Question au Gouvernement n° 4447 :
gouvernement

14e Législature

Question de : M. Christian Jacob
Seine-et-Marne (4e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 8 décembre 2016


POLITIQUE GÉNÉRALE

M. le président. La parole est à M. Christian Jacob, pour le groupe Les Républicains.

M. Christian Jacob. Monsieur le Premier ministre, je n'imaginais pas la semaine dernière en demandant au Premier ministre si et quand il allait démissionner que nous allions nous réveiller une semaine plus tard avec, si j'ose dire, deux démissions pour le prix d'une.

Il y a celle de François Hollande, dont on nous dit qu'il a pris la grande et belle décision d'un homme d'État. En vérité, il a acté sa rupture profonde avec les Français et l'échec cuisant de son quinquennat. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et de nombreux bancs du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

Il y a aussi celle d'un Premier ministre qui tente de faire oublier qu'il a gouverné la moitié du quinquennat, qu'il est coresponsable du fiasco total de la gauche (Mêmes mouvements),…

M. Michel Vergnier. Qu'est-ce que ça peut vous faire ?

M. Christian Jacob. …un Premier ministre qui a éliminé méthodiquement tous ceux qui le gênaient, pour n'en citer que quelques-uns, M. Ayrault, M. Montebourg, Mme Taubira, et tout cela bien entendu avant de neutraliser le Président de la République lui-même.

M. Jacques Myard. Eh oui !

M. Christian Jacob. Il laisse la gauche en ruines, son camp en lambeaux et la France dans l'état que l'on sait.

C'est dans ce contexte institutionnel délétère que vous prenez vos fonctions, monsieur le Premier ministre, si j'ai bien compris, en récompense de services rendus.

Les Français savent que vous ne ferez rien ou presque dans les quelques semaines qui nous séparent de l'élection présidentielle.

Plusieurs députés du groupe Les Républicains. Heureusement !

M. Christian Jacob. Ils savent bien que le dernier gouvernement de François Hollande ne fera pas en quatre mois ce qu'il a été incapable de faire en quatre ans.

Mes questions sont donc simples. Quelle est votre légitimité politique pour gérer les affaires courantes ? Avez-vous dans cet hémicycle une majorité ? (« Oui ! » sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)

Allez-vous soumettre au vote de l'Assemblée nationale votre déclaration de politique générale ? Si vous n'avez pas de doute sur la majorité, vous allez le faire. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (Les députés du groupe socialiste, écologiste et républicain et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste se lèvent et applaudissent longuement.)

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Je voudrais tout d'abord vous remercier, monsieur le président Jacob, pour la manière très bienveillante,…

M. Christian Jacob. Toujours !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. …absolument aimable, avec laquelle vous avez eu la gentillesse de me souhaiter la bienvenue. (Rires.) Cela fait vraiment chaud au cœur (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain), surtout lorsque l'on sait à quel bilan vous adossez vous-même votre appréciation pour me condamner avant même que je n'aie commencé à agir.

M. Christian Jacob. Vous n'êtes pas là pour recevoir des amabilités, vous êtes là pour gouverner !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Laissez-moi vous dire, très simplement, quelques mots. Le Président de la République a pris une décision, en conscience, et elle engage.

M. Claude Goasguen. Lamentable !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Je voudrais, devant l'ensemble de la représentation nationale, lui rendre hommage pour la hauteur de vue qui a toujours été la sienne et le sens de l'État qui l'a toujours caractérisé (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste.)

Plusieurs députés du groupe Les Républicains. Debout ! Debout !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Je voudrais aussi rendre hommage au Président de la République pour la parole élevée qui a été la sienne et qui contraste singulièrement avec ce que je viens d'entendre. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)

Je voudrais aussi rendre hommage au Président de la République pour le courage qu'il a eu pendant tout ce quinquennat, qui va se poursuivre dans l'action, pour prendre les décisions dont le pays avait besoin, en rétablissant la compétitivité des entreprises alors qu'elle était en berne et que le chômage ne cessait d'augmenter à l'époque où François Fillon était Premier ministre de la France. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)

A été mis en place le crédit d'impôt compétitivité emploi, qui a permis de restaurer les marges des entreprises…

Mme Marie-Louise Fort. C'est un bilan, pas des perspectives !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. …et qui permet d'avoir depuis le début de l'année près de 73 500 chômeurs de moins alors que le chômage n'avait pas diminué depuis dix ans en France. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)

M. Alain Fauré. C'est bien de le rappeler !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Je veux saluer ce qui a été fait par le Président de la République pour sauver de grands services publics qui n'avaient cessé d'être abîmés au cours des cinq années précédentes.

M. Claude Goasguen. Quelle indignité !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Ce sont 60 000 emplois qui ont été créés dans l'éducation nationale (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain), pour que ce grand service, qui assure l'égalité des chances, qui permet à la méritocratie républicaine de vivre, cesse d'être abîmé alors que vous n'avez cessé de l'affaiblir au cours du quinquennat précédent. (Vives exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Je remercie le Président de la République d'avoir eu le courage et la lucidité de rehausser les effectifs et les moyens des forces de sécurité intérieure (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste)

M. Christian Jacob. Quel enterrement de première classe !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. …alors que vous n'aviez cessé de les abaisser, de les abîmer, alors même qu'à l'occasion des discussions sur le Livre blanc de la défense,…

M. Christian Jacob. Jamais le Président de la République n'a eu un tel enterrement !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. …vous aviez vous-mêmes pointé qu'il existait en 2007 un risque terroriste pour notre pays.

M. le président. Monsieur Jacob, s'il vous plaît ! Vous avez eu la parole.

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Je rends hommage au Président de la République et je rends hommage aussi à l'action de Jean-Marc Ayrault et de Manuel Valls, deux grands Premiers ministres, qui ont engagé les actions dont le pays avait besoin.

Vous me demandez d'où je tire ma légitimité, monsieur le président Jacob, mais je la tirerai bien entendu du Parlement. Le conseil des ministres se réunira samedi.

M. Christian Jacob. Quel événement !

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Il aura à traiter de la question de l'état d'urgence, de ma déclaration de politique générale et du vote qui s'ensuivra et qui permettra, soyez-en sûr, de vous garantir que je dispose dans cet hémicycle d'une large majorité pour poursuivre l'action dont le pays a besoin (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain et du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste) : le renforcement des politiques de l’Union européenne pour protéger les Français, la protection de notre pays contre la menace terroriste, le redressement de nos comptes pour assurer la solidarité.

Les Français doivent savoir que cette majorité qui les protège aura à débattre projet contre projet face à une opposition qui veut détruire la protection sociale et le modèle social français. (Les députés du groupe socialiste, écologiste et républicain et plusieurs députés du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste se lèvent et applaudissent longuement. – Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

Données clés

Auteur : M. Christian Jacob

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : État

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 8 décembre 2016

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