de l'opposition, en entendant de telles mises en cause ? (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Des décisions ont été prises concernant cette malheureuse affaire, qui est derrière nous. Mais, monsieur Mariton, le poids de l'histoire, la présence de députés alsaciens au premier rang, ce que nous savons tous de la France, tout cela ne vous autorise pas à faire ces mises en cause et à expliquer, dans cet hémicycle, que le Président de la République, le Gouvernement, la ministre de la culture et le secrétaire d'État chargé des anciens combattants nient l'histoire et mettent en cause ce que nous sommes.

M. Hervé Mariton. Reconnaissez la faute !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Au contraire, dans ces moments-là, vous devriez être capable de faire preuve de bon sens et de favoriser, pour une fois, la cohésion. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen, du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste et du groupe écologiste. – Exclamations et huées sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Plusieurs députés du groupe Les Républicains. Répondez ! C'est scandaleux !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le député, il y en a assez de cette violence verbale, de ces mises en cause ! Je vous le dis clairement, les yeux dans les yeux : nous, nous tiendrons ! Une grande partie de la droite ne cesse de tenir ce discours consistant à remettre en cause la légitimité de l'action du Gouvernement. Nous avons tenu et nous tiendrons jusqu'au bout ! Et nous irons, projet contre projet, pour vous dire que nous n'acceptons pas cette violence, ni cette manière de se comporter et de mettre en cause l'action de l'État. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen et du groupe écologiste. – « Zéro ! Lamentable ! » sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)