fonctionnement
Question de :
M. Laurent Furst
Bas-Rhin (6e circonscription) - Les Républicains
Question posée en séance, et publiée le 17 novembre 2016
COÛT DES CABINETS MINISTÉRIELS
M. le président. La parole est à M. Laurent Furst, pour le groupe Les Républicains.
M. Laurent Furst. Monsieur le Premier ministre, parce que je suis député et maire, je prépare actuellement le budget de ma commune. Je dois vous dire qu'après quatre ans consécutifs de baisse des dotations et de multiplication permanente des contraintes – des nouveaux rythmes scolaires hier jusqu'aux cartes d'identité demain –, c'est un véritable « Waterloo budgétaire » que vous imposez aux maires de France. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains.)
L'autre jour, le maire d'un village de ma circonscription m'a dit : « Tous ces efforts, je les accepterais si au moins cela servait à quelque chose, si cela faisait baisser la dette. » C'est alors, monsieur le Premier ministre, que j'ai lu un article de presse puis consulté le projet de loi de finances pour 2017, qui rappelle un certain nombre de choses.
Votre gouvernement, composé de manière très politicienne pour atomiser les Verts, compte trente-huit ministres, un record depuis dix ans. Cela suppose des agents de sécurité, des chauffeurs, ainsi que, pour chacun d'entre eux, un cabinet ministériel, donc des millions d'euros. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe Les Républicains.)
Plusieurs députés du groupe Les Républicains. Eh oui !
M. Marc Francina. C'est vrai !
M. Laurent Furst. Depuis votre arrivée à Matignon, les effectifs des cabinets ont bondi de 22 % et les engagements pris par le Président de la République de les limiter à dix collaborateurs par secrétaire d'État et à quinze personnes par ministre n'ont jamais été aussi peu tenus.
M. Michel Pouzol. Vous ne manquez pas d'air !
M. Laurent Furst. Et puis il y a les salaires : 7 624 euros brut en moyenne, 10 246 euros pour Matignon. Avouez que c'est plutôt confortable !
Un député du groupe Les Républicains. Davantage que pour un député !
M. Laurent Furst. Au total, en deux ans, la hausse des dépenses engendrées par les cabinets aura atteint 12 %.
Monsieur le Premier ministre, vous étranglez budgétairement les communes de France. Et parallèlement, quand il s'agit de l'élite rose, les dépenses flambent et l'argent coule à flots. (Murmures sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.) À l'heure où les maires de France essaient de boucler leurs budgets, souvent avec infiniment de difficultés, n'avez-vous pas le sentiment que votre gouvernement donne un bien mauvais exemple en matière de gestion de l'argent public ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Marc Le Fur. Pourquoi n’y a-t-il que lui qui répond ?
M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le député, je vous réponds d'un mot, car votre assemblée a déjà eu l'occasion d'aborder ces débats. Mon sentiment, sec et bref, est le suivant : j'en ai assez de tous ceux qui, dans la vie politique, mettent constamment en cause les élus locaux, les parlementaires, les membres des gouvernements et des cabinets ministériels. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste ainsi que sur quelques bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
M. Patrice Martin-Lalande. Très bien !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Continuons ainsi, épousons le populisme, mettons en cause en permanence les institutions, le Président de la République, le Gouvernement, le Parlement, les corps intermédiaires, les élus, les syndicats, la vie associative, continuons ainsi et nous serons balayés par le populisme !
Mme Bérengère Poletti. Ça, c'est sûr !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Vous verrez en effet toujours davantage ceux et celles qui, en France comme ailleurs, mettent en cause les piliers, les fondements de la République.
M. Yannick Favennec. C'est vrai !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Je sais, monsieur le député, qu'il faut évidemment changer, réformer, transformer la vie politique comme l'action gouvernementale.
M. Pierre Lequiller. Heureusement qu'il y a Macron !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Je sais que la politique apparaît souvent comme une langue morte, mais je sais aussi que, sans la démocratie représentative, sans le Parlement, sans les élus, sans les bénévoles, sans ce qui fait la sève de notre pays, la France et la République ne seront plus. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste ainsi que sur quelques bancs du groupe Les Républicains, du groupe de l'Union des démocrates et indépendants et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
Et si j'ai, au cours de ma vie, quelque chose à dire aux Français, et donc à vous, mesdames et messieurs les députés, c'est qu'il faut se battre pour cette démocratie, pour cette République, pour ce Parlement et pour ces élus, et jamais, ô grand jamais ! sombrer dans le populisme ou discourir contre les élus, car ils représentent profondément la France. La démocratie, c'est cela. Faites attention aux discours qui peuvent tout balayer demain ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste ainsi que sur quelques bancs du groupe Les Républicains, du groupe de l'Union des démocrates et indépendants et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
Auteur : M. Laurent Furst
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Ministères et secrétariats d'état
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 17 novembre 2016