14ème législature

Question N° 4485
de M. Jean-Charles Taugourdeau (Les Républicains - Maine-et-Loire )
Question au gouvernement
Ministère interrogé > Agriculture, agroalimentaire et forêt
Ministère attributaire > Agriculture, agroalimentaire et forêt

Rubrique > agriculture

Tête d'analyse > agriculteurs

Analyse > soutien. mesures.

Question publiée au JO le : 21/12/2016
Réponse publiée au JO le : 21/12/2016 page : 8981

Texte de la question

Texte de la réponse

DIFFICULTÉS DES AGRICULTEURS


M. le président. La parole est à M. Jean-Charles Taugourdeau, pour le groupe Les Républicains.

M. Jean-Charles Taugourdeau. Monsieur le président, ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Monsieur le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, chaque semaine, deux cents exploitations agricoles disparaissent.

M. Dominique Tian. Eh oui !

M. Jean-Charles Taugourdeau. Voici des extraits de la lettre ouverte que vous a adressée Mme Cormier, agricultrice. Ce sont ses mots, extrêmement forts mais empreints de cette vérité qui dérange.

Je la cite : « On dénombre un suicide d'agriculteur tous les deux jours. Ces filles et fils de la terre, de tous âges, se donnent la mort en laissant derrière eux famille et amis. Être agriculteur aujourd'hui, c'est à terme accepter de mourir trois fois : moralement, économiquement et physiquement. Et nous, agricultrices, dans toute cette colère et ce désespoir, nous ne pouvons qu'assister à ce qui s'apparente […] à un véritable génocide. Nous, veuves agricultrices, célibataires agricultrices, conjointes d'exploitation et femmes d'agriculteur, sommes les témoins de ce spectacle. […] Supporter seule le poids du stress et du travail, gérer les créanciers, assister à l'impuissance et à la colère de nos conjoints : quel beau métier ! Mais lorsque vient le moment d'expliquer à nos enfants que nous devons vivre avec le RSA, qu'il n'est plus possible de se passer des Restos du cœur pour pouvoir se nourrir, nous qui par notre métier nourrissons les autres, comment trouver les mots ? Tristesse, misère et découragement sont notre quotidien. Nous ne souhaitons pas devenir les plus riches du cimetière, […] mais uniquement être en capacité de vivre dignement de notre si beau métier. Étant le premier maillon de la chaîne, notre proche disparition sera le début d'une longue agonie. ». Fin de citation.

Monsieur le ministre, pas de ruralité sans agriculteurs. Les entendez-vous dans nos campagnes ? Que leur répondez-vous ? Pas à moi, mais à elles, elles qui aimeraient tellement que vous leur répondiez, monsieur le Premier ministre. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et du groupe de l'Union des démocrates et indépendants.)

M. Jacques Krabal. Très bien !

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement.

M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le député, vous avez fait le choix de lire une lettre pour montrer la gravité de la situation que rencontrent de nombreux agriculteurs. Sachez tout d'abord que depuis que je suis à la tête de ce ministère, c'est-à-dire depuis plus de quatre ans et demi…

M. Yves Censi. Hélas !

M. Stéphane Le Foll, ministre. …j'ai parfaitement pris la mesure de la situation et j'ai apporté des réponses.

Mais, monsieur le député, dans un débat où, si l'on peut faire appel à l'émotion, il est important de faire preuve de compréhension, vous omettez de rappeler que si la question de l'agriculture se pose avec une telle acuité, c'est que les marchés agricoles et alimentaires évoluent, et ce n'est pas le ministre en poste aujourd'hui qui en est responsable. Prenons l'exemple des céréales. (Exclamations sur les bancs du groupe Les Républicains.)

S'il vous plaît, la situation est suffisamment grave ! Vous l'avez exposée avec gravité, alors ayez un peu de respect pour les agricultrices auxquelles vous avez fait référence. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain – Protestations sur plusieurs bancs du groupe Les Républicains.)

Sur ces marchés, monsieur le député, lorsque les prix baissent de 30 %, voire de 40 %, qu'un aléa climatique s'ajoute à la baisse de la production et que des crises sanitaires comme la grippe aviaire ou la fièvre catarrhale ovine se cumulent, l'État se doit, à travers le ministre de l'agriculture, d'être présent. C'est ce qu'il a fait en engageant plus de 1,5 milliard d'euros, à travers deux plans, toujours avec le souci d'apporter des réponses concrètes aux difficultés que rencontrent les agriculteurs.

On peut tous dire « Y'a qu'à…, on trouvera des solutions ». Cette détresse nécessite un travail de longue haleine, monsieur le député. Et lorsque j'ai fait voter la loi d'avenir pour l'agriculture (Protestations sur les bancs du groupe Les Républicains)

M. Christian Jacob. Cela n'a rien changé.

M. Stéphane Le Foll, ministre. …que j'ai fait le choix stratégique de mettre en avant la performance économique et la performance environnementale pour que les agriculteurs puissent dégager plus de revenus, c'est un choix d'avenir que j'ai fait, monsieur le député !

M. Yves Fromion. C'est un échec !

M. Stéphane Le Foll, ministre. Et lorsque nous avons encouragé l'installation en agriculture, c'est également un choix d'avenir que nous avons fait, monsieur le député ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, écologiste et républicain.)