Question au Gouvernement n° 4247 :
terrorisme

14e Législature

Question de : M. Julien Aubert
Vaucluse (5e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 13 octobre 2016


LUTTE CONTRE L'ISLAMISME RADICAL

M. le président. La parole est à M. Julien Aubert, pour le groupe Les Républicains.

M. Julien Aubert. Monsieur le ministre de l'intérieur, un récent reportage sur M6, présenté par Bernard de la Villardière dans le cadre de l'émission Dossier tabou, a dévoilé la face cachée de l'islamisme en France. Il montre que, par électoralisme, certaines municipalités n'hésitent pas à courtiser les salafistes. Il montre que si la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte, d'autres puissances étrangères le font à notre place, finançant par là même une idéologie qui sape la République. Il montre qu'aujourd'hui en France, la liberté d'informer peut se heurter à des nervis sur le terrain.

Mais, surprise : pendant que la France subventionne des écoles coraniques – 5 000 élèves dans une cinquantaine d'établissements – et se montre d'une coupable indulgence avec les imams radicaux, on s'acharne à décrédibiliser les lanceurs d'alerte. Bernard de la Villardière a ainsi été accusé d'avoir truqué son reportage, et une semaine plus tard, le parquet de Paris ouvrait une enquête préliminaire contre Éric Zemmour pour apologie du terrorisme. Mettre sur le même plan Éric Zemmour et Dieudonné, il fallait y penser !

Comment expliquez-vous, monsieur le ministre que l'on soit davantage inquiété lorsqu'on dénonce l'islam radical que lorsqu'on bafoue la République dans des prêches, des vidéos et des pratiques qui défient l'identité culturelle de la France ?

Il faut écraser le mal quand il est encore temps.

M. Alexis Bachelay. N'importe quoi !

M. Julien Aubert. Une étude menée par l'IFOP et l'Institut Montaigne a révélé début septembre que 28 % de Français musulmans placent la charia au-dessus des lois de la République. Cela fait un million de personnes potentiellement réceptives au discours des islamistes. Il est en train de se créer, sous nos yeux, une jeunesse salafiste en rupture avec la communauté nationale, une jeunesse qui ne croit plus au projet républicain.

Monsieur le ministre, quand allez-vous déclarer un moratoire sur la création d'écoles coraniques hors contrat tant que le péril islamiste ne sera pas écarté ? Quand allez-vous prendre des mesures de précaution obligeant l'islam de France à utiliser une version revue et corrigée du Coran, expurgée des sourates qui servent de support idéologique au djihadisme ?

Pour plagier un futur candidat à la primaire, prenez garde à ce que la Marianne d'aujourd'hui ne devienne la femme voilée de demain ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)

M. Michel Vergnier. Quelle horreur !

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur. Votre question est très riche, monsieur Aubert. Elle appelle des réponses de principe, mais aussi des rectificatifs car ce que vous avez dit ne correspond pas toujours exactement à la vérité.

S'agissant tout d'abord des principes, je vous rejoins volontiers. La République est une et indivisible. Elle n'est pas un ensemble de communautés. C'est l'appartenance à la communauté nationale qui prévaut sur toutes les autres. L'unité et l'indivisibilité de la République sont des principes inscrits dans la Constitution. (Applaudissements sur tous les bancs)

Nul ne peut évoquer en France, qu'il soit musulman ou d'une autre confession, qu'il se réclame d'une autre philosophie ou politique, une autre loi que celle de la République. Ceux qui sont en charge de la gestion de la République doivent veiller à l'application rigoureuse et stricte de la loi. Il n'y a pas, du moins sur les bancs de cet hémicycle, de différence entre les sensibilités et je ne souhaite pas que l'on laisse accroire qu'il en existe car ce serait une façon de fausser la réalité de nos positions.

Vous évoquez par ailleurs les écoles. Je suis d'accord, mais ce n'est pas à nous, qui cherchons à les contrôler, que vous devez vous adresser, mais à la majorité sénatoriale, qui s'est opposée à la proposition du Gouvernement de contrôler les écoles hors contrat ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste.)

Mme Marie-George Buffet. Hé oui !

M. Bernard Cazeneuve, ministre. Je vous invite à interpeller vos amis politiques du Sénat en leur demandant pourquoi ils se sont opposés à notre volonté de contrôler les écoles hors contrat.

Enfin, vous nous reprochez notre manque d'énergie face à l'islamisme, mais permettez-moi de convoquer les faits ! Je suis en charge de la lutte contre l'islamisme radical au ministère de l'intérieur, avec d'autres ministres qui agissent dans leurs domaines. Quelles instructions ont été données au préfet, et quels résultats obtenons-nous ? J'ai donné instruction que dans chaque département où des imams appellent et provoquent au terrorisme, des procédures soient déclenchées par les préfets eux-mêmes au titre de l'article 40 du code de procédure pénale. C'est ainsi que nous avons fermé vingt mosquées et expulsé quatre-vingts imams radicalisés. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain et sur quelques bancs du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste.)

Données clés

Auteur : M. Julien Aubert

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Ordre public

Ministère interrogé : Intérieur

Ministère répondant : Intérieur

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 13 octobre 2016

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