maintien
Question de :
M. Jean-Charles Taugourdeau
Maine-et-Loire (3e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 26 mai 2016
SITUATION SOCIALE
M. le président. La parole est à M. Jean-Charles Taugourdeau, pour le groupe Les Républicains.
M. Jean-Charles Taugourdeau. Comment allez-vous, monsieur le Premier ministre ? Mieux j'imagine, comme la France n'est-ce pas ? Monsieur le Premier ministre, ce ne sont pas les syndicats, qui ne représentent qu'eux-mêmes, qui prennent les Français en otage mais vous, avec vos promesses sans lendemain qui sont des affirmations indignes d'un Premier ministre. (« Très juste ! » sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains. – Murmures sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
Avez-vous demandé au salarié si ça va mieux quand il est prisonnier de son entreprise parce qu'en la quittant il sait qu'il ne retrouvera pas de travail ? L'agriculteur va-t-il mieux face à la volatilité des prix ? Sans parler de la volatilité de sa retraite !
Avez-vous demandé au chef d'entreprise – TPE, PME, ETI – qui espérait un code du travail intelligent si ça va mieux maintenant ?
Avez-vous interrogé les artisans, les commerçants, les professionnels libéraux alors qu'ils n'ont pas les moyens d'embaucher par peur de ne pouvoir licencier face à une baisse d'activité ?
Et les policiers, les gendarmes vont-ils mieux quand on libère les casseurs qui veulent les tuer ? La mère de famille, en panne de carburant, va-t-elle mieux quand elle ne peut pas aller chercher ses enfants à l'école ? (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe Les Républicains. – Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
M. le président. Je vous en prie, chers collègues !
M. Jean-Charles Taugourdeau. Avez-vous demandé aux lycéens s'ils iront mieux quand ils ne pourront pas passer le Bac à cause des grèves de transports ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains.)
Les retraités, qui n'ont pas les moyens d'aider leurs enfants et leurs petits-enfants, vont-ils mieux ?
Monsieur le Premier ministre, avez-vous demandé aux Français s'ils vont mieux et se sentent en sécurité quand sous état d'urgence, vous autorisez les manifestations, les occupations de locaux et de zones de non droit alors que vous-même dites que, et je vous cite, « la menace est toujours extrêmement élevée et n'a sans doute jamais été aussi élevée. » ?
Les Français sont découragés, ils sont inquiets. Vous les clivez en opposant ceux qui travaillent à ceux qui vivent du système. Et franchement, vous vous décrédibilisez quand vous leur dites, depuis l'étranger, que ça va mieux !
Quand vous aurez mis tous les Français en colère, en les prenant pour des idiots, pensez-vous que la France ira mieux ? Dites-nous enfin la vérité, monsieur le Premier ministre ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains.)
M. François Loncle. Lui, il va très mal !
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Manuel Valls, Premier ministre. Hier, monsieur le député, il pleuvait ; le défenseur de l'équipe de France Raphaël Varane s'est blessé : cela doit sans doute être à cause du Gouvernement, mais vous avez oublié de le rappeler dans votre question. (Applaudissements et rires sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
M. Christian Jacob. Épargnez-nous ce genre d'arguments !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Plus sérieusement, essayons de mettre dans le débat public un tant soit peu d'ordre et, surtout, de raison.
M. Christian Jacob. C'est vous le Premier ministre.
M. Manuel Valls, Premier ministre. Vous parlez des policiers et des gendarmes qui ont été blessés et qui se sont retrouvés dans cette voiture et qui, sans leur sang-froid et leur courage auraient pu mourir, monsieur Jacob. Plutôt que de polémiquer sur un tel sujet, plutôt que de mettre, une nouvelle fois, en cause le Gouvernement, suite à une décision de justice…
M. Jean-François Lamour. C'est vous qui êtes aux affaires.
M. Manuel Valls, Premier ministre. …vous auriez pu rappeler que le parquet a fait appel,…
Mme Claude Greff. C'est votre rôle.
M. Manuel Valls, Premier ministre. …vous auriez pu rappeler que pour donner la force nécessaire aux policiers et aux gendarmes, il leur faut des moyens de fonctionnement, ces moyens que vous avez baissés lorsque vous étiez au pouvoir. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain. – Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)
M. Christian Jacob. Cela fait quatre ans que vous êtes au pouvoir !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Il faut plus d'hommes sur le terrain, mais lorsque vous étiez dans la majorité, vous avez supprimé des milliers de postes. (Mêmes mouvements.) On peut continuer ainsi pendant des mois, des années avec ce type de débat inutile qui n'intéresse pas les Français. Ce qui est intéressant dans votre question, c'est de constater qu'il y a deux conceptions lesquelles doivent faire l'objet d'un débat dans les mois qui viennent devant le pays.
Vous avez parlé de ces syndicats qui ne servent à rien.
M. Jean-Charles Taugourdeau. Non.
M. Manuel Valls, Premier ministre. À ceux qui aujourd'hui, dans la rue, veulent faire tomber le Gouvernement, veulent bloquer le pays…
M. Sylvain Berrios. C'est votre majorité qui veut ça !
M. Manuel Valls, Premier ministre. …et qui n'auraient alors comme majorité alternative que la droite que vous représentez – une droite dure –, je dis qu'ils doivent pouvoir choisir. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.) Il n'y a pas d'alternative à gauche,…
M. Patrice Carvalho. Si !
M. Manuel Valls, Premier ministre. …il n'y a que la gauche qui réforme. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.) La seule alternative, c'est vous qui la représentez. C'est-à-dire ceux qui veulent mettre en cause le paritarisme, le dialogue social, le rôle et la place des syndicats. Dites-le au pays ! (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)
La deuxième conception est bien étrange par rapport à l'histoire de notre pays. C'est toujours les mêmes phrases que vous employez en dénonçant l'assistanat, ceux qui vivent du système.
M. Christian Jacob. M. Taugourdeau a raison.
M. Manuel Valls, Premier ministre. Mais continuez ainsi, monsieur le député. Ce type de discours ne fait qu'alimenter le populisme, le rejet des uns et des autres, l'extrême-droite. (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains. – Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
M. Christian Jacob. Le Front national n'a jamais été aussi haut que depuis que vous êtes au pouvoir. C'est vous qui le faites monter !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Continuez ainsi ! Il n'y a pas d'un côté ceux qui travaillent et ceux qui vivent du système. Il y a ceux qui sont dans le travail et ceux qui sont au chômage. Il y a d'un côté ceux qui méritent la solidarité et ceux qui sont en difficulté.
Voilà deux conceptions des choses. Au moins, votre question aura eu le mérite, monsieur le député, de montrer à quel point nos conceptions du modèle social étaient différentes ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)
M. Yves Fromion. C'est absolument faux. Quelle caricature !
Auteur : M. Jean-Charles Taugourdeau
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Ordre public
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 26 mai 2016