Question au Gouvernement n° 3975 :
investissements

14e Législature

Question de : M. Jean-Claude Bouchet
Vaucluse (2e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 25 mai 2016


GROUPE TECHNIP ET ATTRACTIVITÉ ÉCONOMIQUE DE LA FRANCE

M. le président. La parole est à M. Jean-Claude Bouchet, pour le groupe Les Républicains.

M. Jean-Claude Bouchet. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Georges Clemenceau disait qu'« il est plus facile de réformer autrui que soi-même ». Vous démontrez que vous ne savez faire rien de cela : ni réformer la France ni apprendre de vos échecs.

M. Jean Glavany. Quel talent !

M. Jean-Claude Bouchet. Après Alstom Energy, Alcatel et Lafarge, Technip se jette dans les bras d'un industriel étranger et transfère son siège social à Londres. Les fleurons de notre économie continuent de quitter la France. L'an dernier, 150 nouveaux sièges sociaux se sont installés au Royaume-Uni. Dans le même temps, la France en a attiré onze.

Les chiffres de l'attractivité de la France font froid dans le dos : ils confirment qu'elle est tout simplement en décrochage par rapport à ses voisins européens. Les investisseurs internationaux reviennent en Europe, mais pas en France ! Ils vont en Allemagne, au Royaume-Uni ; la France est exclue de la compétition. Pourquoi ?

Interrogés, les investisseurs pointent évidemment le niveau des charges et des coûts salariaux. Ils redoutent le poids de la fiscalité des entreprises. Ils regrettent l'absence de flexibilité d'un droit du travail qui apparaît chaque jour un peu plus obsolète.

Ce recul de la France commande de vraies réformes, pour ne pas laisser le décrochage s'installer. Ces chiffres révèlent votre échec patent : un quinquennat pour rien ! Le Président de la République a raison : ça va mieux… mais en Europe, chez nos voisins !

Ça ne va pas mieux pour les Français qui, aujourd'hui, ne peuvent même plus aller travailler du fait de la pénurie d'essence, de la grève des cheminots et bientôt des transports en commun ! Monsieur le Premier ministre, comment oser dire que ça va mieux, quand moins d'un quart des investisseurs envisagent des projets en France en 2016 ? Prendrez-vous enfin les décisions qui s'imposent ou continuerez-vous à laisser la France devenir la risée de l'Europe ? À persister dans votre petite musique du « ça va mieux », prenez garde que le peuple ne conjugue le verbe « aller » sur un tout autre refrain : « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira » ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Les Républicains.)

M. Bernard Accoyer. Du siège social, si !

M. Emmanuel Macron, ministre. Ni même du siège, monsieur le député. Technip a fusionné avec FMC Technologies, l'un de ses partenaires, pour créer un champion du secteur parapétrolier. Quelle était la solution alternative ? Que Technip et FMC Technologies soient rachetés par les champions anglo-saxons ou norvégiens du secteur.

Il s'agit donc d'une bonne opération, que nous avons accompagnée par le truchement de la BPI, qui est actionnaire de Technip : le président exécutif du nouveau groupe est un Français ; le directeur exécutif des opérations est un Français, basé en France, l'autre siège étant à Houston. Je rappelle qu'aujourd'hui, le dirigeant de Technip partage son temps entre la France et Houston, l'unique siège en Europe – siège juridique – se trouvant à Londres. Voilà la réalité ! (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.) En plus de l'esprit de géométrie, il faut avoir l'esprit de détail !

Comme le dirigeant de Technip l'a expliqué dimanche, il s'agit d'un Airbus du parapétrolier. C'est une bonne chose, et créer un tel groupe était nécessaire.

Puisque vous parlez d'attractivité, monsieur le député, je vous invite, là encore, à la prudence et au détail. L'attractivité des sièges sociaux est une chose, mais ça n'est pas la forme d'attractivité qui crée le plus d'emplois. Pourquoi est-elle supérieure au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas ? Pour des raisons d'optimisation fiscale ou de gouvernance.

La France est plus attractive en matière de recherche et développement.

Mme Claude Greff. Ça ne se voit pas !

M. Emmanuel Macron, ministre. Nous l'avons démontré lors d'opérations récentes : nous sommes plus attractifs grâce aux dernières décisions en matière de production. L'attractivité française existe, et elle crée de l'emploi.

M. Dominique Dord. Alors, ça va mieux !

Données clés

Auteur : M. Jean-Claude Bouchet

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique économique

Ministère interrogé : Économie, industrie et numérique

Ministère répondant : Économie, industrie et numérique

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 25 mai 2016

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